Le fantasme Marine Le Pen

Publié le 06 novembre 2014 par Juan

Marine Le Pen porte en elle plusieurs fantasmes. Elle en entretient certains. D'autres véhiculent les autres. 

Revue de fantasmes.


Il s'agit de faire peur, très peur.
Pour l'équipe au pouvoir, on espère un vote "utile", celui qui propulsera les candidats socialistes en tête d'éventuelles triangulaires; et surtout le premier d'entre eux, en 2017, celui à la présidence de la République. Le FN a toujours agi comme un repoussoir politique.
Tout porte à croire que ce calcul - puisque ce n'est que cela - est périmé et dangereux. Tout porte à croire que c'est un fantasme.
En 1993, on se souvient de la raclée législative qui avait sanctionné le mitterrandisme finissant - à peine 80 députés socialistes. A l'époque déjà, le FN frôlait les 15% des suffrages, et la menace frontiste n'avait pas épargné le PS d'une déculottée historique. Pour 2017, ce sera pire. Lors des élections européennes et municipales de 2014, on a déjà vu combien le réflexe du vote utile, même au niveau local, était en voie de disparition. Partout, la coalition socialiste s'est affaissée.
Pour d'autres, Marine Le Pen est le fantasme d'une alternance politique efficace. 
Son programme est pourtant terrifiant par sa haine de l'étranger, la destruction républicaine qu'il porte, et l'inanité des propositions socio-économiques qu'il promeut. Même au niveau local, les maires frontistes peinent à faire jaillir quelque chose de positif de leurs premiers bilans: à Hayange, le maire a perdu deux de ses adjoints qui l'accusent de fraude électorale - "«J’ai servi un parti qui cautionne les actions d’un maire qui n’a pas les mains propres" explique l'une des déçues.. A Villers-Coterrêts, la grande baisse fiscale promise pendant la campagne s'est réduite à un geste symbolique - tout était bon pour gagner l'élection. Le maire, lui, s'est auto-augmenté de 500 euros par mois. Il n'y a pas de petit profit. Dans la commune du Pontet, le nouveau maire frontiste a décidé de faire payer la cantine aux plus démunis. L'explication est odieuse: "Si les gens se responsabilisent un peu plus, qu'ils n'ont pas forcément le téléphone dernier cri, qu'ils arrêtent de fumer, les écrans plats etc, ils arriveront à nourrir leurs enfants".
Qui a dit que le FN était un parti social ? Le Figaro, en premier lieu. Quand Marine Le Pen ose récupérer Mélenchon, le Figaro s'en réjouit, heureux de rassembler les deux: "On s'en doutait depuis plusieurs mois, mais désormais les choses sont dites".
Marine Le Pen a des rapports troubles avec l'éthique en politique. Comme nombre de concurrents/confrères de l'UMP, Marine Le pen use et abuse d'un micro-parti qui lui permet de passer outre les plafonds de financement des partis politiques en se constituant une cagnotte personnelle distincte de celle du FN. L'éthique politique version Marine Le Pen s'arrête aussi à l'amitié. Le copinage frontiste assure à quelques proches, dont l'ineffable Frédéric Chatillon, de juteux contrats de prestations (réelles) pour le compte du parti.
Marine Le Pen osa même salarier son propre compagnon sur fonds publics européens.
Le troisième fantasme à l'oeuvre  concernant Marine Le Pen serait son succès. 
Elle gagne peu de faveurs dans l'opinion. Elle est même toujours autant détestée, si l'on en croit les sondages. Lors des deux précédents scrutins, le Front national n'est pas pas parvenu à gagner des suffrages (il en a même perdu 2 millions aux européennes par rapport à la présidentielle de 2012).
Certains médias entretiennent le fantasme.
Le Journal du Dimanche, dans son édition du 2 novembre dernier, n'était pas en reste. Il publiait un sondage consacrant Marine Le Pen "en tête des personnalités politiques de droite incarnant l’opposition à François Hollande."
Le tout était accompagné d'une large interview. La présidente du FN pouvait asséner ses messages de "meilleure opposante à François Hollande". La semaine précédente, l'opération de communication comprenait quelques efforts de proches tels Florian Philipot pour réclamer un débat Hollande/Le Pen.
Sans rire.
Le quatrième fantasme relatif à Marine Le Pen est l'ostracisme médiatique dont le FN serait la victime
Marine Le Pen aime à se décrire comme victime des médias. Il suffisait de consulter le site officiel du Front national ces derniers jours pour mesurer combien cet ostracisme est toujours un mythe:
5 novembre 2014 Marine Le Pen sur Europe 1
5 novembre 2014 L’Opinion de Florian Philippot
5 novembre 2014 Florian Philippot sur Public Sénat
5 novembre 2014 Marion Maréchal-Le Pen sur RFI
5 novembre 2014 Louis Aliot sur Canal+
4 novembre 2014 Gilbert Collard sur France 5
4 novembre 2014 Florian Philippot sur Sud Radio
Sans commentaire.