Le moyen âge, époque de lumières et de troubles, opaque et pourtant ouverte en se cherchant un avenir au travers de la nébuleuse de l’ignorance. L’imprimerie, récemment inventée, permet désormais la diffusion des idées rapidement, éveillant les esprits et les consciences. Les artistes se cherchent un regard neuf sur le monde, l’entièreté de la société veut exister malgré le népotisme féodal, la religion garde d’une main de fer la ligne de pensée du monde occidental et, l’inquisition veille à maintenir les âmes dans le droit chemin sous couvert de l’infaillibilité du successeur de saint Pierre.
Bâtir un roman dans cette période agitée n’est pas facile, peu de traces en sont restées et, s’il en est encore, elles omettent souvent la réalité du terrain de ce début de XVIème siècle. Dans son roman, Jean-Pierre Bours ose agrémenter l’authenticité des certains faits et personnages connus, avec de la fiction. Fiction certainement, mais pas une pure invention à l’estime : son roman est lourd des vérités de cette époque. Que ce soit la manière de faire un procès, ou la façon de poser la question telle qu’elle le fut jusqu’au XVIIIème siècle. L’auteur ne fait que mettre en œuvre des faits ayant existé. Vers l’an 1500, la vie d’un homme ne pesait que le poids de sa valeur pécuniaire ou de sa notoriété, la mort était un tribut normal de la vie de tous les jours, rien de plus, rien de moins.
Avec Eva Mathis et sa fille Gretchen, nous découvrons au fil des pages l’Allemagne à la fin du moyen-âge dans un roman exaltant qu’il est difficile de lâcher. La mort y côtoie la vie, l’empirisme visant à l’amélioration des choses de la vie devient de la magie, noire s’il est besoin pour donner du grain à moudre aux moulins de l’inquisition… L’accusé étant forcément coupable s’il est dénoncé par une personne de bonne réputation et, que toute tentative d’explication devient parole du diable. Puis, il y a Martin Luther qui propage des idées révolutionnaires envers le clergé, renforçant par là le recours aux méthodes expéditives du Saint-Siège, visant à maintenir son autorité sur le spirituel humain. Un équilibre délicat si on y ajoute les épidémies qui ravagent les populations entre deux passages de hordes de pillards sans foi ni loi. Il y a aussi le docteur Faust*, personnage énigmatique de son époque, qui tente de révolutionner l’approche de la médecine en la rationalisant au risque de passer pour un magicien obscur, adepte de l’occultisme (ce dont il était friand) au grand dam de sa confrérie, mais ses résultats le confortent dans la population. C’est aussi à cette même époque que Rabelais fut, lui aussi médecin (entre autres), décrié car trop ouvert au progrès, trop loin du dogme de son temps, possédant une vision objective et progressiste dérangeante pour les idéaux acquis.
*Dr Johann Georg Faust (né en 1480 et mort en 1540) ou Jean Faust était un alchimiste, astrologue, sans doute aussi médecin (bien que cela ne soit pas vérifé) et un magicien allemand de la Renaissance. Il inspira la légende de Faust adaptée par Christopher Marlowe dans sa pièce La Tragique Histoire du docteur Faust (1604) et celle de Johann Wolfgang von Goethe Faust (Goethe) (1808)
A la charnière entre la fin d’un monde et le début de la renaissance, ce livre est un superbe témoin de son époque. Montrant tant le monde d’en bas (le petit peuple) et le monde d’en haut (clergé, notables et nobles), Jean-Pierre Bours dresse pour notre plus grand plaisir une fresque très vraisemblable de la vie de ce temps. Une époque qui accouchera des bases sur lesquelles s’appuieront les sociétés à venir à la renaissance.
« Sans doute fallait-il être déraisonnable pour oser concevoir le projet de faire cohabiter autant de réalité avec autant de légendes » nous dit l’auteur en fin de livre. Mais les légendes ne viennent-elles pas, finalement, d’un fond de vérité oublié ?
Présentation de l’éditeur
Dans une Allemagne entre Moyen Âge et Renaissance, dans un monde que se disputent la peste et la lèpre, la famine et la guerre, deux femmes se battent pour accomplir leur destin. Au crépuscule du Moyen Âge, au cœur de la forêt saxonne, une jeune femme abandonne son enfant avant d’être rattrapée par les gardes du seigneur de Magdeburg qui l’accuse de sorcellerie. Depuis la » Hexenturm* » et ses fantômes avilissants, elle va choisir d’assurer seule sa défense. Quinze ans plus tard, alors que les premiers feux de la Renaissance et de la Réforme commencent à briller sur Wittenberg, Gretchen – qu’immortalisera Goethe trois siècles plus tard – ne sait pas encore que la quête de son identité l’amènera à croiser ceux qui sont en train d’écrire l’histoire, qu’il s’agisse de Luther, Cranach ou du très mystérieux docteur Faust. Quel lien unit ces deux femmes ? Quel secret les rapproche ? La Renaissance que découvre Gretchen et le Moyen Âge dans lequel se débat Eva sont-elles des périodes si distinctes ? La lumière a-t-elle vraiment succédé à l’ombre ? Et le bien au mal ?
*Hexenturm : la tour des sorcières.
4ème de couverture
Dans une Allemagne entre Moyen Âge et Renaissance, dans un monde que se disputent la peste et la lèpre, la famine et la guerre, une mère et sa fille doivent braver leur destin pour tenter de se retrouver.
1500, au cœur de la forêt saxonne, une femme abandonne son enfant avant d’être arrêtée pour sorcellerie.
Quinze ans plus tard, alors que les premiers feux de la Renaissance et de la Réforme commencent à briller sur Wittenberg, la jeune Gretchen ne sait pas encore que la quête de son identité l’amènera à croiser ceux qui sont en train d’écrire l’histoire, qu’il s’agisse de Luther, de Cranach ou du très mystérieux docteur Faust…
Un peu de l’auteur
Jean-Pierre Bours est né le 11 juin 1945 à Liège, en Belgique. Il est avocat et a enseigné le droit fiscal à l’université de Liège et à l’Ecole des Hautes Etudes commerciales.
Féru de littérature, il est l’auteur, dès 1975, d’une anthologie de nouvelles fantastiques russes (Marabout) et, en 1994, d’une anthologie de récits, policiers ou fantastiques, mettant en scène des magistrats (Fleuve noir).
Il est l’auteur d’un recueil de nouvelles couronné en 1977 par le prix Jean Ray, sous le titre « Celui qui pourrissait » (Marabout), réédité en 2012 par l’Arbre vengeur.
Se fondant sur sa parfaite connaissance du milieu judiciaire, il écrit en 1996 un roman policier, édité par Quorum, sous le titre « La Nuit du jugement », qui a souffert malheureusement de la mise en liquidation de son éditeur peu après. Il y imagine Liège en proie à la terreur, abritant en son sein un émule de Jack l’Éventreur sévissant la nuit. Ce livre peut-être téléchargé sur Kindle.
Il vient de terminer un roman historique, sous le titre « Indulgences », qui sortira le 30 octobre 2014(HC Editions). L’histoire se déroule dans l’Allemagne du début du XVIème siècle, sur fond de procès en sorcellerie, et l’on y voit passer Martin Luther, Lucas Cranach, et le docteur Faust.
Source image et bio : Page de l’auteur sur Amazon