Subsister à Lyon grâce à Rue89...

Par Olif

Subsistance: au singulier, ce qui permet l'existence matérielle d'un individu. Au pluriel, à Lyon, laboratoire international de création artistique: spectacle vivant, danse, cirque, théâtre, musique... et vin naturel! Les Subs, comme les appellent familièrement les Gones, c'est un endroit magique, culturel et historique, le long des rives de Saône. De façon éphémère, la cour intérieure du bâtiment, abritée sous une magnifique verrière, a vu défiler sa cargaison de verres. Verre bouteille, verre griffé, vert taulier, vert stéphanois...

Sous les pavés de la Rue89 Lyon, la vigne, est sans doute le premier salon auquel je participe qui contient un véritable salon dedans. Canapé simili cuir, mais quand même. L'opportunité d'y faire s'asseoir une brochette de vignerons qui causent naturellement dans le poste, en plus de Charles Frankel, auteur sulfureux et volcanique, ma pomme, cobaye d'une expérience hautement scientifique en collaboration avec le Clos des Cimes de Raphaël Gonzales, et de Dominique Hutin, le chroniqueur vin vedette de France Inter, rescapé du grand incendie, et qui a fait comme si on allait déguster. Et, de fait, on a dégusté un joli carignan blanc du domaine Leconte des Floris, voire même plus, histoire de s'humecter le gosier. Parce que tendre le micro successivement à Dominique Derain, Vincent Wallard, Lilian Bauchet et Denny Baldin, c'était prendre le risque de ne jamais pouvoir récupérer le crachoir (en avaient-ils d'ailleurs besoin d'un?). On a causé vin, business, pigeage en slip, art, bio, biodynamie, vin nature, levures, soufre et toutes ces sortes de choses, devant un public attentif et intéressé. Et, même sans radio, l'animateur sait garder ses droits et faire respecter le temps imparti. Un débat haut en couleurs et un canapé très confortable.

Crédit photo Rue89Lyon

Pour clore sur l'expérience menée scientifiquement au Clos des Cimes, il s'agissait de déterminer par la dégustation les différences organoleptiques entre 3 vins produits sur la même parcelle, mais non cultivés de la même façon (bio sans traitement, biodynamie avec traitements différents...). Élevage identique, pour ne pas rajouter une variable supplémentaire. De façon flagrante, les vins se présentaient sous un jour complètement différent. Fort heureusement, il ne m'a pas été demandé de juger quelle manière était la bonne!

En fin de repas, impasse sur le dessert. Claire Deville et Emmanuel Buschiazzo avaient offert le fromage à marier directement avec un petit noir. Un peu fort de café, sans doute, mais une expérience complètement bluffante.

Crédit photo Le Taulier

Le meilleur vin de tout le salon, ce fut peut-être cette bière sortie de l'imagination des créateurs de la BAB, une Speci'Ale aromatisée au pinot noir du Dom Derain. Du vino-bièro-business de haute volée, en quantité ultra-limitée.

Évidemment, j'exagère, puisque du bon, voire de l'excellent vin il y a eu. Petit panorama non exhaustif en images:

L'Alsace chic et Geschickt, du tout bon, du pinot blanc au gewurtz, en passant par riesling et pinot gris, Kaefferkopf en tête, mais pinot gris et noir sans soufre particulièrement intéressants.

Ampeleia et le sourire lumineux de Simona Spinelli, tout le charme de l'Italie dans un grand projet viticole initié par Elisabetta Foradori et magistralement conté sur le blog du plus italien des belges suisses allemands.

Les vignes rouges du Piémont cévenol, c'est grande veine de pouvoir y goûter. De jolis vins remplis de fraîcheur, à savourer entre deux épisodes.

Les vins cruellement bons de Ludovic Engelvin, l'espontaneo gardois, baptisés d'un nom qui reflète l'état d'esprit du berger-vigneron ou un événement marquant survenu au cours du millésime.

Une expérience d'oxydation ultime sur un mourvèdre laissé 10 ans en bonbonne, exposé à tous vents. Une robe presque noire et un air de PX, le sucre en moins. Exceptionnel et ultra collector.

Du sirop de gamay frizzante chez les Perraud, en attendant le retour des bulles. Mais c'est déjà une vraie gourmandise.

Et puis quelques tronches de vignerons, de façon non exhaustive également:

Aurélien Petit, du petit domaine. en Languedoc et Vincent Wallard, du grand domaine en Argentine.

Jérôme Bourgeois, ou quand la Champagne ne s'embourgeoise pas.

Joli moulin de la main gauche d'Isabelle Villemade. Je suis verni!

Dominique Der... hein? dont la bière au pinot surclasse aisément le moindre pinot à la bière.

Le plus beau et joli profil des Côtes de la Molière.

Denny Baldin, super natural winemaker. Sacré Denny!

Émeline Calvez, sœur de terroir et jolie bobine du vin, même sans Sébastien (Bobinet).

Clin d'œil au Clos des Mourres, de Jean-Philippe Bouchet à Ingrid.

Il n'aurait pas fallu qu'une telle aventure dans la capitale des Gaules se termine sans un banquet. Quatre mains pour six plats et le plus beau repas de salon jamais mangé, foi de plusieurs vignerons expérimentés en la matière. Guillaume Monjuré et Mathieu Rostaing ont creusé leur sillon et grillé le palais de l'assemblée. Un repas topissime, copieusement accompagné de vin naturel, le quatrième fleuve à arroser Lyon désormais, grâce à Rue89 Lyon et Antonin Iommi-Amunategui.

Olif

P.S.: le mois du vin naturel lyonnais se poursuit avec le salon des Débouchées, les 22 et 23 novembre

et  On se met au verre, organisé par Vercoquin et Élémentaire, le dimanche 30 novembre.

P.S.2.: ce n'est pas organisé par Rue89 Metz, mais les 22 et 23 novembre se tiendra la nouvelle éditions de Plappevignes. Le vin de Moselle et la quiche lorraine vont couler à flots. Mais pas que...