Steven Kauffmann ( adaptation française: michel) - photos: Anja
Ecriteau: SOLD OUT à l'entrée du Depot pour la double affiche, Robert Cray + Kris Dane!
L'Anversois devenu Bruxellois ( dEUS, Ghinzu...) joue dans l'ombre des grands depuis un quart-de-siècle , la sortie de son dernier album, 'Rose of Jericho', devrait lui permettre d'enfin se retrouver à l'avant-plan.
Ils sont quatre à fouler le podium, Kris ( chant et guitare), une fretless bass, une choriste et un gars aux percus, qui entament la soirée par 'Out in the pouring rain' aux senteurs Daniel Lanois.
'Rose of Jericho' joué live s'inspire de l'univers de Jeff Buckley.
Kris Dane, à l'instar de Gabriel Rios, parvient à faire ressentir sa manière de composer et devrait pouvoir toucher un public plus nombreux.
Le son du band, un mariage réussi entre les percussions et les lignes de guitare avec en support une basse langoureuse, séduit.
Vocalement Kris Dane travaille dans la chaleur, l'intimisme et évite tout pathos.
On pense souvent à la mélancolie et à une sorte de splendeur fanée qu'un groupe tel que les Triffids parvenait à évoquer dans ses compositions.
Les 30' de set prennent fin avec 'Saturday Night' à l'amorce Lou Reed et au final teinté de couleurs automnales.
Cette chanson feu de camp se termine par un sifflement plus ravissant que le gazouillis matinal des oiseaux urbains.
Si le monde était juste, le talent de Kris Dane devrait éclater au grand jour.
Un mec à suivre, assurément!
Une légende vivante, un guitariste d'exception, Robert Cray, depuis 2011, est confortablement installé dans le Blues Hall of Fame,il vient saluer Louvain en cachant 5 Grammy's sous un bras .
En mai, De Roma accueillait ce géant et l'an dernier il était une des têtes d'affiche à Peer, hier c'est à Londres ( Royal Albert Hall) que se produisait l'ace guitar player.
Robert se pointe à 21:00 précises, un sexagénaire, plutôt bien conservé, chaussé de sandales.
Il n'est pas seul, un band à quatre têtes l'accompagne.
Démarrage avec le classique 'Phone Booth' en mode funky ( album 'Bad Influence').
D'emblée le son de guitare narratif, reconnaissable entre mille se fait entendre , le band est soudé et joue serré, pas question de routine, le plaisir de jouer est évident.
'Poor Johnny' est amorcé sur une vague reggae, le soul falsetto de Robert fait merveille, 30 ans sur les scènes internationales ne l'ont pas altéré.
Un gospel, ' Two steps from the end', permet de mettre le claviériste, Dover Weinberg ( qui après plusieurs années d'absence a rejoint le Robert Cray Band) en évidence.
L'Hammond assaisonne de belle manière la prière.
Un des premiers points forts du set sera 'It doesn't show', une confession pendant laquelle la guitare exprime le regret et l'autocritique .
Robert, le magicien, émeut.
S'il y a repentir, il y a eu péché ou abandon, un thème récurrent chez les bluesmen ... so long, I hate to see you go and I won't be coming home...( 'Won't be coming home'), ' I shiver' sera tout aussi fiévreux.
La leçon de vie se poursuit, "Don't You Even Care?" et "I Guess I'll Never Know" aux senteurs Eric Clapton.
La Fender Stratocaster ou la Telecaster du maître dessinent des arabesques vertigineuses, parlant autant à ton âme qu'à tes tripes.
Place au mélancolique 'I'll Always Remember You', une variante du 'Rode Wijn' de Bram Vermeulen.
Un petit détour par la Motown avec le philosophique 'On the road down' décrivant les spirales amoureuses, illustrées par un duel orgue/guitare piquant.
Un hommage à Jack Bruce, 'Sittin On Top Of The World' que Cream jouait dans les sixties.
Cray enchaîne sur 'Right next door' de 1986 qui se meurt doucement tandis que Louvain accompagne le guitariste par des battements mains en symbiose totale avec le jeu de celui-ci.
Magistral!
Accélération brutale, 'What would you say', un réquisitoire pour un monde meilleur.
'Time makes two' traite des problèmes relationnels, Robert semble y connaître un bout.
Retour aux sonorités soul avec le funky 'Hip tight onions', un hommage à Booker T and the MG's ,une des influences majeures de Robert, ce meddley inclut ‘Hip Hug-Her’, ‘Time Is Tight’ et ‘Green Onions’.
Parenthèse, Booker T sera au Roma en janvier.
Après toutes les souffrances de l'âme, le show prend fin sur une note joyeuse, le timide Robert se payant un petit pas de danse coquin.
Le concert de Louvain aura été bien plus dynamique que celui du mois de mai, Robert et son band manifestant un plaisir de jouer manifeste.
Rideau, applaudissements nourris et retour de la clique.
Le spooky "You Move Me" est amorcé par les beats solides de Les Falconer, Cray, une dernière fois fait entendre ses low down and dirty riffs et sa voix de soul crooner à la Otis Redding avant de prendre congé.
Une nouvelle fois, un grand concert de papa Robert.
Robert Cray = What You See Is What You Get, faut pas croire que le show était prévisible, le mec surprend toujours.
Celui qui estime que les qualités exceptionnelles de ce virtuose de la guitare ne sortent pas du commun a intérêt à revoir ses critères!
Rendez-vous à Couleur Café ou au Gent Jazz?
SETLIST
(1) Phone Booth
(2) Poor Johnny
(3) Two Steps From the End
(4) It Doesn't Show
(5) I Shiver
(6) Don't You Even Care?
(7) I Guess I'll Never Know
(8) I'll Always Remember You
(9) On The Road Down
(10) I Can't Fail
(11) Sitting on Top of the World
(12) Right Next Door
(13) What Would You Say?
(14) Time Makes Two
(15) Hip Tight Onions
(16) You Move Me