Le vieillissement cognitif serait responsable de la perte de mémoire ou d’un manque de réactivité et d’attention. Selon une étude franco-britannique dont le résultat a été publié dans la revue médicale Occupational and Environnmental Medicine le mardi 4 novembre 2014, le fait de travailler avec des horaires décalés sur le long terme serait à l’origine de ce déclin cognitif précoce.
L’étude à duré dix ans et les chercheurs ont sélectionné comme participants, 3000 salariés âgés de 32 à 62 ans, opérant dans des secteurs de production et qui ont travaillé en horaires décalés durant 50 jours au minimum. Les salariés ont subi trois examens neuropsychologiques au cours de cette étude. Le premier a eu lieu en 1996, le second en 2001 et le troisième en 2006. Les résultats ont démontré un vieillissement cognitif précoce chez les sujets ayant travaillé la nuit, ou en horaires décalés pendant dix ans.
Respect du temps de sommeil recommandé
Selon le coordinateur de cette étude, Jean-Claude Marquié, la baisse de capacités cognitives constatée chez les participants se mesure à 6,5 ans. C’est une proportion assez élevée qu’on doit encore certifier à travers d’autres recherches plus approfondies. Ce chercheur du CRNS à Toulouse a mentionné que les impacts négatifs des conditions de travail auxquelles les participants à l’étude diffèrent d’un individu à un autre. Le suivi a été limité à 5 ans après l’arrêt de l’activité.
Notons que bon nombre d’entreprises misent actuellement sur le travail posté en horaires décalés. Plusieurs études visant à détecter les effets néfastes de ce mode de vie sur la santé des travailleurs ont été réalisées ces derniers temps. Le Centre international de recherche sur le cancer (IARC) et l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont déclaré que le travail de nuit favorise le développement du cancer puisque le rythme biologique des salariés est complètement troublé. Une étude française publiée en 2012 a également dévoilé que 30 % des femmes qui travaillent la nuit sont plus exposées au cancer du sein. L’étude suédoise qui a fait l’objet d’une publication en 2011 a par contre révélé que le fait de travailler la nuit à long terme augmente considérablement le risque de sclérose en plaques surtout chez les jeunes.
Le chercheur Jean-Claude Marquié ajoute dans sa déclaration que quelques mesures ont été prises pour limiter les effets négatifs du travail en horaires décalés chez les participants à l’étude. On cite entre autres la mise en place d’une surveillance médicale sur mesure ainsi l’organisation du temps de travail en vue de respecter le temps de sommeil. Dans ce cadre, le spécialiste recommande aux gens de commencer la journée à 6 heures du matin au lieu de 4 heures.