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Tous les voyants sont donc au vert Outre-Atlantique ? Pas tout-à-fait. Il faut encore parler de phase de reprise pour qualifier l’économie U.S., et non de phase d’expansion, l’étape à suivre, qui se caractérise par le plein emploi. D’une part, la croissance des bénéfices des sociétés ne s’accompagne pas encore d’une croissance structurelle forte des chiffres d’affaires. Autrement dit, la progression des marges des entreprises tient, pour le moment, davantage à la rationalisation des coûts qu’à une nette impulsion de leur volume d’affaires et de leurs parts de marché. D’autre part, la reprise ne profite pas dans les mêmes proportions au consommateur américain moyen. A la différence des reprises passées, la hausse des salaires reste globalement contenue. Lors de la précédente phase de reprise, les salaires américains progressaient de 3,5% par an, avec une inflation à 2,5%. Depuis 2010, le rythme de revalorisation est plus modeste, de l’ordre de 2%, pour une inflation elle aussi autour de 2%, soit un impact mineur sur le pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages. Surtout, il ne faut pas négliger l’impact potentiel de facteurs d’incertitude exogènes, de nature à freiner la conjoncture américaine, voire même, selon les scénarii les plus sombres, à « casser » la reprise. Le ralentissement économique mondial pourrait notamment altérer les exportations américaines au cours des prochains trimestres. Un risque contre lequel la banque centrale américaine ne peut, cette fois, pas grand-chose.
En effet, la Réserve Fédérale n’a pas véritablement de prise sur les perspectives de croissance dans les autres régions du monde, un constat qui amène l’institution à encourager, implicitement, les autres banques centrales à agir. La récente décision de la Banque du Japon d’intensifier ses rachats d’actifs n’est pas anodine. Si l’économie américaine peut désormais se passer de relance monétaire à son échelle, les autres zones économiques du monde, elles, ne le peuvent pas. A moyen terme, le sort de la croissance économique américaine sera de moins en moins autonome vis-à-vis de l’état de santé économique des autres pays !
A propos de l'auteur : Rémi Lelu De Brach est gérant Taux chez Quilvest Gestion.