C’est un moment important pour l’AC Milan, qui a la possibilité de s’approcher du podium et se relancer mais aussi de sombrer. Après avoir passé une semaine catastrophique avec seulement 2 points sur 9 entre Fiorentina, Cagliari et Palermo, les Rossoneri sont attendus sur la pelouse d’une Sampdoria redoutable, actuellement 3° avec 19 points dont 16 obtenus à domicile (5 victoires et 1 match nul contre la Roma). C’est tout sauf une partie de plaisir qui attend l’équipe d’Inzaghi privée d’Alex, Abate et Muntari en plus de Montolivo mais appelée à réagir avant la trêve internationale de novembre.
Lors de la défaite cuisante à San Siro contre Palerme, l’AC Milan a semblé en difficulté sur tous les plans : tactique, physique et mental. Ce cocktail a donné lieu à une prestation vraiment imbuvable et les Rossoneri sont sortis du terrain la tête basse, copieusement sifflés par leurs tifosi. L’équipe d’Inzaghi a perdu le peu d’identité qu’elle avait et la rage de vaincre qui a caractérisé le début de saison.
Dès son arrivée, Inzaghi a imaginé son Milan bien organisé, humble, compact et prêt à placer des attaques rapides sur les flancs (d’où sa volonté d’avoir d’abord Iturbe, puis Cerci, Biabiany…). Les Rossoneri venaient d’une 8° place et l’objectif était seulement de se reconstruire match après match pour atteindre une place européenne. C’est sur cette base que Milan a bien démarré la saison. Ensuite, la presse et Galliani ont augmenté la pression en parlant de podium.
Après la défaite et prestation très (trop) défensive contre la Juve, Berlusconi a mis son grain de sel en conseillant vivement (imposant) un attaquant de pointe, un jeu plus offensif basé sur une possession de balle, tout en catéchisant les joueurs sur la grandeur de Milan. Influencé par la peur de décevoir son président, Inzaghi a mis de côté son projet et a modifié le style de jeu. Les joueurs eux, ont perdu la rage de vaincre, les quelques mécanismes et l’humilité inculqués par Mister Pippo tout en sentant une pression supplémentaire. De plus, certains d’entre eux sont moins brillants (Menez, Honda, Abate) alors que d’autres qui devraient faire la différence peinent à retrouver leur niveau (El Shaarawy ne marque plus depuis presque 2 ans, Torres est fantômatique).
C’est ainsi que l’AC Milan s’est égaré peu à peu, a perdu son attitude humble pour laisser place à une équipe désorganisée et sans identité qui a régressé sur le plan du jeu et des résultats jusqu’à s’incliner lamentablement à San Siro face à Palerme. Une prestation et une défaite qui ont inévitablement minés les certitudes et remis en question les ambitions. Maintenant les Rossoneri sont appelés à réagir et démontrer être capables d’inverser une tendance, car ce Milan ressemble dangereusement à celui de la saison passée et doit immédiatement changer de registre pour éviter une autre saison incolore. Une autre saison sans Europe pourrait avoir des conséquences dramatiques.
A Milanello, l’air est serein et confiant, à l’image d’Inzaghi et Berlusconi. Et pourtant les problèmes sont nombreux : la défense prend l’eau de toute part et est victime d’erreurs individuelles aussi graves que répétées. Le milieu de terrain n’arrive pas à faire circuler le ballon s’il est composé d’un trio de récupérateurs mais devient extrêmement fragile et ne filtre plus dès qu’Inzaghi s’aventure à insérer un joueur de qualité, que ce soit Bonaventura ou Saponara. Et l’attaque, qui était la force de Milan en tout début de saison a peu à peu régressé jusqu’à devenir totalement stérile.
C’est à Inzaghi de motiver ses troupes, travailler l’aspect mental et tactique en insistant sur ses idées et concepts plutôt que de vouloir faire plaisir au président avec la conviction que les choix ne sont pas bons. En résumé, Inzaghi doit en faire à sa tête, imposer ses choix, insister avec une formation et un schéma tactique et tout de suite pour éviter de voir le podium s’éloigner irrémédiablement. Mister Pippo semble l’avoir compris comme le prouve la volonté d’aligner Menez en pointe, sans satisfaire les requêtes présidentielles. Inzaghi doit remettre de l’ordre, doit avoir les idées claires et précises car en continuant à tanguer, il y a le risque de couler. Milan a un besoin urgent de résultats pour alimenter le classement. S’imposer au stade Ferraris face à une des équipes les plus en forme du moment serait une excellente opération.
Malheureusement Inzaghi doit renoncer à quelques joueurs importants, notamment en défense où il manquera le leader Alex et la flèche Abate. Devant Diego Lopez, on retrouvera Rami accompagné de… Mexès! Le défenseur français fera ses débuts cette saison car Alex est blessé, Zapata n’est pas au mieux et Bonera est appelé à dépanner, probablement sur le flanc gauche avec De Sciglio à droite. Soit une défense totalement remaniée. Le milieu sera fortement modifié également avec l’intouchable De Jong probablement accompagné de Bonaventura et Essien, avec Poli et Van Ginkel sur le banc. En attaque, place au trio si prolifique lors des premières journées : Honda – Menez – El Shaarawy. Pas de Torres ni de Pazzini, Inzaghi a choisi la solution du faux neuf.
Après une semaine difficile et une semaine pour récupérer, l’AC Milan veut inverser la tendance sur le terrain difficile de la Sampdoria à travers une bonne prestation et un résultat positif. Le plus important serait de revoir le Milan humble, courageux, enthousiaste et insouciant qui avait agréablement surpris en début de saison. Le temps presse, une réaction est attendue. Le Milan rempli de doutes aura-t-il la force de déstabiliser une Sampdoria brillante?