Recueil de quatorze nouvelles, La vengeance du wombat, nous entraine dans les pas de l’écrivain, héros de ses propres aventures complètement farfelues se déroulant au cœur de l’Australie. Nous y croiserons des animaux dangereux ou mal lunés, wombat, kangourous, buffles, crocodiles ou requins et quelques représentant de la population locale, riche en hurluberlus gentiment escrocs ou inconscients.
Les nouvelles sont presque toujours construites sur le même modèle : une phrase d’amorce sentencieuse et drôle « N’essayez jamais d’aider un kangourou. Cette créature ingrate est susceptible de récompenser votre gentillesse par une violence inattendue », puis le narrateur fait connaissance dans un bar ou un pub, d’un excentrique qui va l’embarquer à l’insu de son plein gré dans une catastrophe annoncée « J’étais incapable de prévoir ce qui allait se passer, mais j’étais certain que quelque chose allait foirer, comme d’habitude. » Cet effet de répétition ne manque pas d’humour, un ingrédient dont le recueil déborde à chaque ligne.
En général, les romans ou récits d’aventures dans le bush sont conduites par des mecs qui en ont, si vous voyez ce que je veux dire. Ici, humour toujours, c’est tout l’inverse et le narrateur nous le rappelle sans arrêt, en précisant qu’il est bedonnant (euphémisme), pas très courageux, et « qu’il prend soin de ne pas abuser de ses ressources physiques limitées. » Il y a dans l’humour pince sans rire de Kenneth Cook, un je ne sais quoi de P.G. Wodehouse qui séduit le lecteur. Les textes sont tous extrêmement courts mais l’auteur y glisse néanmoins une ou deux réflexions sur la société locale comme l’abus d’alcool ou la vie des Aborigènes.
Si ces nouvelles se déroulent aux antipodes, elles ne vont pas loin non plus, littérairement parlant, mais ça se lit très vite et l’on ne s’arrête de sourire qu’en refermant le bouquin. Ce qui n’est pas rien.
« Il suggérait une sorte de bras de fer, où l’un des deux hommes devait plaquer l’avant-bras de l’autre sur le comptoir. – Très bien, aboya Rick. Dans le Nord, on ne refuse jamais un défi d’ordre physique, car tout le monde se croit invincible. Les deux hommes exerçaient une force considérable contre l’avant-bras de leur adversaire. Inexplicablement, plus Rick forçait avec son bras droit, plus il me serrait de sa main gauche. Comme le sang avait depuis longtemps cessé d’irriguer mon bras, je ne ressentais aucune douleur, une simple sensation d’engourdissement. J’aurais sans doute redouté que mon bras se détache de mon corps si je n’avais pas été beaucoup plus préoccupé par un moyen de fuir le bar avant que la grenade n’explose, ce qui ne faisait pas l’ombre d’un doute dans mon esprit. – Rick, dis-je plaintivement. Tu serais sans doute plus à l’aise si tu me lâchais. »
Traduit de l’anglais (Australie) par Mireille Vignol