Des négociations d'une importance cruciale se déroulent en ce moment à Quito, en Équateur, dans le cadre de la 11ème Conférence des Partis à la Convention sur les Espèce Migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS COP11). Objectif : trouver un accord international afin de stopper l'empoisonnement des oiseaux.
Les " mesures pour prévenir l'empoisonnement des oiseaux migrateurs " portent sur l'ensemble de la biodiversité et mettent en cause les pesticides, l'utilisation d'appâts empoisonnés, l'utilisation de médicaments vétérinaires ou encore l'utilisation de munitions en plomb.
Les deux principales questions litigieuses visent à l'interdiction de l'utilisation des munitions en plomb des chasseurs et du Diclofenac.
Le Diclofénac est un anti-inflammatoire utilisé pour les animaux d'élevage qui est fortement toxique pour les vautours et les aigles : ceux-ci décèdent quelques jours après s'être repus d'une carcasse contaminée, d'une insuffisance rénale foudroyante. Dans les années 1990 et 2000, 80 à 90 millions de vautours indiens (Gyps bengalensis) sont ainsi morts, soit 99% de la population que comptait le pays. Face à cette catastrophe, l'Inde, le Pakistan et le Népal ont interdit l'usage vétérinaire du Diclofénac en 2006, suivis par le Bangladesh en 2010, tous se tournant vers une alternative non toxique, le Méloxicam.
Le Diclofénac est cependant toujours autorisé en Europe et dans plusieurs pays africains...
Le plomb est un métal toxique aussi dangereux pour les humains que pour les oiseaux. Il a été retiré des peintures et de l'essence, mais se retrouve dans la nature en raison des munitions utilisées puis abandonnées par des millions de chasseurs à travers le monde.
Certains pays ont déjà pris des mesures : le Danemark, par exemple, a interdit l'utilisation des munitions en plomb pour les tirs dès 1996. Les chasseurs danois se sont montrés favorables et n'ont constaté aucune baisse de leur activité en raison de l'interdiction.
Les associations de protection des oiseaux LPO et BirdLife, réclame aujourd'hui que l'Union Européenne impose enfin des changements drastiques en matière de règlementation afin de suspendre l'usage des produits néfastes pour l'avifaune.
" Nous attendons de l'UE qu'elle soutienne l'interdiction complète tant sur l'utilisation de munitions toxiques que sur celle du Diclofenac " déclarent Ariel Brunner, responsable de la politique de l'Union Européenne sur l'avifaune en Europe et Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO. " Des alternatives dans les deux cas non-toxiques sont aisément disponibles et rien ne peut justifier l'utilisation continue de substances dangereuses " précisent-ils dans un communiqué.
Mathilde Emery