Au-delà du genre et de la structure familiale, l’étude révèle que les revenus et les niveaux de formation ne sont pas déterminants pour la pratique de la grande mobilité. Face à la dégradation du contexte économique de ces dernières années, la grande mobilité est de plus en plus nécessaire, pour concilier vie privée et vie professionnelle. Avec la hausse du taux de chômage, elle s’impose notamment aux populations les plus exposées à la précarité professionnelle. En 2011 en France (30 à 59 ans), ils étaient 80 % en Espagne. La recherche fait ressortir qu’il est de plus en plus fréquent d’envisager de devenir grand mobile au cours de sa carrière, à plusieurs reprises et pour des périodes plus ou moins limitées. À l’exception des travailleurs mobiles par nature (pilotes, représentants de commerce, chauffeurs…), on s’y résout souvent plus par nécessité que par plaisir et essentiellement pour des raisons matérielles : obtention d’une promotion, difficultés professionnelles ou personnelles.
De plus en plus de grands mobiles jugent en effet leur situation fatigante, voire éprouvante et peu enrichissante (sauf économiquement). L’étude identifie certains effets de ce mode de vie sur la santé (fatigue), la vie de famille (éclatement familial) ou la vie sociale (moindre socialisation). Impact de la grande mobilité sur la famille :
- Entre 2007 et 2011, 13% des hommes grands mobiles se sont séparés de leur conjointe contre 9% des hommes qui ne sont pas dans ce cas.
- Chez les femmes grandes mobiles 17% ne vivent plus avec leur partenaire, contre 8% chez les non-mobiles.
Impact de la famille sur la grande mobilité. Chez les femmes, la maternité coïncide avec l’arrêt de la grande mobilité ce qui est beaucoup moins vrai chez les hommes :
- 59% des hommes grands mobiles en 2007 ne le sont plus en 2011 s’ils ont eu un enfant. Ils sont 51% à ne plus l’être chez ceux qui n’en ont pas eu.
- 56% des femmes sont restées mobiles si elles n’ont pas eu d’enfant et 83% arrêtent d’être grandes mobiles après avoir eu un enfant (dans le cas d’un 1er enfant, plus aucune ne l’est). Autres articles
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Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, les grands mobiles ne vivent pas plus en ville que dans les zones périurbaines ou rurales. Au-delà du développement d’une offre de transports plus diversifiée et plus performante, l’accroissement de la grande mobilité dans nos sociétés dépendra de l’évolution du code du travail, du marché du travail, de la structure familiale, de la fluidité du marché résidentiel et d’autres facteurs comme, la place des femmes sur le marché du travail ou la répartition des rôles homme/femme au sein du foyer. Intervenir sur les grandes mobilités ne peut se faire seulement au travers d’une politique des transports mais dans le cadre plus large d’une politique de la mobilité. Contrainte ou volontaire, nécessaire ou occasionnelle, la grande mobilité est rarement intégrée ou perçue par l’entreprise comme un statut, voire un métier à part entière. Pour le Forum Vies Mobiles, il conviendrait que les entreprises s’attachent à mieux répertorier les métiers des grands mobiles. Au regard des résultats de cette étude, deux axes sont préconisés :
- Repérer et accompagner les grands mobiles par une politique RH spécifique.
- Développer les compétences nécessaires à la grande mobilité par exemple en attribuant ces postes à des profils adaptés (sans enfants par ex.) et les accompagner par des formations spécifiques, une revalorisation des postes et un accompagnement des familles.
- Faciliter le lien des grands mobiles avec leur port d’attache. Même si certains disposent d’un confort matériel supplémentaire (rémunération, transport, hébergement), le besoin d’un cadre familial et social fiable est prégnant. L’entreprise pourrait faciliter le lien familial avec des outils adaptés : tablette, skype….
- Reconsidérer la valeur économique du temps de transport des grands mobiles. Si le mouvement se poursuit et que les transports deviennent de véritables centres d'affaires, la question de la valeur économique du temps passé à voyager pourrait être posée : pourquoi ne pas le considérer tout bonnement comme un temps de travail à part entière et inciter des salariés à utiliser des moyens de transport permettant de travailler dans de bonnes conditions ?