Photo ©ALAIN JOCARD / AFP
A mi-mandat, les français s’interrogent sur les raisons qui ont conduit le président de la République à un record historique d’impopularité, mais aussi et surtout à une dépression du pays.1er péché - François Hollande s'est trompé de campagne. Plus exactement, son discours du Bourget -"mon ennemi n'a pas de visage..."- et/ou son face-à-face avec Nicolas Sarkozy - "moi Président..."- lui ont, certes, permis de gagner l'élection, mais pas le quinquennat. Si le candidat parlait à la gauche historique en 2012; En qualité de chef de l’état, il s'adresse aujourd’hui aux sociaux-démocrates. Depuis deux ans et demi, l’homme tente de consolider ce que l'on a compris de ses intentions avec ce que l'on constate de ses actes, publics et privés. La mauvaise colle n’a pas pris… Ainsi s'enchaînent des décisions dont on recherche toujours la cohérence. Ainsi s'aggravent les frondes entre socialistes au sein de la gauche.
2ème péché - François Hollande semble avoir mal apprécié la situation. Lui, qui a toujours vu les faits donner raison à son optimisme, croyait en la théorie des cycles économiques. Il pensait que la croissance, en France et en Europe, allait lui offrir les moyens dont il ne disposait pas. Il connaissait certes les comptes du pays, mais il n'avait pas mesuré l'état dégradé des entreprises ni anticipé l'exposition prévisible du chômage. Cette sous-estimation des réalités l'a conduit à "oublier" d'alléger la dépense publique, à alourdir les impôts et charges, au point d'asphyxier la croissance. Faute d'avoir engagé les réformes de structure, celles qui produisent naturellement des économies, le chef de l’état est désormais confronté à un déficit impossible à éponger, contraint à réduire brutalement les aides à la famille ou aux collectivités locales.
3ème péché - François Hollande est arrivé au pouvoir après dix ans de grasse opposition. Les socialistes ont fait preuve d'une impréparation vertigineuse, tant sur la forme que sur le fond. Il n'est presque pas de projets qui ont été débattus et arbitrés entre eux. Presque pas de principes consensuels. Les accords politiques ont davantage servi à se trouver des alliés, verts ou radicaux, à faire de la comptabilité parlementaire, qu'à s'entendre sur un certain nombre de grands choix. La réforme territoriale ou la politique fiscale en sont deux belles illustrations. Cette impréparation vaut également pour la méthode. Les socialistes, faute d'anticipation, sont passés maîtres dans l'art du couac et du chiffon rouge. Faute d'un chef élu par conviction, la majorité ressemble au final, à une jolie brouettée de grenouilles.
De ces deux ans et demi, les français retiennent pourtant des marques qu'une alternance aurait bien du mal à effacer. Rétablir la première tranche d'impôt sur le revenu? Impopulaire. Revenir sur le mariage homosexuel ? Explosif. Annuler la modulation des allocations familiales? Coûteux. Enterrer le CICE et les allègements de charges? Suicidaire. Revenir sur le non-cumul des mandats? Périlleux. Détricoter les métropoles et la carte des Régions? Improbable. Quitter le Mali ou l'Irak? Risqué.Le gouvernement Valls II est aujourd'hui trop affaibli pour réaliser de grandes choses. Une bonne absolution s'impose : "Va en paix mon fils et laisse la place au prochain".FG