Tout a commencé avec les amours imaginaires, et des feuilles d’automne virevoltant partout. Ce film est le premier de Xavier Dolan que j'ai vu.
Alors certes, je ne n'étais pas vraiment tombée en amour avec le film comme disent les québécois. Mais j'avais gardé en mémoire cette caméra esthétisante, cette musique transperçante et cette facilité déconcertante à filmer l'humain. Ce n'était pas Malick, ni Kore-Eda, c'était les débuts de cinéaste de Xavier Dolan.
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Et puis il y eu Cannes et Mommy. Cette palme d'or loupée, et ce discours magique devant Jane Campion.
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J'ai aimé à la fois cette déception contenue et ce discours d'espoir à une jeunesse un peu perdue.
"Accrochons nous à nos rêves, car nous pouvons changer le monde par nos rêves, nous pouvons faire rire les gens, les faire pleurer. Nous pouvons changer leurs idées, leurs esprits. Et en changeant leurs esprits nous pouvons changer le monde.Ce ne sont pas que les hommes politiques et les scientifiques qui peuvent changer le monde, mais aussi les artistes. Ils le font depuis toujours. Il n'y a pas de limite à notre ambition à part celles que nous nous donnons et celles que les autres nous donnent. En bref, je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n'abandonne jamais."
J'avais noté donc qu'il fallait voir Mommy. J'ai un peu tardé mais je l'ai vu hier.
Mommy raconte l'histoire de Diane et de son fils Steeve, adolescent souffrant d'un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité. Expulsé d'un centre de rétention, Steeve retourne vivre avec sa mère.
Veuve, Diane se bat sur tous les fronts pour essayer d'aider ce fils pas comme les autres. Kyla, une voisine, enseignante en sabbatique, se joindra à ce duo fort et fragile.
Ce film c'est d'abord le portrait d'une mère. Diane, forte en gueule, mais qui ne cesse de croire en ce fils. Parce que l'institution a échoué, et ne sait pas donner de réponses à cet enfant différent, elle essaie, bricole, lutte, pour que Steeve puisse peut être un jour rentrer à Julliard. Elle perd son travail, mais fait les ménages. Elle prend des coups mais se relève. Battante, Diane ne plaint jamais, et ne laisse rien paraître, parce qu’elle n'a pas le choix.
On pourrait détester Steeve, cet adolescent vulgaire et violent, vouloir lui mettre trois claques pour le calmer définitivement mais cela ne changerait rien. Steeve vit une autre réalité. Xavier Dolan réussi un tour de force car on se prend à aimer Steeve. Comme Diane, on ne peut que s'attacher à ce personnage complexe, qui à la fois, et parfois en même temps, fait rire et pleurer.
Kyla, la voisine effacée et discrète, a une vie sans histoire. Un mari aimant et une petite fille adorable. Pourtant, elle, l'enseignante, celle qui transmet le savoir, ne peut plus faire cours. Elle retrouvera le gout de parler, d'échanger grâce à Steeve. Comme les marraines de conte de fées, Kyla est ce personnage bienveillant, ce personnage adjuvant qui construit du lien.
Comme un membre à part entière de cette famille, le spectateur assiste à ses repas heureux et à ses déchirements tragiques.
La fin du film fait écho à celle de "Thelma et Louise" de Ridley Scott. Xavier Dolan laisse le spectateur choisir: aux destins tous tracés, face aux épreuves, les hommes ont toujours le choix.
Dolan, grand cinéaste, résume ici la vie. On quitte parfois les gens qu'on aime, comme on aime éperdument les gens qui nous quitte.
Mommy
Mommy Bande-annonce VF