Titre : Aâma, T2 : La multitude invisible
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2012
Frederik Peeters avait frappé un grand coup avec le premier tome d’ « Aâma ». Il avait accouché d’un récit de science-fiction dense et original, basé sur des personnages intéressants et charismatiques. Ce deuxième tome, intitulé « La multitude des choses », transformera-t-il l’essai ? Toujours édité aux éditions Gallimard, cette suite compte une nouvelle fois un peu plus de 80 pages.
Nous retrouvons donc Velroc et son frère Conrad sur la planète Ona(ji) en recherche de la substance aâma et de celle qui l’a volée afin de l’utiliser en grandeur nature. La planète se recouvre alors de nouvelles formes de vie. Et plus le groupe se rapproche de l’épicentre, plus cette vie est complexe, dense et donc dangereuse.
C’est un passionnant voyage que nous propose Frederik Peeters. Dans ce tome encore, l’histoire est avant tout basée sur les relations entre les personnages. Tout démarre d’ailleurs là-dessus. Des histoires de coucheries qui mettent le groupe en péril alors qu’il y a bien plus grave à s’occuper… Ainsi est « Aâma ». La science-fiction et l’univers créé par l’auteur servent avant tout une épopée humaine. Seul personnage un peu différent, Churchill irradie de son charisme les pages de l’ouvrage. Ce singe/robot est particulièrement réussi. A la fois surpuissant et terriblement humain. Le seul être raisonnable du groupe ?
Ce deuxième tome est également l’occasion de mieux connaître Volric. Ce dernier narre son histoire et les flashbacks permettent de mieux comprendre les problèmes qu’il a avec sa fille. Cet aspect est particulièrement réussi. J’ai été très touché par son histoire qui, si elle se passe dans un univers futuriste, est pourtant terriblement d’actualité. Ces flashbacks permettent également de varier les ambiances, passant de la planète sauvage à la métropole pullulant.
Une montée en tension tout au long de l’ouvrage.
La force de cet album tient également dans la montée en tension tout au long de l’ouvrage. Commençant par un simple voyage détendu où Velroc raconte sa vie à Myo, le stress et le danger d’installe petit à petit jusqu’à l’apothéose de fin. Et pourtant, difficile de savoir où va vraiment nous mener cet ouvrage. Tel Velroc, on est parachuté dans une aventure sans vraiment en comprendre les tenants et les aboutissants. En cela, la narration est exemplaire.
Le dessin au pinceau de Frederik Peeters est un vrai plaisir. Les personnages sont bien identifiés et expressifs. Il passe sans peine des métropoles urbaines au paysage désertique de la planète Ona(ji). Les scènes d’action sont bien rendues. Une mention spéciale est à accorder aux couleurs. Bien que faites d’aplats très simples (mettant du coup en valeur le trait de Peeters), elles participent grandement à l’ambiance. Ainsi, les tons jaune/orangé de la planète s’enrichissent de nouvelles teintes au fur et à mesure que la végétation apparaît. Cette dernière est d’ailleurs très réussie et possède une cohérence tout au long de l’ouvrage, même si l’auteur semble avoir pris un certain plaisir à représenter une nature vulvaire et phallique…
Au final, ce deuxième tome confirme tous les espoirs placés dans cette série. Doté d’un univers réussi, de personnages marquants et d’un graphisme maîtrisé, « Aâma » devrait s’imposer comme une série de science-fiction majeure si elle continue avec un tel niveau de qualité. Mais après un deuxième tome aussi réussi, on ne peut être que confiant.
Note : 18/20