ALGER - Les conditions d'efficience du secteur public marchand à travers sa réorganisation et l'amélioration de sa gouvernance ont été, mercredi, au coeur d'un des débats organisés par la Conférence sur le développement économique et social qui se tient du 4 au 6 novembre au Palais des Nations (Alger).
Dans leurs interventions lors d'une table ronde consacrée à ce thème, des opérateurs et experts ont appelé à libérer l’esprit d’initiative et la prise de décision des cadres dirigeants des entreprises publiques pour une meilleure performance et compétitivité du secteur public.
Touchant du doigt les problématiques liées à la gestion des entreprises publiques, les intervenants ont considéré que le statut juridique de l’entreprise publique algérienne en vigueur ne lui permet pas d’évoluer et d’atteindre le niveau de performance requis, d’où la nécessité de réviser ce statut pour redéployer les entreprises de l’Etat.
"Il faut libérer les initiatives et laisser les cadres dirigeants des entreprises publiques prendre des décisions et opérer tel qu'il se fait dans le secteur privé", a lancé le P-dg de l’entreprise nationale des peintures (ENAP), M. Hocine Hani,
Pour lui, il est nettement évident que le développement de l’entreprise ne pourrait se réaliser sans une amélioration du climat des affaires.
Parmi les principaux écueils entravant le fonctionnement de l'entreprise publique, ont relevé plusieurs participants, figure le code des marchés publics qui les soumet obligatoirement aux appels d’offres pour assurer leurs commandes en matières premières et en équipement.
Cette procédure, selon eux, est l'une des principales raisons des retards dans la réalisation des projets.
"La lenteur des délais dans la procédure des appels d’offres nous fait perdre beaucoup du temps et et engendre des coûts supplémentaires que les entreprises pourraient éviter si les négociations des marchés se faisaient au gré-à-gré", a observé le P-dg du groupe industriel du papier et de la cellulose (Gipec), M. Messaouad Zehar.
A ce propos, il a suggéré une révision de la réglementation régissant les marchés publics de manière à permettre aux entreprises de l’Etat à assurer une gestion dans des conditions similaires à celles du secteur privé.
Le même responsable n'a pas manqué, aussi, de dénoncer le niveau "très bas" des salaires perçus par les cadres dirigeants des entreprises publiques tout en faisant état d’absence de vision et de perspective au sein de cette catégorie d'entreprises.
Présent à cette table ronde, le directeur de gestion du système public marchand au ministère de l’Industrie et des mines, M. Ali Oumellal, a affirmé qu’il était nécessaire d’accélérer le processus de mise en oeuvre de la réindustrialisation du pays tout en donnant une place primordiale au secteur public.
Le système public marchand n’a pas été restructuré depuis 2002, ce qui s'est traduit par la caducité de son organisation actuelle, a-t-il admis.
Le gouvernement prévoit, dans son plan d'action 2015-2019, le redéploiement stratégique du secteur industriel public à travers la création de grands groupes industriels performants et compétitifs, rappelle-t-on.
Validé en août dernier par le Conseil des participations de l'Etat (CPE), le projet de la nouvelle reconfiguration du secteur public marchand vise à redynamiser les entreprises industrielles publiques à travers leur réorganisation.
Il s'agit de rendre les entreprises publiques plus performantes et compétitives en les dotant d'un système de management souple basé sur des techniques de gestion modernes et stratégiques.
Le projet de reconfiguration du secteur public marchand industriel porte sur la réorganisation, en groupes, des 18 Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) et des cinq (5) entreprises publiques économiques (EPE) non affiliées relevant du secteur.
Une dizaine de groupes industriels seront issus de cette réorganisation qui devrait être finalisée avant la fin 2014.
Les travaux de la conférence sur le développement économique et social se poursuivront jusqu’à jeudi.
La rencontre sera couronnée par des recommandations sur l’amélioration du climat général des affaires, du développement de l’entreprise et de la croissance économique.
http://www.aps.dz/economie/13395-les-conditions-d-efficience-du-secteur-public-%C3%A9conomique-en-d%C3%A9bat