A la fleur délicate, habillée de vêtements de papier, qui connait ton nom. Elle te demande si tu n’as pas trop froid ou trop chaud. Elle t’explique comment la suite va se dérouler. Elle te rassure et te sourit quand tu es nue sur la table d’opération.
A ce vieux monsieur, assis à côté de toi lors de ta première cuite avec la chimie. Alors que tu trembles comme une feuille et qu’un sanglot est coincé dans ta gorge, il te regarde comme un père son enfant. Tu penses à ces poisons qui vont détruire ton corps et ton futur. Alors, du haut de ses yeux-soleils, il regarde l’arbre de tuyaux qui entrent dans son corps et il t’avoue « C’est ma cure de jouvence ! ».
Aux médecins sans blouse blanche. Ceux qui te demandent des nouvelles, et ceux qui te donnent des leurs. Ceux qui te font rire et qui n’oublient pas que tu n’es pas que ça.
A ce carré de soleil rentré dans la salle, en musique, Because I’m happy, et tu te dandines, tu chantes et tu ris avec tes amies et tes tuyaux.
A ma docteur qui met des robes à fleurs. A ses paroles optimistes, à ses réponses à mes milles questions. A la secrétaire qui détourne la règle pour t’aider. Au taxi qui te raconte sa vie.
A ces étincelles dans la noirceur.