On s’éclate comme des petits fous en Angleterre. Après Halloween, on a droit à Bonfire night, la nuit des feux de joie qui sont souvent des feux d’artifice d’ailleurs. Un 5 novembre donc, alors qu’il pleut des cordes et qu’il commence à faire froid. C’est parfait! J’en ai déjà parlé l’année dernière, j’ai même raconté nos mésaventures pour aller voir les feux d’artifice de la ville (c’est ici). Cette fois-ci, je ne veux rien savoir, il fait trop mauvais. Je refuse de chausser mes palmes et d’aller faire la comique sur les pentes boueuses et glissantes du parc, un bébé dans les bras, deux ou trois gamins accrochés à mes mollets par des filets de barbapapa radioactive (vous avez vu la couleur des barbapapas?) , sous un déluge torrentiel, au milieu d’une foule pataugeant harmonieusement dans la gadoue jusqu’au cou.
(La photo vient de yourcolchester.co.uk, c’est local)
Pour ceux qui n’étaient pas là l’année dernière, bonfire night est une tradition absolument charmante et primesautière qui consiste à allumer de grands feux et tirer des pétards, dans la joie, pour célébrer l’anniversaire d’un barbecue, à peu de choses près. C’est très festif et bon enfant, surtout par son origine…En 1605, le petit Guy Fawkes, un catholique décide de faire sauter le parlement, non pas pour jouer mais pour tuer le roi James Ier qui lui, était protestant. Ça s’appelle le gunpower plot, puisque Guy (on prononce à peu près « Guaille ») a voulu utiliser de la poudre à canon. Pas de chance pour lui, un de ses complices se fait prendre avant le début des réjouissances, et toute la machination tombe à l’eau ce qui coupe court aux élucubrations fumeuses de Guy. Mais rassurez-vous, le bon peuple a quand même droit à des illuminations, puisqu’on fait cramer Guy Fawkes en place publique, dans la liesse. Dans les années qui suivent, le 5 novembre est l’occasion de s’en prendre aux catholiques, de faire rôtir des tas de trucs rigolos, des effigies du pape et de Guy ou de gens antipathiques, et de raviver la flamme du sentiment anti catholique, mais il va falloir que j’arrête avec mes jeux de mots incendiaires.
Aujourd’hui, ça consiste donc essentiellement en un grand feu d’artifice. Et c’est là qu’on se demande pourquoi Guy Fawkes n’a pas pu faire son malin en été, plutôt qu’un 5 novembre. Déjà, vue l’humidité, ça relève du miracle d’arriver à tirer un petards mouillé. Si on ne se prend pas des trombes d’eau sur la tête, on se gèle. Cette année, la ville fait un effort, et les réjouissances doivent commencer à 19h00. C’est un progrès, mais bon, ce n’est pas comme si il faisait déjà nuit à 17h…c’est vrai, pour un soir d’école, c’est beaucoup mieux d’attendre le plus tard possible. En plus, c’est payant, alors que même depuis chez nous, on voit très bien le feu d’artifices par la fenêtre, au chaud et au sec, avec les enfants qui chouinent parce qu’ils ne peuvent prendre un bain de boue avec leurs copains. Certes, en restant à la maison, on manque la Guy Procession, autour du château. Des figurants déguisés en soldats promènent l’effigie de Guy Fawkes avant de la jeter dans le feu. Qu’il faut allumer donc, et je rappelle que c’est le déluge. Dans un soucis d’anachronisme déroutant, les organisateurs ont aussi décidé cette année d’intégrer un concert de l’Operatic society, une chorale qui va interpréter des tubes de 1914. C’est sympa de tout mélanger comme ça , les guerres de religions du 17eme et le centenaire de la première guerre mondiale, les enfants vont tout comprendre.
La pluie redouble…si ça se trouve, ça sera annuler. Et peut être que même les crétins profonds gens charmants qui profitent de bonfire night pour faire exploser des pétards toute la nuit se noieront aussi. Ça serait parfait, ça éviterait les inondations dans mon salon. Parce que la chatte a peur des pétards…