Nous évoluons au sein d’un monde qui comporte une certaine part d’inconnu. Pour l’éclairer, nous disposons de plusieurs techniques. Il en est une qui est souvent utilisée, c’est celle de la classification. C’est elle qui nous permet, lorsque par exemple nous nous trouvons devant un animal pourvu d’un bec et de plumes, d’inférer que celui-ci appartient à la classe des oiseaux. Nous levons ainsi une part de son mystère. Cette démarche scientifique consiste à partir des caractéristiques d’un individu pour déterminer la classe dont il est susceptible de faire partie. On part ainsi de l’individu pour aller vers le groupe.
Willy Sagnol, le maladroit, a exposé un raisonnement radicalement inverse. Assumant l’appartenance de recrues potentielles à un type donné, le footballeur africain, il leur a attribué les caractéristiques attachées selon lui à ce type, le fait d’être « pas cher », « prêt au combat » et « puissant sur un terrain ». Chaque fois que l’on cesse de considérer l’individu pour ne le juger qu’à travers un des groupes dont il ferait partie, on bascule dans le racisme. Ceci est parfois sans conséquence mais l’histoire nous a souvent montré que l’issue de ces raccourcis infondés peut être tragique.
J’ai entendu des commentateurs poser la question « mais est-ce que ces spécificités sont exactes ? » Ce n’est pas le problème. La faute est d’oublier la personne. Assez souvent, annonçant quelque mesure controversée, nos gouvernants se dégagent en disant : « on traitera au cas par cas ». Eh bien oui, c’est ainsi qu’il faut procéder, on considérant l’individu et pas le groupe. Quant à l’exactitude des qualités prêtées à ces personnes, ceux qui les avancent seraient bien en peine de les prouver. Comment mesure-t-on l’aptitude au combat ou la puissance sur le terrain ? Qu’est-ce qui permet d’évaluer si A est plus puissant que B ? Et que dire du portrait en négatif : « Mais le foot, ce n'est pas que ça. Le foot c'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline, il faut de tout ». Qu’est-ce que l’intelligence ? La valeur du QI, la note attribuée par la société Mensa, le résultat de tests psychotechniques ?
Je confierai à cet amateur de l’intelligence que, au vu de mes propres critères, j’ai quelque raison de douter de la sienne.