© Agathe Torres
Aux Primeurs de Massy, on sait comment vous mettre à l’aise. A peine arrivé, dans une ambiance bon enfant et chaleureuse, vous voilà choyé : dans une petite salle aux décors fluo où les magazines de rock s’entassent, c’est crêpes et bières party. Que demande le peuple, si ce n’est de quoi se restaurer et se désaltérer avant un bon concert ? L’ambiance est juste parfaite, et ça vous met direct un sourire jusqu’aux oreilles, qui va vous coller aux zygomatiques jusqu’à la fin de la soirée. Je vous avais dit, on a compris comment vous faire rester.
Thomas Azier – © Agathe Torres
Ensuite, ça continue parce que l’organisation est très bien faite. Les deux scènes du petit espace permettent d’éviter les interminables latences entre deux groupes et autres valses d’instruments, de fils, de techniciens pressés et d’intermittents angoissés. Chaque scène se relaie à tour de rôle pour accueillir la suite, et le tout se goupille parfaitement. Le temps de remplir son verre, de commenter le concert, et de s’émoustiller pour le suivant, et hop, c’est prêt, et on entend les premières basses du groupe suivant.
Touche Halloween – © Agathe Torres
Parmi le panel de talents, on retiendra particulièrement pour cette soirée le show enflammé de Thomas Azier. Aspect vampiresque (on le croit sorti du dernier Jarmusch) avec look en long manteau noir et cuir moulant, l’effet cheveux très travaillé, le noir Thomas brille du fond de la salle de sa boucle d’oreille et de sa bague, seuls reflets de l’ombre chinoise que sa silhouette svelte dessine, flanquée devant le projo qui diffuse sa lumière crue en contre-plongée : magnifique mise en scène, on se croirait à l’Olympia, et pourtant c’est fait de rien. Le nouveau chouchou de la planète électro, qui fait dans l’international, donne tout ce qu’il a, et on vibre, on chante, on danse avec frénésie, on suit les mouvements saccadés qui l’agitent, le corps qui se casse en baguettes, et se remet avec vigueur, se contorsionne, transcendé par la musique.
Azier, capitaine brisant la glace – © Agathe Torres
On regarde le compteur monter à 100 décibels, et juste, on se laisse transporter : Azier, sa voix puissante et son look à la Sting, sa coupe à la Bowie, son énergie, sa foi, c’est presque trop, mais c’est efficace, et finalement, on est ironiquement ravis. A noter également le joli travail du musicien qui l’accompagne, qui s’escrime avec ardeur sur ces étranges instruments de musique que sont les tablettes numériques, qui elles aussi scintillent de leur bleu néon électrique dans l’obscurité, ou bien sur les batteries modernes sans caisse de résonance, frappée pourtant avec toujours autant de conviction.
Autre découverte enivrante avec Playing Carver, ensemble hétéroclite qui joue aux chaises musicales pendant le concert. Parfois, on a l’impression que deux groupes différents ont été collés ensemble, mais pourtant c’est une atmosphère envoutante qui se dégage de l’individualité de chacun, et de l’harmonie de tous. Le groupe sait charmer nos sens en créant élégamment de réelles ambiances : on passe du western au show clown funèbre : c’est le melting-pot américain, mais version symbiose. Mention spéciale à la voix rocailleuse et juste de Gaspard De la Nuit, qui a l’écho rassurant du père et l’entrain du frisson de l’amant.
Multitude chez Playing Carver – © Agathe Torres
Enfin, clin d’oeil à Kid Francescoli, dont on vous a déjà parlé sur JBMT – ici, pour une jolie prestance, agréable et joviale du marseillais, accompagné de la douce et candide Julia, qui nous apaise et nous invite avec sa danse à la fois innocente et langoureuse.
Julia et Kid en primeurs musicaux – © Agathe Torres
En bref, un bon plan pour les soirées d’automne naissant, ou mourant. Merci Massy !
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