Le tribunal de commerce de
Nice, en choisissant ce matin la Coopérative créée par les salariés pour la
poursuite de l’activité de Nice-Matin, accomplit un acte courageux. Car face à
cette initiative, deux groupes de presse puissants présentaient une alternative
souvent appréciée par les juges consulaires lesquels veillent à ce que les créanciers
soient en partie payés tout en étudiant de près la situation des salariés de l’entreprise
défaillante.Une société coopérative d’intérêt
collectif place les salariés repreneurs en situation inhabituelle. Les voilà
propulsés en décisionnaires non seulement sur le plan journalistique mais également
économique puisqu’une entreprise de presse, même s’il s’agit d’informer, reste
d’abord une entreprise. Avec ses contraintes économiques et financières.Pourquoi le tribunal de
commerce de Nice a-t-il choisi cette solution ? Il a été sensible au fait
que le plan de reprise de la coopérative prévoit un nombre de suppressions d’emplois
très inférieur à celui du groupe Rossel, le plus habitué aux reprises
sanglantes. Et ensuite, il a dû également prendre en compte le soutien de
Bernard Tapie — un homme que je n’apprécie pas et à qui il est très difficile
de faire confiance — lui-même patron de presse dans ce midi de la France si
particulier.D’ailleurs, pour parler
franchement, ce soutien de Bernard Tapie me laisse dubitatif. Je ne sache pas
que cet homme d’affaires aux multiples facettes se soit jamais engagé par
Philanthropie. S’il a rejoint le groupe de salariés c’est, il est vrai, à leur
demande mais aussi et sans doute pour acquérir des parts de marché lui qui ne
traite pas très bien les journalistes de son groupe et n’a jamais fait la
preuve de son esprit déontologique.Reste à savoir quelle sera
la part d’influence de Tapie dans le choix de la ligne éditoriale de Nice-Matin
et dans le respect de l’indépendance de la rédaction inévitablement responsable
devant le tribunal de commerce et devant les lecteurs. Nice-Matin sera-t-il
autorisé à traiter de l’arbitrage Adidas ? Les journalistes pourront-ils investiguer
sans pression d’aucune sorte ? Peut-être Tapie s’est-il engagé par contrat
avec la coopérative ?