On ne parle plus d’avion de combat, mais de systčme de combat aérien, et quand il s’agit de l’avenir et plus précisément des successeurs des Rafale et Eurofighter, on imagine déjŕ qu’ils ne feront qu’un et que celui-ci sera piloté ŕ partir du sol. Ce sera donc de toute évidence un drone de combat. Une nouvelle étape dans ce sens a été engagée le 5 novembre par la signature formelle d’une entente annoncée dčs le mois de janvier lors du sommet franco-britannique de Brize Norton et qui fut l’objet d’un accord de financement annoncé lors du salon aéronautique de Farnborough en juillet dernier. Et pour bien marquer que cet accord est paritaire, c’est ŕ Saint-Cloud, le sičge de Dassault Aviation que le lancement industriel du projet franco-britannique a été paraphé en remettant aux industriels concernés les contrats d’études de la phase de faisabilité du Systčme de combat aérien futur ou autrement dit le SCAF ou FCAS pour son acronyme anglo-saxon.
Une phase de faisabilité de 150 millions d’euros (120 MŁ) financée ŕ parité par les deux états auxquels viendront s’ajouter, sur la męme période de deux ans, 50 M€ d’études nationales réalisées par chacun des pays, soit un total de 250 M€. Certains déjŕ arguent que c’est peu par rapport ŕ ce qu’ont engagé les Etats-Unis (la somme de 2 milliards de dollars engagée pour développer des drones de combat est souvent avancée). Pour autant les partenaires franco-britanniques ne partent pas d’une feuille blanche. Car, Bernard Gray, le directeur du matériel de défense au ministčre britannique de la Défense (MoD), Ť le programme va développer et comparer deux concepts nationaux et cette analyse permettra de définir un systčme commun qui pourrait conduire ŕ un probable UCAS (unmanned combat air system) du futur ť. Sans jamais les citer, Bernard Gray pense bien évidemment aux deux démonstrateurs que sont le nEUROn, le drone de Dassault Aviation (sur les bases d’une coopération européenne) qui a fait son premier vol en décembre 2012 et du Taranis britannique dont le premier vol remonte ŕ avril 2013. Deux démonstrateurs qui ont cristallisé ŕ eux deux plus de 600 M€.
Durant cette premičre phase de travaux, les partenaires devront non seulement travailler sur la technologie, mais aussi cerner les besoins respectifs des deux pays pour définir le cahier des charges et ce, sans négliger le fait que le programme franco-britannique pourrait ętre ouvert ŕ d’autres nations qui seraient susceptibles non seulement de participer au financement, mais aussi d’imposer leurs exigences en terme de définition de mission. Ce qui n’est pas le moindre des problčmes comme l’ont déjŕ démontré d’autres programmes ce qui conduit, via cette personnalisation, ŕ un surcoűt des programmes. On pense bien sűr lŕ ŕ l’avion de transport militaire A400M, ŕ l’hélicoptčre de combat Tigre ainsi qu’au NH90.
Toujours est-il que durant la phase de faisabilité, les six partenaires vont s’attacher ŕ peaufiner la technologie non seulement en terme de furtivité, d’avionique, de capteurs (ŕ savoir les radars) et de motorisation afin de le rendre plus autonome et plus silencieux. Outre deux avionneurs, le français Dassault Aviation et le britannique BAE Systems, quatre autres industriels sont intégrés au programme. Il s’agit pour la motorisation du français Snecma (Safran) et du britannique Rolls-Royce et pour les capteurs du Français Thales et de Selex ES implanté en Grande-Bretagne męme s’il est filial de l’Italien Finmeccanica.
Il semble évident pour les six intervenants du programme que dans un contexte oů les budgets militaires en Europe se réduisant drastiquement, la nécessité de coopérer afin de partager les coűts pour conserver une place de choix sur la scčne internationale est un impératif. Et ŕ Pierre-Eric Pommellet, directeur général adjoint, systčmes de mission de défense de Thales, d’affirmer que Ť le soutien de la France et de la Grande-Bretagne est essentiel pour l’avenir des drones et des avions de combat en Europe. Avec ce contrat, Thales et Finmeccanica-Selex ES vont renforcer leur coopération dans l’électronique de défense et développer les capteurs embarqués répondant aux besoins des forces armées, pour leurs plateformes de nouvelle génération. ť
Côté moteur, c’est la filiale ŕ 50/50 de Rolls-Royce et Safran-Snecma qui a signé le contrat de lancement de la phase de faisabilité du SCAF qui doit déboucher aux environs de 2030 ŕ un systčme opérationnel. Les deux motoristes ont une longue histoire en commun sur bien des types de moteurs, qu’ils s’agissent des Olympus de l’avion franco-britannique Concorde, des TP400 de l’Airbus A400M ou autre turbines d’hélicoptčres. Et pour s’assurer d’une parfaite cohérence des activités conjointes des deux motoristes pour le moteur du SCAF, les deux partenaires ont décidé de doter leur filiale RR Snecma Ltd d’un directeur général en la personne de Philippe Loty qui aura pour tâche de coordonner la poursuite des études sur les nouvelles technologies.
Nicole B. pour Aeromorning.