08 - 11
2014
La traque durant 7 ans du "tueur de l'Est parisien", Guy Georges, de 1991 à 1998, son procès, d'après l'histoire vraie de l'inspecteur du 36 Quai des Orfèvres, chargé d'une l'enquête qui l'a miné.
AVANT-PREMIERE
NOTES.
La projection spécial blogs organisée lundi dernier par SND était d'autant plus intéressante que le débat qui a suivi a été le miroir du malaise que l'affaire Guy Georges provoque encore aujourd'hui ; l'équipe du film est restée presque trois quart d'heure après la projection, dont le réalisateur et un des acteurs principaux Raphaël Personnaz, on avait l'impression qu'au delà de la promo du film de répondre aux questions, etc... ils avaient besoin de se rassurer, de partager la force émotionnelle de leur film avec ceux qui venaient de le découvrir. Ils ont tous dit qu'ils avaient eu un tournage difficile à cause du sujet, le réalisateur avait l'air encore angoissé par l'affaire (il n'a pas cherché à rencontrer Guy Georges en prison, par exemple), quant aux bloggers invités, excepté ceux que la forme du film, très sobre, semble avoir désarçonné (lecture des commentaires ensuite sur Twitter), le film dégage un tel accent de vérité que la plupart d'entre eux étaient flippés comme si ce qu'on venait de voir à l'écran, c'était hier... Certaines blogueuses ont dit en plaisantant qu'elles étaient angoissées de rentrer seules chez elles après le film...
"L'Affaire SK1" est un film dans la tradition des grands polars noirs français, enfin! Références affichées, "Mélodie en sous-sol" de Verneuil, le magnifique "Police Python 357" de Corneau (dont on voit les affiches dans le film), mais aussi Melville (un peu, l'élégance des flics du "36"), Costa-Gavras (le film frontal). Mais on pense aussi à "Zodiac" de Fincher, primo, pour la sobriété dans la mise en scène, sauf qu'ici, il y a quelques moments dosés d'accélération (on augmente la vitesse, on monte le son), on n'atteint pas encore le stade de l'épure de "Zodiac", secundo pour (surtout) le thème de l'enquêteur miné, démoli, par son enquête, des policiers qui n'en sortiront pas indemnes. 7 ans de traque, d'enquêtes avec deux équipes qui se marchent parfois sur les pieds. De grands acteurs en vrais seconds rôles vraiment incarnés (retour à l'âge d'or du polar français), Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz, Nathalie Baye. Les années 90 ne sont pas faciles à retranscrire, ressemblant un peu à aujourd'hui, soustraction faite des téléphones portables et des ordis, des alarmes automatiques sur tout, addition faite de la cigarette, on peut encore fumer partout ; les Nineties représentent davantage la fin d'une époque, à tous points de vue, qu'une époque datée en soi, et le réalisateur a fait sobre pour décrire ces années transparentes sans grande spécificité.
Personnellement, j'ai adoré "L'Affaire SK1" et n'en suis pas sortie indemne non plus, ce qui prouve la force du film où tout est plausible. C'est terrible quand tout est plausible, ça peut arriver, c'est arrivé, ça peut recommencer. Intelligent aussi ce crescendo : d'abord, on montre les photos des premières victimes, ensuite, on en montre un peu plus, des scènes de crime tronquées, puis, encore davantage, les scènes de crimes en totalité, sans complaisance mais quand on sait, d'une part, à quel point la peur est souvent provoquée par le hors champ (cf. Hitchcock, l'imaginaire sans limites de ce qu'on ne voit pas, qu'on n'ose nommer ni imager...), d'autre part, que montrer cliniquement le résultat final des sévices, sans plus de détails, appelle l'imagination de comment la victime en est arrivée là, dans cet état, dans les deux cas, l'angoisse est au maximum...
TWITTER.
@Cine_maniac · Nov 3
"Impressionnant #laffairesk1 : c du lourd! @SNDfilms "
photos SND
ET AUSSI...
L'affaire Guy Georges, dit le "tueur de l'Est parisien", présente plusieurs particularités, le serial killer attaquait des jeunes femmes qui rentraient chez elles, seules, voier par effraction dans leur appartement mais il pouvait se passer deux ou trois ans entre deux meurtres. 1991, l'inspecteur Charlie Magne (Raphaël Personnaz) est traumatisé par le premier meurtre, il s'épuise à chercher un lien avec un meurtre antérieur dans la région de Dijon dans les années 1989. 1992, seconde victime, le mode opératoire semble le même, homicide par étranglement ou égorgement, victimes ayant été torturées. On se perd dans des chemins de traverse, la seconde victime aurait été escort-girl, par exemple. Mais le pire sera qu'il y aura une seule rescapée de Guy George, ayant réussi à s'échapper, et que, trop troublée, elle ne le renconnaîtra pas au commissariat, on est en 1995, la police va alors perdre trois ans où GG continuera à tuer... GG finira par être arrêté seulement en 1998, il nie ses aveux préalables prétextant que la police les lui a extorqué. Lors du procès (le film procède à des aller et retour avec le procès), peu de charges contre lui. L'avocat de la défense de Guy Georges demande à une avocate (Nathalie Baye) de l'assister, quand elle comprend enfin qu'il est sûrement coupable, elle fait une chose totalement contraire à la déontologie de sa profession, elle le pousse à avouer ses meurtres, joue le rôle de la partie adverse, drôle de procès... Elle dit traquer "l'homme derrière le monstre" et sa démarche va la faire basculer avec lui.
Parce que GG est un pauvre type, abandonné par sa mère et ses grand-parents, il échoue dans une famille d'accueil (sa mère adoptive témoignera au procès, une scène très émouvante, c'est sans doute la seule personne au monde qui l'a aimé, il le sait), puis, à causes d'exactions (agressions sexuelle sur ses soeurs adoptives), il est placé dans un centre d'accueil. Dans les années 80, il écope de dix ans de prison pour plusieurs agressions et viols sur des femmes. Incarcéré à Caen, il joue le détenu modèle. En 1991, il commet son premier meurtre lors d'une fugue, retourne en prison (malin, il se constitue prisonnier) et en ressort en 1992, peu après, il commet alors son second meurtre. En 1998, il avoue 7 meurtres et 4 agressions. L'acteur qui interprète Guy Georges, un rôle à haut risque, arrive à injecter un peu d'humanité au monstre, la scène ses aveux au procès est poignante (Adama Niane réussit un tour de force en incarnant l'homme sous le tueur), toute la démonstration de la "banalité du mal" se construisant à partir d'une enfance traumatique qui a, peu à peu, fabriqué un monstre s'acharnant à faire souffrir à mort des jeunes femmes qui le rejettent.
Le film prend le parti de l'angle des souvenirs du vrai inspecteur nommé Charlie Magne dans le film qui a aidé l'équipe du film, notamment les acteurs comme Raphaël Personnaz. Affecté depuis à un service de police sans enquêtes, il était dans la salle lors de cette projections blogs mais ne s'est pas manifesté.
DP.
extrait du dossier de presse.L'affaire SK1
Date de sortie France : 07 janvier 20
Synopsis : Paris, 1991. L’histoire vraie de Franck Magne, un jeune inspecteur qui fait ses premiers pas à la Police Judiciaire, 36 quai des Orfèvres, Brigade Criminelle. Son premier dossier porte sur l’assassinat d’une jeune fille. Son enquête l’amène à étudier des dossiers similaires qu’il est le seul à connecter ensemble. Il est vite confronté à la réalité du travail d’enquêteur : le manque de moyens, la bureaucratie… Pendant 8 ans, obsédé par cette enquête, il traquera ce tueur en série auquel personne ne croit. Au fil d’une décennie, les victimes se multiplient. Les pistes se brouillent. Les meurtres sauvages se rapprochent. Franck Magne traque le monstre qui se dessine, pour le stopper. Le policier de la Brigade Criminelle devient l’architecte de l’enquête la plus complexe et la plus vaste qu’ait jamais connu la police judiciaire française. Il va croiser la route de Frédérique Pons, une avocate passionnée, décidée à comprendre le destin de l’homme qui se cache derrière cet assassin sans pitié. Une plongée au coeur de 10 ans d’enquête, au milieu de policiers opiniâtres, de juges déterminés, de policiers scientifiques consciencieux, d’avocats ardents qui, tous, resteront marqués par cette affaire devenue retentissante : « l’affaire Guy Georges, le tueur de l’est parisien »
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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma français, L'Affaire SK1, Frédéric Tellier