Mon ami suisse, Roland, qui souhaitait avoir mon avis, m’a offert deux bouteilles de Barbaresco d’Andrea Sottimano : Pajoré et Cottà du millésime 2008.
Les bouteilles ont séjourné dans ma cave fraîche pendant cinq mois, avant d’être ouvertes le week-end dernier. Les vins ont été mis à la température de la pièce, et épaulés deux heures avant la première dégustation, puis replacés dans la cave ensuite. Ils ont été regoûtés deux fois sur une durée de 48 heures. La première dégustation a montré d’excellents vins voir plus pour Cottà 2008, hélas marqués par des finales sérieusement asséchantes et astringentes. Ces sensations ont diminué progressivement, lors des dégustations suivantes sans disparaitre totalement lors de la dernière séance (voir le compte rendu). A table, avec le plat nous remarquons ni sécheresse, ni astringence. Je n’ai pas de recul suffisant avec ces vins, j’émettrai l’hypothèse, compte tenu de la diminution progressive de la sécheresse et de l’astringence avec le temps et l’aération que les vins sont dans une phase austère et qu’il aurait été nécessaire de les mettre en carafe. En tenant compte de ces paramètres, je leur accorde des notes potentielles d’excellent niveau, bien que l’harmonie ne soit pas au rendez-vous aujourd’hui. Pour accompagner ces deux vins, un vitello tonnato, un plat du Pièmont a été préparé. A base de veau cuit à feux doux durant deux bonnes heures, cette recette est originale dans sa confection, car la sauce est à base d'anchois et de thon, monté en mousse crèmeuse avec le jus de viande et un oeuf dur.
C'est très parfumé, très dense. L'accord a été convaincant. Evidemment, pas un plat à mettre à tous les vins!
Barbaresco : Sottimano : Pajoré 2008
La robe, un peu terne, est soutenue de couleur grenat, très légèrement évoluée au bord du disque, le nez est net et expressif avec des arômes de fruits variés ( cerises, mûres, notes de baies de sureau) d’épices fortes (massala) de thym avec des notes balsamiques et d’eucalyptus. La bouche est veloutée, les tannins sont fins et bien enrobés, les sensations sont ascendantes, le centre, plein et d’une bonne ampleur, avec des rondeurs avenantes, est doté d’une chair de bon aloi, agrémenté de fruits expressifs et d’épices. La finale est longue, soutenue, d’une bonne fraîcheur, complexe, elle finit sur des sensations asséchantes et astringentes encore présentes. Note potentielle 16,5/17, note plaisir 14
Barbaresco : Sottimano : Cottà 2008
La robe de teinte rubis est moins soutenue et plus brillante que celle de Pajoré. L’olfaction, séduisante et intense, évoque les cerises mûres et fraîches, les fraises sauvages, un superbe bouquet floral (roses variées et pivoines), avec des notes épicées fines et discrètes. L’attaque est très veloutée presque soyeuse, les tannins fins et racés se trament dans un corps fuselé et dense, finement texturé, rehaussé de fruits intenses et purs. La finale est longue, fraîche, élancée, d’une grande douceur tactile, très persistante avec la rémanence des saveurs décelées à l’olfaction, elle est ponctuée par les mêmes mais plus discrètes sensations asséchantes et légèrement astringentes que sur la bouteille de Pajoré. Note potentielle 17,5, note plaisir 15. Un dernier verre, 72 heures après l’ouverture de la bouteille, montre que les sensations de sécheresse en finale se sont quasiment estompées