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Pour une autre alternative à gauche !

Publié le 23 mai 2008 par Albert @albertRicchi


Quelle alternative ? Quel programme pour une autre société ?

Le prochain congrès socialiste confirmera sans aucun doute l’ancrage social-démocrate du PS, son adhésion à l’Europe du Traité de Lisbonne et ce malgré la nouvelle et récente défaite de la gauche en Italie qui n’a pu empêcher le retour aux affaires de Silvio Berlusconi. Ce qui compte avant tout, semble-t-il, dorénavant au PS, c’est la «ligne de la gagne», le déni de programme, l'esbroufe et la pub-politique. L’affrontement qui se prépare entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë n’oppose-t-il pas deux anciens partisans du OUI au TCE alors que le NON l’avait emporté dans le pays, lors du référendum du 29 mai 2005 ?

Quant au PCF, il continue de se bercer de l'illusion de sa remontée électorale bien que son score ne cesse de diminuerdepuis 1950. N'en déplaise aux nostalgiques de Maurice Thorez ou de Georges Marchais, l'avenir de l'hypothèse communiste n'est pas dans l'ancrage dans un passé définitivement révolu. Il y a un temps pour tout et aujourd'hui n'est plus le temps de la préservation mais bien celui de la construction d’une gauchenouvelle.

Après les congrès du PS et du PC auxquels il faudra ajouter celui de la LCR qui ambitionne de construire un nouveau parti anti-capitaliste (NPA) mais qui se révèle incapable de réunifier l'ensemble de la famille trotskiste, éclatée en trois organisations rivales, que restera-t-il de la prise de conscience des acteurs qui, ici et là, dans les partis de gauche et dans les associations veulent tendre à unir une gauche véritable.

Politis lance un appel pour organiser l’alternative à gauche. 55 personnalités (artistes, intellectuels, responsables politiques, syndicaux et associatifs) se mobilisent pour la création d’un cadre permanent à l’intérieur duquel les forces de gauche sociale et écologiste pourraient mener le débat.

«Nous célébrons l’anniversaire de Mai 68. Le temps n’est toutefois ni aux commémorations, ni à la nostalgie.

La planète s’est profondément transformée. Le capitalisme se fait toujours plus prédateur. Les émeutes de la faim sont le corollaire de l’enrichissement indécent d’une minorité de privilégiés. Les crises financières s’enchaînent, et une catastrophe écologique se dessine. Bousculée par un nouveau totalitarisme de marché, la démocratie s’étiole.

C’est à la refondation d’une politique d’émancipation qu’il importe de s’atteler.

En France, le sarkozysme se heurte déjà à la résistance du pays. Dans les entreprises du secteur privé, dans les services publics, à l’école, d’amples mobilisations se font jour.

À quarante ans de distance, deux questions se reposent à nous : quelles perspectives offrir à la colère sociale ? Comment la volonté de changer radicalement l’ordre des choses peut-elle redonner majoritairement le ton à gauche ?

À cet égard, chacun hélas peut le constater, il manque toujours une force incarnant un projet alternatif.

Du côté de la majorité dirigeante du Parti socialiste, les volontés hégémoniques se confirment, et avec elles les tendances au renoncement social-libéral, inspirées des exemples de MM. Blair ou Prodi. Mais la gauche de transformation sociale et écologiste ne doit pas, elle, s’accommoder d’un statu quo qui lui interdit d’espérer changer en profondeur la donne politique.

La menace du bipartisme devient plus forte, avec son choix mortifère ramené à deux variantes de l’adaptation au libéralisme. Tout cela peut nous conduire à des désastres comme celui que vient de connaître la gauche italienne, incapable d’empêcher le retour de Berlusconi aux affaires et littéralement disloquée.

Les municipales et les cantonales viennent pourtant de prouver qu’il existe ici un espace comparable à celui révélé par Die Linke en Allemagne ou d’autres expériences similaires en Europe. Faute de convergence entre des traditions et des cultures jusqu’ici séparées, faute de prendre en compte l’apport des mouvements sociaux et citoyens ayant émergé depuis plusieurs années, le champ des possibles demeurera inévitablement limité : aucune force constituée ne peut rassembler autour d’elle seule.

Les échecs passés nous instruisent des difficultés de l’entreprise. Nous n’en restons pas moins convaincus que c’est le seul horizon porteur d’avenir.

Un cadre permanent pour faire front

Nous en appelons donc à l’affirmation d’une gauche enfin à gauche. Qui n’oublie plus la nécessité de redistribuer les richesses. Qui soit en phase avec les aspirations des salariés, avec ou sans papiers, des quartiers populaires, des jeunes. Qui conjugue urgence sociale, urgence démocratique et urgence écologique. Qui permette au peuple d’exercer sa souveraineté dans tous les domaines. Qui place l’égalité entre hommes et femmes au cœur de son projet. Qui milite pour un nouveau mode de production et de consommation, soutenable et respectueux des équilibres écologiques. Qui promeuve la construction d’une autre Europe et de rapports de codéveloppement avec le Sud. Qui devienne, ce faisant, une véritable force.

Militants politiques, acteurs du mouvement social et culturel, nous pouvons dès à présent agir de façon coordonnée. Sans préalable sur les engagements des uns et des autres, construisons un cadre permanent qui nous permette, ensemble, nationalement et localement, de réfléchir aux moyens d’une vraie réponse politique aux attaques de la droite et du Medef et d’aborder les grands rendez-vous qui s’annoncent. D’ici l’été, que chacun et chacune se saisisse de cette proposition sur le terrain. Et retrouvons-nous à l’occasion d’un grand rendez-vous national en septembre, afin de prolonger ces échanges. »


Premiers signataires :

Paul Ariès, Ariane Ascaride, François Asensi, Clémentine Autain, Christophe Barbillat, Francine Bavay, Hamida Bensadia, Pierre Bergougnoux, Jacques Bidet, Martine Billard, Jean-Jacques Boislaroussie, Patrick Braouezec, Bernard Calabuig, Yves Contassot, Eric Coquerel, Emmanuelle Cosse, Thomas Coutrot, Claude Debons, Bernard Defaix, Marc Dolez, Annie Ernaux, Jean-Claude Gayssot, Jacques Généreux, Susan George, Dominique Grador, Robert Guediguian, Michel Husson, Raoul-Marc Jennar, François Labroille, Frédéric Lebaron, Jacques Lerichomme, Philippe Mangeot, Roger Martelli, François Maspero, Gérard Mauger, Marion Mazauric, Daniel Mermet, Mohammed Mechmache, Philippe Meyrieu, Claude Michel, Yann Moulier-Boutang, Dominique Noguères, Michel Onfray, Christian Picquet, Christophe Ramaux, Yves Salesse, Denis Sieffert, Patrick Silberstein, Evelyne Sire-Marin, Emmanuel Terray, Rémy Toulouse, Marcel Trillat, Christophe Ventura, Marie-Pierre Vieu, Claire Villiers.

Pour signer l’appel : www.appel-a-gauche.org

http://reformeraujourdhui.blogspot.com/2008/05/pour-une-autre-alternative-gauche.html
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