"Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse" avertissent les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) dans un rapport de synthèse publié ce dimanche 2 novembre à Copenhague. Pour cela, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront être réduites de 40 à 70% d'ici 2050, et disparaître à l'horizon 2100, auquel cas le changement climatique aura des" impacts graves, étendus et irréversibles".
La communauté internationale s'est fixée comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C afin de limiter les impacts du changement climatique. Le problème est que les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevés "depuis 800.000 ans", affirment les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) dans un rapport de synthèse publié ce dimanche 2 novembre à Copenhague. Ce rapport du GIEC, qui vient après ceux de 1990, 1995, 2001 et 2007, est une évaluation globale de l'état des connaissances sur le changement climatique. Depuis vingt-cinq ans, les mises en garde des experts du climat se font à chaque nouveau rapport plus précises et plus incontestables.
Ce nouveau rapport confirme que le réchauffement du système climatique est sans équivoque et que nombre des changements observés sont sans précédent depuis des décennies, voire des millénaires: réchauffement de l'atmosphère et des océans, diminution de la couverture neigeuse et recul des glaces, élévation du niveau des mers et augmentation des concentrations de gaz à effet de serre. Chacune des trois dernières décennies a été plus chaude à la surface de la Terre que la précédente, et plus chaude que toutes les décennies antérieures depuis 1850.
Selon le rapport, entre 1880 et 2012, la température moyenne à la surface de la Terre et des océans a gagné 0,85°C, un réchauffement dont la vitesse est inédite. " S'il n'est pas contrôlé, le changement climatique aura des impacts graves, étendus et irréversibles " expliquent les experts du GIEC. "Aujourd'hui, nous devons nous concentrer sur l'essentiel et privilégier l'action, faute de quoi les risques que nous courons s'aggraveront d'année en année"
"Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse", commente Rajendra Kumar Pachauri, le président du Giec, dans un communiqué.
Pour respecter cet objectif et limiter le réchauffement climatique, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 à 70% d'ici 2050, et disparaître d'ici 2100 selon le GIEC. Comment ? en limitant drastiquement l'utilisation des énergies fossiles, en améliorant fortement l'efficacité énergétique, en limitant la déforestation, etc.
Pour le GIEC, remplir un tel objectif n'aura pas un impact négatif " significatif " sur la croissance. Le rapport estime en effet que des efforts "ambitieux" de réduction de gaz à effet de serre ne feraient baisser que de 0,06 point par an le taux mondial de croissance au cours du 21e siècle. Et " plus nous attendons pour agir, plus ce sera coûteux ", précisent les experts.
" Nous avons les moyens de limiter le changement climatique ", estime M. Pachauri, pour qui " les solutions sont nombreuses et permettent un développement économique et humain continu ". " Tout ce dont nous avons besoin, c'est de la volonté de changer ".
Ce rapport doit servir de base scientifique aux responsables politiques dans les négociations internationales visant à limiter le réchauffement et qui doivent aboutir fin 2015 à Paris à un accord global. Ce ultime cri d'alarme des experts du Climat sera-t-il entendu par nos dirigeants ?
Stella Giani
Lire le rapport du GIEC Changements climatiques 2013, les éléments scientifiques