Face à un nombre croissant de situations d’impasses thérapeutiques contre des infections bactériennes, face à l’émergence des antibiorésistances, le Ministère de la santé avait lancé, fin 2011, son Plan national d’alerte sur les antibiotiques « 2011-2016 », avec le souhait de mettre en œuvre de nouvelles règles de prescription et de contrôle. Un plan vain puisque ces nouvelles données placent toujours la France parmi les pays européens où la consommation des antibiotiques reste très élevée, avec plus de 140 millions de boîtes vendues chaque année, représentant 4% de la consommation de médicaments 2013. Ainsi, la consommation d’antibiotiques confirme son augmentation depuis 2010. Chaque Français en consomme aujourd’hui plus de 2 boîtes par an.
La consommation globale d’antibiotiques en France avait diminué entre 2000 et 2008, de 15 à 20% en ville et de 10 à 15% à l’hôpital. Sur la période de référence de ce rapport, soit de 2000 à 2013, son évolution reste à la baisse, de 10,7%. Mais, depuis 2010, l’augmentation a repris à hauteur atteignant 6% en 3 ans, une progression préoccupante, car génératrice de résistances.
Ainsi la consommation d’antibiotiques augmente en Ville, la ville représentant plus de 90% de la consommation d’antibiotiques, avec 125 millions d’unités (boîtes) vendues, et une consommation exprimée en Doses Définies Journalières pour 1.000 habitants de 30,1 (Voir courbe ci-contre).
A noter, la consommation est à dominante (59,3% des prescriptions d’antibiotiques) avec une association marquée avec l’incidence des cystites.
La durée moyenne de traitement, toutes causes confondues reste élevé, de plus de 9 jours en 2013.
Une exposition élevée à l’Hôpital : La consommation à l’hôpital (10% de la consommation totale), soit 17,9 millions d’unités prescrites et une consommation en Doses Définies Journalières de 2,2 est marquée une exposition élevée des patients, 4 sur 10 recevant au cours de leur hospitalisation au moins une dose d’antibiotique.
Comme en ville, les pénicillines restent les antibiotiques les plus utilisés.
· Si sur la période de référence –qui comprend donc la période de baise jusqu’à 2010- la consommation a diminué dans presque toutes les classes, familles ou substances, si 2013 fait apparaître quelques évolutions positives, comme un léger recul de la consommation des céphalosporines de 3ème génération, la stabilisation de la colistine, en revanche, la progression continue de l’usage des carbapénèmes reste préoccupante, d’autant que de nouvelles souches résistantes sont apparues.
La France reste ainsi, malgré 3 Plan successifs, le mauvais élève de l’Europe, avec une consommation d’antibiotiques très supérieure à la consommation moyenne en Europe et aux Etats-Unis (29,7 DDJ/1000H/J vs 21,5 pour l’UE et 24,3 pour les US). A supposer que l’objectif de baisse de 25% prévue dans le dernier Plan Antibiotiques soit atteint, la consommation française ne se situerait que dans la moyenne européenne. Un niveau élevé de consommation en France très préoccupant face à l’émergence des résistances bactériennes et le faible nombre de nouveaux antibactériens en développement.
Source: ANSM Rapport sur l’évolution des consommations d’antibiotiques en France entre 2000 et 2013