Logic « Under Pressure » [deluxe edition] @@@@½
Sagittarius Laisser un commentaireLogic, et son premier album solo Under Pressure, pourraient être les les bellse surprises rap de 2014. Ce rookie issu de la promo des Freshmen XXL 2013 se surnommant sur ses mixtapes le Young Sinatra mérite amplement la comparaison avec Kendrick Lamar. Déjà dans la cour des grands.
Sir Robert Bryson Hall II, 24 ans, est un rappeur new school originaire du Maryland, pas le genre d’environnement pour devenir rappeur. Il n’a d’ailleurs pas la gueule de l’emploi. Et pourtant, quelle erreur de jugement commet-on… On fait d’abord connaissance avec ce jeune garçon plein d’ambition et de rêves sur la très belle introduction produite par son partenaire 6ix qui gère une partie de l’album. Même si on ne découvre Logic que durant ces premières secondes, on sent qu’il a beaucoup trimé pour en arriver à ce tout premier album chez Def Jam supervisé par No I.D. (Kanye West, Common, Jhene Aiko…).
« Soul Food » confirme l’aspect autobiographique de l’album, celle de Logic le rookie qui côtoie ses idôles et les rappeurs de maintenant comme des collègues. En réalisant cela, il se rappelle d’où il vient, d’une famille dysfonctionnelle avec un mère shootée au crack et un père violent (« come home with and see an eviction notice to my door/can’t do no more, nomma on drugs, daddy M.I.A. »). OK, ce n’est pas un thug, ni un voyou, ni un ex-dealer reconverti, mais sa sincérité sur sa situation est désarmante, il se conforme totalement à cette règle du « stay true to yourself ». Ses modèles de rappeurs? Il les cite lui-même sur l’agité « Bounce » (produit par le duo S1 et M-Phazes) : A Tribe Called Quest, Outkast, en passant par J Dilla et Project Pat, mais aussi les Red Hot Chilli Peppers. En parlant des ATCQ, Logic a repris cette idée d’insérer de courts interludes de voix d’opérateurs téléphoniques pré-enregistrées, comme sur Midnight Marauders !
Au fur et à mesure que les morceaux passent, on est sidéré par le talent incroyable de Logic. Un flow très élastique et parfaitement articulé impressionne, et on n’en perd pas une seule miette à grâce des lyrics structurés en de storytellings intelligents. Des fois pour des tranches sa vie et des situations parfois difficiles qu’il a rencontré (« Metropolis« , « Growing Pains III« , « Buried Alive« ), d’autres pour raconter des fictions, comme « Gang related » (inspiré du film Boy In Da Hood) où il décrit le point de vue de deux frères au sujet de la violence qui court les rues. Il a beau ne pas avoir connu la dureté de la rue, Logic n’est pas à caser dans la catégorie des rappeurs gentils. Son ton parfois offensif force le respect, ne le comparez pas au gentillet J.Cole.
La comparaison avec Kendrick Lamar est tout à fait légitime. Ils partagent de nombreux points commun, outre le fait d’être de la même génération déjà, d’être smart, intègres, ils ont leur propres visions artistiques, et des qualités très similaires sur le plan du emceeing. Là où ça devient parfois troublant, ce sont les ressemblances en terme d’intrumentaux, logique (…) puisque Under Pressure et Good Kid Maad City ont des producteurs comme Skhye Hutch, Tae Beast et DJ Dahi. On retrouve également les batteries de « Sing About Me » de Kendrick sur « Metropolis » (prod Rob Knox), normal, ils utilisent un sample identique de « Use Me » de Bill Withers. Au-délà de ça, Logic possède une personnalité bien différente et se débrouille souvent seul, il n’y a d’ailleurs aucun featuring ! Hormis bien sûr sur la version deluxe qui contient « Driving Ms Daisy » avec Childish Gambino et la présence hautement dispensable de Big Sean sur « Alright », avec sa punchline toute pétée « She do things with her pussy, she might be a vagician ».
L’autre talent caché de Logic, c’est qu’il produit de temps à autres. Hé oui. En parlant des productions, on apprécie particulièrement l’homogénéité impeccable de Under Pressure et les bonnes vibes de « I’m Gone« , « Metropolis » avec Terrace Martin au saxophone et puis encore « Never Enough« , ce qui rend ses histoires plus agréables à écouter encore. D’ailleurs, à force d’entendre parler d’une certaine Nikki, on se demande s’il fait occurrence de sa girlfriend au point qu’il en écrit un morceau. C’est à la fin qu’on réalise qu’il personnifie son rapport à la cigarette.
« Under Pressure » est le morceau le plus long du disque, plus de neuf minutes ! Mais quel plaisir de l’écouter. La première partie du morceau raconte les sacrifices et les obstacles que Logic a du surmonter pour aboutir à ce disque qui dépasse probablement ses espérances au point de talonner T.I. dans le Billboard ! Toujours sur ce sample d’Eazy-E, le beat change à mi-parcours où cette fois le rappeur réécrit les messages des membres de sa famille laissés sur son répondeur. Puis l’album se conclut d’une belle manière avec « Till The End« .
Une très forte impression, voilà ce que l’on retient de Under Pressure et de son auteur. Brillant et admirable. L’album va tourner un long moment dans les iPod. Sacré découverte rhalala… Il nous tarde de voir comment Logic va évoluer dans les années à venir.