Un accident de plongée ? Un accident de décompression ? Cela ne peut pas arriver avec une formation sérieuse et un ordinateur de plongée bien utilisé !
Vous pourriez effectivement supposer qu'un plongeur qui a été bien formé est suffisament informé des risques inhérents à l'accident de décompression, non seulement dans sa formation premier niveau mais surtout dans celles qui suivent. Si en plus il est équipé des necs plus ultra de la technologie pour effectuer ses plongées, vous comprendrez que l'on peut légitimement croire qu'il est hors d'atteinte des aléas de la respiration sous-marine des gaz comprimés.
Cependant il apparaît qu'il peut y avoir parfois un fossé énorme entre qualité de formation avec du matériel dernier cri et réalité de terrain dans un monde presque parfait !
Le problème avec la plongée, du moins pour le cas présent, provient de la nécessité de respirer du gaz comprimé. De ce fait, le gaz inerte contenu dans tout ce qui est insufflé est stocké dans le corps du plongeur. Cela est parfois appelé l'absorption de gaz inerte et plus concrètement d'azote (voire d'hélium pour les plongées profondes au trimix) qui constitues près de 80% de ce que l'on respire.
A la fin d'une plongée, sur le chemin de retour à la surface, le procédé est inversé, le gaz inerte stocké est libérée par le corps du plongeur. Ceci est appelé élimination de gaz inerte, ou plus simplement, la décompression. Ces deux processus font partie de toutes les plongées - même apparemment bénigne à de faibles profondeurs pour de courtes périodes de temps. Chaque plongée est vraiment une plongée avec décompression.
Lorsque l'on effectue une plongée, il est essentiel de comprendre comment s'effectue l'absorption d'azote et surtout la décompression pour gérer sa plongée en sécurité, tout simplement parce que nous n'arrivons pas encore à respirer de l'eau. Si nous "nous trompons" et restons en profondeur trop longtemps, ou montons trop rapidement, en respirant le mauvais gaz, ou tout simplement si c'est une journée de malchance, nous courons un risque plus élevé que d'habitude d'accident de décompression. L'accident de décompression, c'est un ensemble de troubles provoqués par une partie du gaz inerte stocké dans le corps d'un plongeur qui n' a pas le temps d'être éliminé naturellement par la respiration et qui finit par former des obstructions à la circulation sanguine. Les conséquences vont de la nausée, la fatigue, aux douleurs articulaires, vertiges, paralysie et mort.
Le cycle absorption / élimination est complexe et décalé. Par exemple, il semble que la vitesse d'absorption du gaz inerte est différente (plus rapide) que la vitesse de l'élimination de gaz inerte.
Non seulement l'absorption et l'élimination ne sont pas parfaitement symétriques, mais plusieurs autres variables semblent jouer un rôle important dans les processus absorption / élimination. Les processus bio-physiques en jeu dans les corps des plongeurs sont complexes et pas complètement compris.
En un mot, les facteurs régissant la sécurité de décompression sont effectivement capricieux. Nous pourrions dire qu'en raison de sa complexité et de la variabilité, l'accident de décompression est la bête noire des plongeurs et de la plongée. Il fait peur certainement à beaucoup d'hommes et de femmes qui sont mes compagnons de plongée. Dans la grande majorité des plongées loisirs, le gaz inerte en question est de l'azote, mais quand un deuxième gaz inerte est introduit dans le mélange comme l'hélium par exemple, toute une nouvelle gamme de complications est ajoutée. Plonger avec deux gaz respirables comme l'oxygène et l'azote sont déjà des défis de décompression: plongée avec trois amplifie le défi de manière considérable.
Les ordinateurs de plongée : l'antidote ???
Un allié dans la lutte contre l'accident de décompression et pour une meilleure compréhension de l'absorption de gaz et l'élimination est l'ordinateur de plongée. Ils ont considérablement évolué ces dernières années. La génération actuelle fait un très bon travail de suivi de la prédiction mathématique de l'absorption de gaz inerte et de l'élimination, même si la personne qui porte le dispositif est en plongée profonde, pour de longues périodes de temps, avec la respiration de multiples mélanges gaz. Cependant, un ordinateur quel qu'il soit n'est pas une garantie anti accident de décompression.
Accepter le risque toujours présent d'ADD (Accident de décompression) et comprendre le caractère erratique de ce risque est un pré-requis pour devenir un plongeur responsable et éclairé, peu importe si vos plongées se passent à 10 mètres ou 100 mètres, ou si elles durent 20 minutes ou 200. Un ordinateur de plongée personnel est une très bonne machine à croquer des nombres. Il excelle dans le calcul de l'absorption de gaz en fonction de la profondeur, l'heure et le mélange respiratoire; et, avec l'aide d'un algorithme de décompression, montrant aux utilisateurs comment remonter et à quelle vitesse, où vous arrêter dans la colonne d'eau pour faire vos stops - les paliers -, et pour combien de temps. Toutefois, cela est théorique. La théorie de la décompression n'est juste qu' un algorithme de décompression qui est simplement un modèle mathématique qui postule ce qui se passe dans le corps d'un plongeur quand il est en plongée. La théorie de la décompression est basée sur des retours d'informations et des tests, et tout n'est pas encore expliqué et testé !
L'inconvénient de tout algorithme de décompression et donc d'un ordinateur de plongée est que la pertinence de ses calculs pour vous et moi sont limitées, car il ne peut rendre compte de manière adéquate pour les nombreuses variables biophysiques particulières à nous en tant que plongeurs individuels. Vous et moi, nous sommes peut être similaires, mais certainement pas identiques. Nous pouvons porter la même marque et le même modèle d'ordinateur et plonger avec des profils très similaires en respirant le même nitrox (ou trimix), mais subsitera entre nous des différences d'absorption et d'élimination des gaz, à des vitesses différentes, et avec différents niveaux d'efficacité . Et ces différences varient de jour en jour, de plongée en plongée.
Comme conséquence directe de cela, vous et moi pourrions bien faire de la plongée ensemble demain matin et l'un de nous peut avoir un ADD tandis que l'autre est complètement libre de tout signe ou symptôme.
Ajoutons encore une autre complication : c'est qu'il ya tout simplement des dizaines d'ordinateurs de plongée sur le marché et plusieurs algorithmes de décompression sensiblement différents à leur base. En effet, certains modèles d'ordinateurs sont capables d'exécuter plusieurs algorithmes, et souvent ceux qui exécutent le même algorithme interprétent les suggestions pour l'absorption de gaz et l'élimination différemment. Cela rend presque impossible de donner des suggestions utiles en détail sur les avantages de chacun et de la façon de contourner les inconvénients. Néanmoins, il existe quelques recommandations applicables aux ordis de plongée généralement utilisés.
A faire et à ne pas faire
1. Lisez le manuel de l'utilisateur. Prenez l'ordinateur à côté de vous. Apprenez à connaître ce que votre nouvel outil est capable de faire et comment activer les alarmes. Apprenez ce que fait chaque bouton et comment accéder au type d'information qui va vous aider à rester en sécurité sur votre plongée. Avoir absolument comme un objectif final "apprendre à vous connaître", la compréhension de ce que l'algorithme utilisé par votre ordinateur, comment régler ses facteurs de conservatisme, et les effets potentiels de plus ou moins de conservatisme sur vous et votre santé.
2. Utilisez-le selon les directives du manuel d'utilisation et selon votre bon sens. Pour tenter de réinitialiser leur ordi à cause d'une transgression récente (généralement de celle qui peut provoquer un ADD), je suis témoin de plongeurs retirant les piles, suspendant des ordinateurs dans l'eau "pour décompresser", et même de laisser leur ordi sur le bateau pour qu'il se repose durant leur plongée. Rien de tout cela n'est une bonne idée. Sérieusement !!!!
3. Tous les ordinateurs de plongée de la dernière génération émettent des alarmes lorsque leurs utilisateurs se conduisent mal. Celles-ci prennent la forme d'alarmes sonores (cloches et buzzers) ou d' avertissements visuels avec des couleurs clignotantes, des changement de couleurs sur les écrans de sortie, des symboles ou des messages. Certains combinent les deux avertissements visuels et sonores. Tout est conçu pour produire des mises en garde au plongeur, et il faut prendre note de ce que l'ordi "dit" et modifier votre comportement en conséquence.
Il m'est arrivé lors d'un palier prolongé sur une plongée aux mélanges de voir quelqu'un rivé sur sons ordi qui hurlait sans cesse. Il n'avait pas lu le manuel de l'utilisateur avant la plongée, et était donc incapable d'effectuer le changement des trois gaz de décompression utilisés sur la plongée. Alors que toute l'équipe de plongée traînait à six mètres, son ordinateur l'invitait à revenir à 30 mètres.
4. Comprendre que l'ordi, même avec une étiquette de prix à quatre chiffres, n'est pas une panacée. Tout au plus, et à la suite du meilleur scénario possible, tout ce qu'un ordinateur de plongée peut fournir à son utilisateur est un guide approximatif de leur statut de décompression.
Il faut comprendre que l'ordi de plongée ne donne qu'une partie des infos et ne constitue aucune garantie anti ADD. Plusieurs dizaines de facteurs interviennent, et c'est pour celà qu'arrivent ces fameux accidents dits "immérités", où celui qui a fait un ADD ne comprend pas ce qui lui est arrivé puisque son ordi ne disait rien.
En fait, on entend souvent un plongeur exprimer sa déception suite à un problème alors que l'ordi n'émettait aucune alarme. Les ordinateurs de plongée ne sont pas magiques et sont incapables de faire des prévisions pour chacun des facteurs favorisants d'ADD.
Si nous ne parvenons pas à reconnaître des erreurs dans notre propre comportement, nos préparatifs pré-plongée, ou l'influence de notre constitution personnelle et aptitude à la plongée, et si nous refusons de prendre la responsabilité personnelle, le processus d'apprentissage se décompose. En clair, ce n'est pas notre ordi qui déconne, c'est nous !
Beaucoup d'entre nous se concentrent sur seulement une petite partie de l'image globale en matière de sécurité de décompression. Par exemple l'hydratation.
Une bonne hydratation peut jouer un rôle dans la sécurité de décompression, mais boire un demi-litre d'eau immédiatement avant la plongée ne fait rien si ce n'est vous faire pisser.
Alors d'où vient ce laisser aller ?
Si vos plongée sont cools, si vous êtes certifié à utiliser et bien utiliser le nitrox approprié pour vos plongées, si vous vous comportez de manière responsable et sécuritaire, et si vous suivez les meilleures pratiques proposées par des organisations sérieuses, il y a de très fortes chances que vous n'expérimentiez jamais l'ADD. Si votre manière de plonger est un peu plus extrême, si vous effectuez régulièrement des plongées avec de longs paliers, le conseil est de plonger de manière particulièrement conservatrice. Vous devriez rechercher et comprendre tous les nombreux facteurs qui peuvent avoir une incidence sur votre sécurité, et planifier en conséquence.
Sortir de l'eau le plus rapidement ne doit surtout pas être un défi. Savoir dire au revoir à l'eau en ajoutant les quelques dernières minutes salvatrices et en remontant de manière millimétrée à la vitesse d'un escargot, savoir dire non à une plongée lorsque l'on est pas en forme, avoir une bonne hygiène de vie avec suffisamment de repos et d'entretien physique sportif, voici une bonne façon de prévenir les accidents de décompression !
Et avant de vous lancer dans une formation plongée avec Aquadomia.com pensez bien à soigner votre hygiène de vie !