Six mois à peine après la publication du premier tome des vieux fourneaux, qui, rappelons le, a été récompensé par le Prix des libraires BD , Wilfried Lupano et Paul Cauuet ajoute un nouveau volet à cette sympathique série. C’est avec un plaisir non dissimulé que je retrouve cette petite bande de vieillards anarchistes !
Quoi de neuf depuis la fin du dernier tome ? Nos trois compères, Pierrot, Mimile et Antoine n’ont pas changés et c’est tant mieux. Le temps passe, puisque la jolie Sophie est devenue maman, mais ne semble pas avoir d’effet sur la vivacité et le militantisme de nos héros. Dans Bonny and Pierrot l’action se centre sur le fameux Pierrot, c’est facile c’est écrit dessus me direz-vous ! On le retrouve au milieu de sa bande d’anars malvoyants, où il reçoit un mystérieux colis contenant un don pour la « cause » ! Sauf que cette missive est signée Ann Bonny, son amour de jeunesse, qu’il croyait disparue depuis plus de quarante ans…
Le scénario de Wilfried Lupano se base sur le même schéma que pour Ceux qui restent, un élément du passé resurgit dans la paisible vie du héros et la ramène sur les traces de sa jeunesse. Là encore, cela fonctionne très bien ! On suit les aventures de notre Pierrot élaborant avec son collectif Ni Yeux Ni Maîtres, des attaques ciblées pour continuer la lutte. Entre une bombe gériatrique à pets, bien posé dans un meeting de Jean-François Copé, ou encore une apprentie hackeuse hors d’âge prête à tout pour pirater le blog de Nadine Morano, je me suis régalé de bout en bout. Hormis le fil conducteur de cet album, on voit également l’évolution du théâtre du loup en slip, des séquences à répétition chez la boulangère devenue un antre de la marchandisation, ces intrigues secondaires donnent du coffre à l’histoire. Une fois de plus, le ton est juste, les répliques claquent au fil des pages. Plus que l’humour présent tout au long de l’album, c’est également un joli message humain, celui de se dire que malgré l’âge seule l’envie compte ! Benoite Groult dit que « La vieillesse est si longue qu’il ne faut pas la commencer trop tôt », je pense que ce livre en est l’illustration.
Graphiquement, j’ai pu noter une petite évolution sur ce second tome. En effet, pour moi, Paul Cauuet a gagné en fluidité et en finesse. Ces personnages font plus vrai, il s’en dégage plus d’émotions, et on commence sérieusement à s’attacher à cette bande de vieux briscards.
La barre était placée déjà bien haut avec le premier volet, pourtant, Bonny and Pierrot est encore un cran au dessus ! Cet album est percutant, touchant, irrévérencieux et cela fait du bien par les temps qui courent...