Internats: de « l’excellence » à « la réussite »
« Les internats de la réussite accueilleront désormais tout élève dont la famille en fera la demande, dès lors qu’une place est disponible (…) Tout élève motivé, quels que soient ses résultats, doit pouvoir bénéficier de l’internat. Toutefois, une priorité sera donnée aux jeunes de familles socialement défavorisées, notamment issues des territoires prioritaires de la politique de la ville et de l’éducation prioritaire ».
Le « déploiement sur une grande échelle des internats d’excellence constitue une véritable révolution dans notre système scolaire » n’avait pas hésité à dire Nicolas Sarkozy lors de son discours de Montpellier sur l’éducation, le 22 février 2012 en pleine campagne des dernières présidentielles.
Nicolas Sarkozy avait été aussi on ne peut plus clair lors de l’inauguration de « l’internat d’excellence » de Marly-le-Roi à la rentrée 2010 sur son entreprise (idéologique?) de la promotion du »mérite » (et par le »mérite ») : « Dans l’internat d’excellence, il n’y a aucune dimension disciplinaire. Ce n’est jamais une sanction que d’arriver dans un internat d’excellence [...]. C’est une récompense, c’est une promotion, c’est une chance. Ce n’est pas là la seule nouveauté de la rentrée. Le ministre Chatel va en effet inaugurer à Tende le premier établissement de réinsertion scolaire. Là, nous sommes dans une dimension totalement disciplinaire, je dirai exclusivement disciplinaire ». Et Nicolas Sarkozy de conclure : « La République, c’est celle qui doit promouvoir celui qui le mérite, et qui doit sanctionner celui qui le mérite ».
Nicolas Sarkozy perd aux élections présidentielles de mai 2012, et un an plus tard l’intervention de Jean-Paul Delahaye (alors directeur général de l’enseignement scolaire) devant les correspondants académiques et les chefs d’établissements des internats le 30 août 2013 marque un tournant significatif :
« Conformément aux orientations données par l’article 1 de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République et formalisée dans la circulaire de rentrée, il faut à présent dépasser la réponse partielle et coûteuse des internats d’excellence et, en prenant appui sur votre expérience collective et celle de vos autres collègues responsables d’internats, construire ensemble une nouvelle étape de notre politique nationale des internats
marquée par la nécessité, vous l’avez éloquemment montré dans vos internats, d’un véritable projet éducatif et pédagogique
marquée par l’association étroite des collectivités locales, des parents d’élèves, des personnels,
marquée par le souci de la pleine réussite de tous les élèves et pas seulement de quelques-uns,
marquée par la nécessite de maîtriser les coûts.
Comme le dit la loi du 8 juillet 2013, « tous les internats, dans leur diversité, doivent proposer l’excellence scolaire et éducative aux élèves accueillis ».
Il ne s’agit pas de renier le passé mais d’assurer la continuité de l’Etat et d’élargir nos ambitions au service de tous les élèves potentiellement concernés.
Chacun s’accorde à constater que, dans la société contemporaine, la demande d’internat est forte. Nous savons que l’offre n’est pas encore à la hauteur des besoins, singulièrement dans certaines régions, singulièrement en collège ou en lycée professionnel, singulièrement pour les jeunes filles, singulièrement aussi en zones rurales dont les élèves n’étaient d’ailleurs pas éligibles à la politique des internats d’excellence.Tous ces points justifient, en soi et positivement, la relance de l’internat de la réussite pour tous »
Le « jaune budgétaire » consacré au PIA ( le programme investissement d’avenir) vient de faire le point sur l’action « internats d’excellence » qui a été renommée »internats de la réussite ».
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