LIVE REPORT | Pitchfork Music Festival Day 3
Lexoo
« The last but not the least »
Samedi dernier, c’était le tant attendu closing du Pitchfork Festival avec sa programmation audacieuse, sa foule internationale et trépidante d’impatience à l’idée de voir tout ce beau monde s’enchaînait tour à tour sur les deux stages de la grande Hall de la Vilette. Cette soirée était déjà SOLD OUT 1 mois avant l’ouverture des portes du Festival. Décryptage d’un événement qui nous a brûlé fort aux cœurs, aux yeux et aux oreilles.
A peine remis de la veille, il était temps de repartir prendre une bonne grosse claque de sensations et de kiffe musicale.
Puisque finalement le Pitchfork pour nous, ça aura été 3 jours de diversité musicale durant lesquels 25 000 personnes d’Europe et du monde se sont réunis sous l’emblématique halle de la Vilette pour vivre cette overdose de jouissance musicale. Le 3ème jour en aura d’ailleurs été le parfait exemple. Rien qu’à en voir la programmation, ce n’était pas moins de 13 noms qui nous attendaient sur la scène et pas les moindres : Charlotte OC, Movement, Tune-Yards, Jungle, Caribou, Four Tet, Jamie XX et Kaytranada.
14H : La halle de la Villette nous a ouvert ses portes pour en savoir un peu plus sur les dessous de cette organisation monstrueuse. Pendant 1h30 Anne Lise et Julie, s’occupant de la communication du Festival vont nous faire découvrir à nous et nos amis bloggeurs les backstages, l’organisation rodée des deux scènes, l’histoire du festival et ses petites anecdotes croustillantes… Bref, on sait désormais pourquoi tout est réglé comme du papier à musique ! La boîte de production Super ! est comme son nom l’indique une boîte de production qui sait y faire en la matière. Forte déjà de 3 éditions, la 4ème ne pouvait en être que tout aussi bien !
On y apprendra qu’il y a peine 4 ans, le Pitchfork comptait 4 500 participants, 5 fois moins qu’aujourd’hui, que 200 bénévoles le font vivre, qu’il faut 3 jours de montage et 2 jours de démontage, qu’il y a eu 1 demande en mariage pendant le festival et que 40% des festivaliers viennent de l’Europe entière majoritairement pour partager leur passion pour la musique le temps d’un week end.
Balances de Jungle : Check, balances de Charlotte OC : Check, Interview de Movement faite, il était l’heure de boire une bonne petite bière juste avant de repartir dans la partie de ping pong entre la Green Stage et la Pink Stage.
16H30 : La canadienne Jessy Lanza nous attendait sur la scène face à son synthé pour nous envoyer les sons électrisants de son dernier album « Pull My Hair Back » qui a d’ailleurs reçu de très bonnes critiques du Guardian et a atteint le 4ème rang du Top 20 de RA en 2013. Nous avons eu le droit à une entrée en matière plutôt posée, down tempo mais néanmoins de qualité.
Charlotte OC prendra le relais sur l’autre scène avec sa voix et sa beauté froide si envoûtante. Sa prestance et son énergie nous ont littéralement transporté pendant un moment dans son univers pop/soul/folk à tendance dark. Au chant ou à la guitare, Charlotte nous surplombe de sa beauté et nous dépasse de son talent.
Pour la petite anecdote, Charlotte aurait signé chez Columbia à l’âge de 16 ans mais suite à quelque problème avec la maison, ces derniers n’avaient pas jugé préférable de la garder. Il semblerait que la petite Charlotte n’ait pas eu besoin d’eux pour réussir! Dans la vie, c’est plutôt elle qui fait les règles !
S’en est suivi, le jeune Tobias Jesso Jr, solo face à son piano, qui nous a avoué faire son premier concert ce soir là. Moment d’émotion intense avec la foule à laquelle l’artiste se livre totalement et partage dans cette immense hall ses compositions intemporelles et remplies d’émotions.
19h15 : Movement s’empare de la scène. Ce trio australien, signé depuis peu sur le célèbre label Modular que nous avons pu interviewer (coming soon) a encore une fois signé une très belle performance ce soir là. Lewis Wade au chant nous a bluffé avec sa voix de semi diva remplie de sensualité et d’émotions dans son corps de gros nounours. Sean Walker aux percussions est un gars plutôt fifrelin mais avec une énergie de ouf quand il s’agit de marquer le tempo et de battre la cadence aux percus ! Pour finir, Jesse James warde à la bass et au chant a fait fondre tout le monde avec son talent et son charme fou. Un groupe à la croisée de plusieurs genres qui est voué à un très grand succès. La recette de leur réussite repose certainement sur la diversité du groupe et leur philosophie : faire de la musique comme ils l’aiment et la ressentent avant tout, le reste viendra plus tard.
Petit Break, petit Mac Dal et déjà 21h00, il est temps de découvrir Tune-Yards groupe alors inconnu de nos services et complètement porté par sa chanteuse emblématique et créatrice du projet : Merrill Garbus. Autant à l’aise au chant, à la batterie qu’au Ukulélé, Merill impose son show et nous prend par la main dans son univers métissé aux inspirations diverses et variées. Accompagnée de Nate Brenner à la basse électrique et rejoints par Matt Nelson et Kasey Knudsen pendant la tournée de w h o k i l l, le groupe nous a prouvé que les mélanges ont du bon.
Leur titre « Buziness » en est le parfait exemple : un savant mélange entre beat afro, vocal à la voca people haché avec un fond de soul music et une voix si rock qui a du chien ! On est FAN !
José Gonzalez, bien connu du Pitchfork prit le relais sur un registre plus tranquille et posé. Considéré aujourd’hui comme l’une des références « néo-indie-folk », José nous a invité à une balade dans son playground avec un style musical caractérisé par des mélodies calmes et apaisantes.
Pas forcément notre cam et surtout très très pressé à l’idée de voir qui se cachait derrière JUNGLE qui brouillaient les pistes de leur identité dès la sortie de leur première clip : the Heat.
A leur arrivé sur la scène, on s’attendait à voir nos deux danseurs noirs du premier clip, raccords avec la moiteur de la soul et la nonchalance du midtempo qui définit leur style mais en fait non. Même si pendant tout le concert, ils essayaient plus ou moins de se cacher derrière de gros filtres acoustiques – dit « anti pop », J&T comme il le signe dans leur clip sont plutôt deux beaux blancs avec pour vrais noms :Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland.
Dans leur interview donnée au Monde, Josh révéle en rigolant « On aurait bien mis des masques mais l’idée a été prise par Daft Punk. » « L’idée était de créer un ensemble, une musique et des histoires plus importants que nos personnalités », assure l’autre, Tom. Ils ne veulent dont pas être connus pour leur apparence, le succès de leur musique leur suffit. Pour info, ils viennent de retirer la retranscription de leur concert au Pitchfork qui était disponible sur Culturebox. Le mystère restera donc presque en entier !
Moment d’excitation intense qui s’empara de la foule à leur arrivée sur la scène ! Les festivaliers n’attendaient alors plus qu’une chose que le groupe « Bring the Heat ».
Tout le monde scandait en coeur les refrains des titres déjà cultes du groupe : Platon, the Heat, Drops, Time, Busy Earnin. Certainement un des meilleurs concert de la soirée jusqu’alors et pourtant le meilleur restait à venir. Nous n’étions qu’à mi-chemin de cette montée ascensionnelle… Un peu comme si nous vivions pendant un instant, le temps de cette nuit, une histoire sans fin où le bon son résonnait tel un écho à l’infini.
Il est 00h quand la soirée a basculé du côté obscure de la force. On a alors été transporté dans l’univers envoutant de Caribou. Une montée complètement déjantée où Dan Snaith (alias Caribou) et ses trois musiciens se donnèrent vraiment pendant 15 minutes ! C’est bon le live quand les artistes sont bons et Caribou, croyez nous c’est du lourd !
On a ainsi pu apprécier certains titres de leurs deux derniers album notamment « Second Chance » et « Mars ». Un concert oscillant entre minimale quasi techno, deep et pop/rock. Enorme moment de joie quand à retenti « Odessa » qui est certainement le son qui a réellement marqué le début de leur carrière. Souvenez vous !
Autant à l’aise à la flûte, au chant, aux percus et au synthé… Caribou est un artiste avec un grand A !
Le concert termina en beauté avec un lâché de ballon sur le titre « Can do without you » et un passage dans la 3ème dimension avec le titre « Sun ».
A l’arrivée de Four Tet, la foule était à point et prête à passer à quelque chose d’autrement plus sérieux! Et comme pressenti, elle n’aura pas été déçue. Le set offert par Four Tet fut très progressif, bien construit avec des sonorités funky mais aussi et à l’opposé bien acid. Nous avons été hypnotisé du début à la fin par les jeux de lumières qui accompagnaient tour à tour les titres et différents samples du Monsieur.
Les grandes phases house années 90 avec des grandes nappes de synthé comme on les aime et les phases plus hip hop, acid, électro ont permis à cet événement de monter encore d’un cran avant l’arrivée du tant attendu Jamie XX, le magnifique.
Crédit photo : Michela Cuccagna
Une performance qui aurait dû être filmée à notre sens. Jamie a littéralement mit le feu à la Halle en chauffant ses platines avec de la bass profonde et plutôt techno au début… Un petit river Spin et il nous emporta dans une bonne phase de Jungle, drum’n bass/acide et en profita pour passer le titre Jupiter de Four Tet remixé par Happa. Un bel hommage qu’il octroiera également à Caribou en nous remettant pour notre plus grand bonheur « Can do without you ». Ce mec a la classe un point c’est tout ! Il n’oublia pas non plus de poser les galettes de ses meilleures tubes : Girl, Far Nearer et son dernier titre Sleep Sound.
On a aussi eu droit à une splendide phase funky avec le titre « Ring my Bell » d’Anita Ward, suivi d’un petit Tiger Woods et également son célèbre remix de « I’ll Take Care Of U » de Gil Scott Heron.
Le set était parfait, d’une grande finesse dans les transitions. Jamie XX aura donné une vrai leçon de mix à tous les djs et aura encore une fois prouvé l’étendu de son talent et de ses inspirations qui font de lui aujourd’hui un artiste complet.
On ne pourra malheureusement pas en dire autant de Kaytranada à notre plus grand regret. Il semblerait que le Mr soit meilleure producteur que DJ. On soutient Kaytranada corps et âme mais il faut bien se l’avouer, Kay n’est pas un homme du mix. Comme à son habitude, Kaytranada parsème son set de ses propres prods « Leave me alone », »At all », de bon gros sons hip hop et des remixs qui ont fait son succès « Be Your Girl » de Teedra Moses, « Holdin On » de Flume ou encore If.
La fin du set valait tout de même le coup d’être resté. L’enchaînement de son remix de « If » de Janet Jackson suivi de la sublime et intemporel track des Earth Wind & Fire « Brazilian rhyme » a fini de nous réconcilier avec Kay pour la soirée.
Un Festival qui restera gravé dans nos mémoires à jamais. On se languit déjà l’année prochaine de remettre ça ! Bravo au Pitchfork, à Super! qui porte encore une fois très bien son nom et merci à la Green Room pour son invitation.