Chronique « Hommes à la mer » : C’est pas l’homme qui prend la mer…
Adaptation libre des nouvelles de Conrad, Hodgson, Mac Orlan, Poe, Schwob et Stevenson, dessins et couleurs de Riff Reb’s,
Public conseillé : Adultes / Adolescents
Style : nouvelles
Paru aux éditions Soleil, le 29 octobre 2014, 120 pages couleurs, 17,95 euros
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Le principe
L’auteur récompensé du “Loup des mers” (Prix Ouest France / Quai des bulles 2013), adapté de Jack London et de “A bord de l’Etoile Matutine” (d’après Pierre-Mac Orlan) clôture sa trilogie maritime avec huit histoires courtes, entrecoupées de grands textes illustrés. C’est un barouf d’honneur, un tour d’horizon des auteurs qu’il apprécie particulièrement et qui se sont penchés sur les relations entre l’homme et la mer.
Dans l’incapacité de trouver un récit aussi fort et adaptable que les deux grands romans précédents, Riff Reb’s a choisit d’en finir, à sa façon, par une dernière rasade choisie avec soin.
Ce que j’en pense
Amateur inconditionnel de Reff Rib’s et de récits maritimes, c’est avec un immense plaisir que j’ai entamé cet album. Pourtant, le principe du “recueil de nouvelles” n’est pas en général une excellente idée. Mais “Hommes à la mer” s’en sort plutôt bien.
Le thème (maritime et romanesque) et le traitement graphique de Reff Rib’s amènent une vraie cohérence à l’ensemble, qui se déguste, soit d’une traite, soit en piochant par petits bouts.
Une fois encore, le travail de Riff Reb’s fait mouche. Son dessin, expressif et démesuré (Brrrr, les scènes de tempêtes, effrayantes à souhait) est parfaitement adapté à ces textes épiques et romantiques.
Même si le coté sombre et dramatique l’emporte souvent (“Les Chevaux marins” de William Hope Hodgson ; ”Le Grand Sud” de Pierre Mac Orlan ; “Les 3 gabelous” de Marcel Schwob…), il a choisit des textes variés qui apportent des éclairages différents.
Tantôt lyrique (“Un sourire“ de Conrad,) tantôt poétique et fantastique (“Une descente dans le Maelström” de Edgar Allan Poe), il adapte même des textes ironiques qui ne manquent pas d’humour (“Le dernier voyage du Shamraken“ de William Hope Hodgson et “Le naufrage” de Robert Louis Stevenson).
C’est certain, quel que soit votre style de récit préféré, vous trouverez certainement un gâteau pour la faim.
Et puis, il reste le dessin de Reff Rib’s. Un trait puissant, légèrement caricatural, qui “enchante” les paysages maritimes.
Entre grosses masses noires et matière charbonneuse, son dessin est une véritable ode à l’élément liquide. Tuju’, que c’est beau !
Quant aux couleurs, traités en grands aplats saturés (vert / rouge / bleu…), elles laissent vivre le dessin.