Khaled Benmohamed, directeur des études au Bureau national des études de développement rural -La cartographie au service de l’économie

Publié le 09 novembre 2014 par Ouadayazid1

 

La cartographie permet de mieux orienter les subventions et les mises en culture pour éviter le gaspillage et la pénurie dans le domaine agricole, mais aussi en matière d’investissement et d’aménagement du territoire. C’est ce qui ressort de l’entretien accordé par le directeur des études au Bureau national des études de développement rural (BNEDER), Khaled Benmohamed, à Horizons en marge du 2e colloque sur l’information géographique organisé par Ubifrance à Alger.

Quelles sont les missions du BNEDER ?


Le BNEDER réalise des études de développement rural et agricole. Nous répondons aux sollicitations des clients à travers des consultations et des soumissions aux appels d’offres ou par des contrats programmes comme celui que nous avons avec le ministère de l’Agriculture pour agir à son compte en réalisant des études, des enquêtes et des expertises dans différents domaines liés au secteur et au monde rural.

Peut-on avoir un bilan sur l’ensemble de vos activités ?


Nous avons des contrats programmes avec une trentaine de marchés d’application. Chaque marché d’application est une étude. Actuellement, un taux de 45% concerne la partie agricole et 65% pour le développement rural avec la Direction générale des forêts.

Quelles sont les cartes réalisées dans le domaine de l’agriculture et que ressort-il de ces dernières sachant qu’il existe 1,2 million d’exploitations et 25.000 concessions agricoles ?


Il existe deux types de cartographies : l’exploratoire qui permet de connaître les grands et les petits agrégats autour du monde de l’agriculture et d’occupation du sol. L’autre, plus précise, est relative à la propriété. Pour ce qui est de la première, nous avons toutes les informations nécessaires pour faire une lecture en termes d’occupation du sol aussi bien agricole, forestière que pastorale. Nous avons réalisé une cartographie pour le compte du ministère de l’Agriculture et pour le Haut Commissariat au développement de la steppe dans le cadre d’une étude d’identification des zones aptes à l’agriculture dans la steppe. Nous avons une cartographie avec imagerie satellitale de toutes les zones de la steppe, soit environ 23 millions d’hectares (ha). Pour le compte de l’Institut national des sols, de l’irrigation et du drainage, nous avons cartographié la carte d’occupation du sol du nord du pays avec 20 millions d’ha au 50 millième (1/50.000). Nous savons pratiquement avec exactitude quel est le potentiel agricole au nord. Le ministère dispose d’une cartographie du nord au 50 millième et au sud au 25 millième (1/25.000). S’agissant de la carte des exploitations agricoles, elle existe au niveau du cadastre qui n’a pas encore finalisé tout le cadastre rural. Donc, il y a beaucoup de parties qui ne sont pas encore couvertes. On gagnerait au ministère à réaliser une cartographie. Il faudrait que cela s’inscrive dans la durée. Ce n’est pas une opération facile car elle nécessite beaucoup de finances, une organisation sans faille et un effectif nombreux sur le terrain. Nous avons 1.541 communes, si nous les répartissons sur les 650 bureaux d’études, cela fera 3 communes de plusieurs hectares par bureau. Pour réaliser un système d’information géographique du monde rural à l’échelle de la parcelle, la durée est de 3 à 4 ans si on commence sur le terrain rapidement.

Vous réalisez aussi des cartes sur l’industrie…


Effectivement, ce travail a été réalisé il y a de cela trois ans pour le compte du ministère de l’Industrie et de la promotion de l’Investissement de l’époque. On voulait avoir une lecture du dessin de l’investissement en Algérie avec un certain nombre de thématiques, notamment la répartition des branches d’activité au niveau national par régions, celle du chiffre d’affaires, celle de la valeur ajoutée et celle des emplois. C’est une prestation qui est finalisée en partie puisqu’elle a donné au ministère la possibilité d’entrevoir une amélioration en termes de références pour passer à un niveau supérieur.

Que gagne-t-on économiquement en ayant ces cartographies ?


Sur le plan économique, on connaîtrait le potentiel, ce qui permet une orientation des soutiens, les mises en culture, pour éviter le gaspillage et les pénuries et les yoyos dans les prix. Parfois les agriculteurs vendent à perte. Par ricochet, nous protégeons leurs revenus par des prévisions. Ce travail permet de mieux cibler les subventions et de mieux connaître les bassins de production. C’est un travail qui est en train d’être fait par la direction des statistiques au ministère. Des réunions sont organisées tous les trois mois à cet effet. Il y a aussi des contrats de performance de développement rural pour les conservateurs des forêts. Tout cela constitue un système d’évaluation. Nous avons besoin de partenaires pour gagner du temps. Nous parcourons 450.000 kilomètres/an avec 5.000 hommes/jour en mission de terrain. Si des techniques nouvelles nous permettraient d’alléger le dispositif de terrain, on gagnerait de l’argent et en efficacité. A titre indicatif, nous avons une quinzaine d’études pour élaborer des plans d’aménagement à lancer rapidement. Le BNEDER est une EPIC de 230 employés, nous avons besoin d’un réseau de sous-traitance pour couvrir l’ensemble du territoire national.

F. M.

Entretien réalisée par Fella Midjek
Publié le 8 novembre 2014