Tiré de Dreamstime
Voilà des heures que l’homme est là. Dissimulé derrière sa fenêtre, le regard perdu contre un horizon inaccessible. Il plisse les yeux. Dehors, la foule se meut en tous sens, allant de gauche, de droite, en une chorégraphie chaotique. Combien de temps encore le monde va-t-il continuer ainsi ? À jouer, infatigable, cet immuable ballet aux arrangements grotesques. Le monde, aujourd’hui, s’apparente à une fourmilière où chacun enjambe la vie pour accomplir sa tâche quotidienne, absorbé par le temps.
Il y a tellement de combinaisons, tellement de possibilités. Comment, alors, trouver en cette fourmilière agitée ceux qui le feront vibrer ? Ceux auprès desquels il pourra enfin se dévoiler ? Et, comment, encore, dénicher celle qui daignera se faire complice de cette course effrénée ? Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, se dit l’homme. Une botte de foin emplie de bêtise. De cette bêtise humaine qui coule dans nos rues. Dont l’autre transpire. Pas l’homme, non. L’autre : le con.
Si seulement le monde pouvait l’aider un peu à faire la part des choses. À faire ce tri d’une vie en rangeant d’un côté l’homme bon, et de l’autre le con. Soudain, d’épais nuages surgissent, obscurcissant l’horizon. Le vent se lève, le tonnerre gronde. Un décor apocalyptique dont l’homme se délecte. Et la foule, dehors, s’affole. Le ciel se fend en deux et aspire en son sein une partie de la foule qui, là, ne se meut plus. L’homme, derrière sa fenêtre, sourit enfin. Le ciel l’a entendu, le con s’en est allé.