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Points abordés dans l'article: Le différentiel d'évolution entre les matières premières et le pétrole en hausse totalement débridée au mois
de mai nécessite de refaire un point ensemble sur l'inflation. Cela incite par ailleurs à nous doter d'un nouvel 'outil' pour bien comprendre la situation et s'en prémunir éventuellement.
√ Pour retrouver les articles sur l'inflation et des liens vers les indices de matières premières :
. Apprendre et comprendre l'économie : L'inflation
(Introduction)
. Apprendre
et comprendre l'économie : l'inflation (Etats des lieux)
• Résumé express de la dynamique actuelle : Dès le début du mois, un week-end avait été consacré au pétrole et à son arrivée dans une zone
historique de très long terme et d'amplitudes potentielles nouvelles qui ne déçoivent pas pour l'instant.
Dans, Correction des matières premières : quel impact ?, nous avions vu que le repli des matières premières hors énergie en Euro laissait augurer d'un affaiblissement de la
tendance haussière sur les prix à la consommation.
Cette modération est apparue pour Avril dans les chiffres officiels mais le pétrole indomptable laisse supposer qu'un élément haussier venant compenser cet autre à la baisse, il est probable que
nous devions désormais nous attendre à des chiffres plus stables pour l'avenir comme indiqué dans un précédent article dans les 'News' du soir.
Avec le graphe ci-dessus issu de l'Insee français, on voit que l'évolution de l'inflation sous-jacente (hors énergie
et alimentation) reste dans les limites historiques des 10 dernières années mais 'flirte' avec sa borne supérieure. On observe nettement que l'alimentation et l'énergie ont
réalisé, alors qu'ils étaient un élément plutôt déflationniste mi-2007 (le pétrole évoluait entre 52 et 72 $ le baril au premier semestre 07), une inversion de tendance spectaculaire qui se
termine par une modération comme attendue et conforme à l'évolution du graphe 2.
La poussée des matières 1ères hors énergie en euro est ainsi derrière nous et ces matières n'ont pas du tout suivi le pétrole. Attendre une prochaine hausse des prix en zone Euro liée à ces éléments n'est pour l'heure pas d'actualité. L'indicateur sous la courbe montre même désormais une nouvelle phase de décélération. Tendance temporaire ou durable ? La continuation ou non dans le canal en bleu nous donnera quelques éléments de réponse..
Hum...pression haussière du pétrole, pression baissière sur les autres matières premières hors énergie. Nous voici bel et bien avec un 'match nul' qui nécessite un approfondissement. Nous avons déjà vus les indices globaux (CRB et CCI) de matières premières et les avons retraités en Euro, en $ canadien même et en Franc suisse il y a quelques mois. Essayons de nous doter aujourd'hui en complément d'un 'regard extérieur' :
→ Pour cela nous allons interroger le marché obligataire et voir comment celui-ci réagit par le biais des obligations européennes d'Etat indexées sur l'inflation. En prenant le Tracker EuroMTS inflation (graphe 3), on a un indice de 15 obligations d'Etat majoritairement françaises, et italiennes (+ 1 allemande, 1 grecque) donc sensibles aux données françaises tout en tenant compte de l'environnement de la zone Euro. La réaction de ces obligations a été nette ces derniers mois avec une cassure des plus hauts de 2005. L'impulsion à la baisse et le retour dans la zone inférieure a été contrecarrée par l'envolée du pétrole depuis la fin avril. Là aussi l'indicateur signale la décélération en cours et se trouve sur le seuil de sa zone négative.
On n'en sort pas... le pétrole est la clef des anticipations sur l'inflation. Nous avons là une confirmation de la modération en cours (ou de la stabilisation) mais absolument pas encore d'une baisse à venir des chiffres des prix à la consommation. La configuration haussière en bleue montre, sur le fond, l'amplification du mouvement et toute la hausse de la volatilité qui est passée des indices boursiers aux données macro-économiques et notamment à l'inflation via les matières premières.
Conclusion :
- Les chiffres de l'inflation portent toujours sur des périodes passées, le temps de collecter les données. Si suivre les matières premières et le pétrole pour tenter d'évaluer la tendance en cours est intéressante avec un différentiel entre les 2 aussi prononcé actuellement, ce nouvel élément permet de répondre de manière plus anticipée et plus globale sur la nature du chemin qui s'ouvre devant nous jour après jour.
- Tout ceci montre également, que si le pétrole fait la 'Une' un peu partout, les raisonnements globaux et les décisions sur les supports d'investissements doivent être étudiés de très près pour éviter les déconvenues ou espoirs déçus. Si investir dans un support qui reproduit le pétrole est une chose, l'amalgame avec les autres matières premières surtout en euro recèle de nombreux pièges comme vous pouvez le constater. Compte tenu que le tracker ci-dessus 'capitalise' les coupons, c'est à dire qu'ils intègrent les intérêts (faibles) sans les distribuer, l'entrée sur le support et sa sortie nécessitent d'être bien étudiées pour obtenir un rendement satisfaisant et supérieur aux placement liquides classiques de type Livret A ou compte à terme, sans compter vos seuils fiscaux.
- Vous avez là les niveaux à partir desquels se positionner éventuellement dans un sens ou dans l'autre et avec la courbe en bleue du 1er graphe toute l'angoisse de la BCE de voir l'inflation sous-jacente finir par suivre le pétrole, ce que les obligations indexées sur l'inflation laissent toujours craindre à ce stade. Evidemment si la corrélation inflation / matières premières devait s'estomper alors que l'inflation continue à monter, nous aurions alors un ou d'autres éléments dans la 'machine économique' à étudier. Il sera intéressant de voir alors comment les obligations indexées sur l'inflation réagiraient en pareil cas.
Ces aspects seront en tout état de cause décrit dans la longue série d'articles (plus théoriques) à venir intitulés 'Apprendre et comprendre l'économie : les déterminants principaux de l'inflation'.