Jacques Réda publie La Nébuleuse du songe, suivi de Voies de contournement, La Physique amusante, III, aux éditions Gallimard.
AVANT-PROPOS ET DEDICACE
Une fois établi le sens brut de sa tâche
(Être à tout prix alors qu’il surgit du Néant
Et, goutte infime, veut devenir océan),
Est-ce que l’Univers invente ou bien rabâche ?
Minuscules fragments de ses explosions,
En tout cas il se peut que nous reproduisions
En esprit comme en chair l’élan qui le transporte
Et qui semble devoir le mener à ses fins.
Ainsi reprenons-nous les mêmes vieux refrains,
Heurtant de nos question une absence de porte.
Je tourne donc en rond, ressasseur et fumeux,
Sur la trace des sauts que d’autres, plus fameux,
Accomplirent au seuil qui recule à mesure
Qu’on avance ; n’ayant guère d’autre instrument
Plus précis que le mètre à la souple césure
Et son rythme propice à mon entêtement.
Comme par gravité, ce monde-nébuleuse
Appelle à lui celle du songe où j’ai flotté
Au risque de fâcher l’école querelleuse
À qui je dois le peu de mon savoir, hanté
Par la soif de franchir enfin la barricade
Dressée entre le centre obscur et mon circuit.
Mais je n’aurai suivi, de rocade en rocade,
Que ce qui m’en éloigne et plonge dans la nuit.
Cependant j’adhérais au rythme qui dirige
Le moindre mouvement des astres et les bonds
Des coursiers que le Vide attelle, sans aurige.
À ce rythme emportant les mondes vagabonds
Par l’Espace uniforme et les ponts de vertige.
Et vous étiez toujours, et simultanément,
La fin de mon voyage et son commencement,
Étincelle du temps, qui le brûle, et voltige.
Jacques Réda, La Nébuleuse du songe, suivi de Voies de contournement, La Physique amusante, III, Gallimard, 2014, pp 9 et 10
Jacques Réda dans Poezibao :
bio-bibliographie, , extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, extrait 7, Notes sur la poésie, notes sur la poésie 2, extrait 8, Démêlés (parution), extrait 9, extrait 10, ex. 11, ext. 12, ext. 13, ext. 14