Aujourd’hui, je vous fais visiter un lieu exceptionnel, époustouflant, déroutant : celui d’un duplex dans le quartier de la Madeleine à Paris, fruit du travail de l’architecte américain Michael Herrman, qui vit et exerce dans la capitale. Et en bonus, vous trouverez les plans de l’appartement en bas de cet article ! Michael a travaillé à travers le monde et, durant 4 ans, pour le grand architecte français Jean Nouvel, et notamment sur la conception du restaurant Les Ombres du musée du Quai Branly. Grâce à ce projet, il a reçu en 2003 le prix de Rome en architecture. Aujourd’hui, depuis Paris, il réalise de nombreux projets dans d’autres pays, mais aussi à Paris comme pour ce duplex de verre et de pierre, créant un jeu d’illusion unique, et mixant style classique et contemporain. Le clou du spectacle : un mur végétal de 6m de haut !
Dedans ou dehors ? Bonne question ! Michael Herrman aime brouiller les pistes ! Ce duplex de 130m2 est en fait un remembrement de 12 chambres de bonnes situées au 6ème et 7ème étage d’un vieil immeuble pré-haussmannien. Le coeur de l’appartement se situe autour de la pièce à vivre du 6ème et de son plafond en verre, ainsi que du mur végétalisé que l’on peut adminer des 2 étages. Au pied de ce mur, une petite cour à ciel ouvert a été amménagée, et telle une vraie pièce à vivre, la cheminée en marbre et le miroir d’apparat à dorure ont été conservés tels quels, et sont insérés dans ce mur végétal ! Troublant ! Clin d’oeil au végétal, l’architecte a libéré quelques tomettes pour y faire pousser de l’herbe, dans une forme hexagonale… « Ainsi, cet espace extérieur parait comme mis en vitrine, semblable à un salon bourgeois de la fin du XIXème siècle, sous verre ».
« Conçu comme un pied-à-terre, l’appartement s’apparente à un musée : les éléments d’origine, murs de pierre de calcaire et poutres en chêne, ont été mis à nu avec une minutie archéologique. L’introduction d’un plancher et de murs en verre, permet de mettre en valeur ces volumes ouverts. Les surfaces vitrées qui dévoilent les pièces les unes aux autres permettent aux espaces de vie d’être à la fois visuellement reliés entre eux et connectés visuellement avec le ciel et les toits de Paris. » explique Michael Herrman sur son site. Au sol, on remarque une continuité entre l’extérieur et l’intérieur avec des tomettes de différentes couleurs, créant un jeu graphique et moderne. Les surfaces et transparences du mobilier et des miroirs au mur reflètent la lumière et le mur végétal, comme pour mieux faire entrer l’extérieur à l’intérieur, et créer un jeu d’illusion très réussi !
Sur cette photo, on remarque un détail intéressant et original : le sol créé une vague entre l’intérieur et l’extérieur, et la végétation s’invite même à l’intérieur de la pièce. Michael Herrman joue le contraste entre passé et présent en introduisant des matériaux et éléments plus contemporains et minimalistes, comme le plafond de verre, mais aussi l’escalier ou la cheminée (voir plus bas dans les photos). Le mur végétal fait comme un lien entre le passé et le présent, entre le 19ème et le 20ème siècle. Et abolit les fontières entre intérieur et extérieur.
Michael Herrman explique que « Tous les éléments d’architecture intérieure et extérieure de l’appartement ont une fonction, y compris la cheminée extérieure. Le verre est omniprésent, y compris pour les placards de la cuisine, les carrelages, les plans de travail et autres éléments de décoration. Quant aux trois chambres, elles donnent sur une cour séparée et sont desservies par des salles de bains privatives. » Car ce duplex propose deux chambres au 6ème et une suite parentale avec une grande salle de bain au 7ème, ainsi qu’un grand bureau au même étage.
Au-dessus du grand espace à vivre, au niveau du 7ème étage, on trouve donc un espace au sol en verre impressionant, qui n’est pas vraiment aménagé, mais qui permet d’admirer l’espace en dessous et le mur végétal, depuis ce rocking-chair de Eames.. Détail original, le lustre qui est suspendu au-dessus de la cour aménagée !
Vue depuis la cour sur la grande pièce à vivre, conçue comme un loft avec l’espace à manger, le salon et sa cheminée, et au fond à droite, la cuisine. On accède également aux 2 chambres et à la salle du bain de cette étage en passant derrière la cheminée. A gauche, l’escalier permet donc d’accéder à l’étage supérieur du duplex.
Michael Herrman a voulu conserver au maximum le charme de l’ancien, à commencer par ces très vieilles poutres de chêne bicentenaires, restaurées, qui viennent se placer sous la structure métallique permettant de supporter ce plafond de verre.
Détail de la pierre en calcaire qui a elle aussi été restaurées pour ce projet. Il faut savoir que le quartier de la Madeleine regorge de constructions du début du 19ème siècle, voire fin du 18ème siècle !
L’escalier en métal contemporain et son garde corps ajouré.
Vue de l’espace salon. Un aménagement a été conçu spécialement pour stocker le bois pour la cheminée, ainsi qu’une petite bibliothèque à gauche de la cheminée.
Vue sur la cuisine et l’espace à manger. La cuisine tout en inox fait écho à l’escalier en métal dans la pièce à vivre, et aux poutres métallique de la structure de verre.
Comme dans la grande pièce à vivre, Michael Herrman a choisi le parti pris d’une table en verre reflétant la lumière de l’extérieur, et l’image des poutres sur celle-ci. Autre élément contemporain, cette chaise en métal de chez Magis. Minimalistes aussi, les volets intérieurs blanc qui, ouverts, s’effacent et se confondent avec les murs. Le fait de choisir volontairement des matériaux de verre ou à surface réfléchissante permet d’agrandir visuellement l’espace de ce duplex.
La cheminée au centre de la pièce à vivre est vraiment comme l’axe central de cet appartement autour de laquelle on passe d’un étage à un autre, de la grande pièce à vivre à la partie nuit et à la cuisine… Sa forme, tout en rondeur, permet de casser avec l’enchevêtrement des lignes géométriques très présentes constituées par les poutres, l’escalier, les murs en sous-pente, et les tomettes hexagonales au sol !
La chambre de bébé située (?) au 6ème.
De nuit, on admire encore plus l’architecture de ce duplex et sa cour intérieure à ciel ouvert… L’architecte a confié que pour ce projet vraiment unique, il s’est inspiré de l’appartement du collectionneur Charles Beistegui conçu en 1920 par Le Corbusier dans un immeuble de l’avenue des Champs-Elysées à Paris. « Dans l’appartement Beistegui, je voyais l’extérieur comme un reflet de l’intérieur » précise Herrman. Malheureusement, cet appartement moderne posé sur un vieil immeuble n’existe plus aujourd’hui, seules des photos subsistent !
A l’étage, depuis le bureau, on peut donc admirer sans se lasser le mur végétal… De quoi améliorer sa créativité non ?
Depuis ce petit sas situé en haut de l’escalier, au-dessu du plafond de verre, on devine la forme du conduit de la cheminée et on accède à la grande suite parentale et à sa salle de bain, ainsi qu’au bureau situé à l’autre extrémité, et au calme pour sûr !
Les heureux propriétaires…
Les plans du duplex !
Pour en savoir plus sur Michael Herrman, vous pouvez son interview (en anglais) sur ce site.
Publié à 12:00 Permalien ∞ Tags: architecture chambres de bonnes Charles Beistegui cour intérieure duplex le corbusier Les Ombres Madeleine métal Michael Herrman mur végétal paris pierre poutres renovation toits tomettes végétalisation verre visites