Note du Dr Edwige Antier sur l’éducation sexuelle des enfants.
Le problème de l’exposition « Le Zizi sexuel » est de s’adresser à des enfants trop jeunes. Elle devrait être réservée à partir de 12 ans.
Car l’éducation sexuelle des enfants demande de connaître et respecter leur calendrier de développement : à partir de 5 ans, l’enfant sort de ses premières phases, anales et phalliques, pour entrer en « période de latence » jusqu’à la puberté, qui commencera vers 12 ans.
Cette notion de latence, conceptualisée par Freud, est admise par tous les spécialistes du développement psychique de l’enfant.
À partir de la cinquième année, les manifestations sexuelles sont mises en veilleuse. D’exhibitionniste, l’enfant devient pudique. Il fantasme une sexualité bien différente de cette des adultes, les zones érogènes se dispersent dans son corps en mosaïque. Toute l’énergie pulsionnelle de l’Œdipe est sublimée pour permettre les acquisitions, qu’elles soient scolaires ou symboliques… comme l’accès à la lecture et les codes sociaux de relation avec autrui. C’est parce que l’enfant a passé le cap de l’Œdipe et assimilé la loi sociale que la lecture en tant que code lui est accessible. Il peut alors investir la vie en collectivité et ses valeurs. Il intériorise les exigences et les interdits sociaux et parentaux.
Vouloir érotiser à contretemps l’éducation de l’enfant avec des références post pubères, c’est nuire à l’installation de la période de latence. À l’heure où tant d’enfants ont déjà du mal à mettre de l’ordre dans leurs émotions, que la Cité des Sciences, dont l’objectif est d’instruire les enfants, propose une telle exposition dès l’âge de 9 ans, donne envie de dire : « Laissez-les tranquilles ! »