Au début du mois d’octobre, je me suis lancé pour la première fois dans la folle aventure que sont les 31 jours d’horreur. Il s’agit d’un phénomène internet qui date de quelques années, un truc viral à la manière du Movember… sauf que ça n’implique aucune pilosité étrange.
En gros, il s’agit de s’engager à regarder 31 films d’horreur durant le mois d’octobre, à raison d’un film par jour. Des milliers de gens participent à cet « événement » chaque année, un peu partout dans le monde. C’est un projet individuel à la base, mais on est invités à partager nos impressions et critiques avec d’autres amateurs du genre sur le web. Pour ma part, je l’ai fait avec ma bande de Horreur Gamer. Sur la page Facebook, ainsi que dans notre podcast écouté par des gens du Canada et de l’Europe, nous avons partagé tout au long du mois nos coups de cœur et nos coups de gueule.
Le premier film que j’ai vu en est un que j’ai vraiment beaucoup aimé. Il s’agit de Odd Thomas, du réalisateur Stephen Sommers (The Mummy). Je vous avertis : c’est hollywoodien, bourré d’effets spéciaux, mais c’est également fait avec énormément de soin, de savoir-faire et surtout, avec beaucoup de cœur.
Basé sur le roman de Dean Koontz publié en 2003, qui a donné naissance à une longue série, Odd Thomas raconte l’histoire de… Odd Thomas (c’est son nom !), un jeune cuistot de 21 ans qui a le talent particulier de voir les morts. Mais contrairement au petit garçon du film Le Sixième Sens, qui possédait le même pouvoir, Odd Thomas est proactif et tente de se servir de son « don » pour venir en aide aux gens.
Alerté de la forte probabilité d’une tuerie imminente dans sa petite ville de Pico Mundo, aux abords du désert de Mojave, Odd Thomas mène une enquête des plus inhabituelles pour contrer celui qu’il croit être le responsable du futur carnage. Odd est aidé du chef de police Wyatt Porter, qui respecte ses « talents » particuliers, bien qu’il le trouve étrange, et de sa copine Stormy Llewellyn, l’amour de sa vie.
Le film met en vedette Anton Yelchin dans le rôle de Odd, Willem Dafoe dans celui du chef de police, et Addison Timlin dans le rôle de Stormy. Personnellement, n’étant pas un admirateur du travail de réalisation de Sommers dans ses précédents films (c’est grossier, clinquant, sans la moindre subtilité), je me lançais dans ce film sans la moindre attente. Et je fus charmé au plus haut point !
Qu’il s’agisse du jeu de Yelchin, qui prend les différentes menaces envers Odd très au sérieux, sans la moindre condescendance pour son personnage ou les situations abracadabrantes dans lesquelles il se retrouve, ou encore du ton que donne Sommers au scénario (qu’il a écrit), à la fois léger et très dramatique, j’ai été conquis. Les touches d’humour arrivent toujours à point pour alléger les moments sombres, mais elles ne prennent jamais le dessus. Le réalisateur garde bien en tête son objectif, il est toujours en contrôle, il nous accompagne dans ce récit enlevant, et il prend bien le temps de nous présenter ses personnages plus attachants et intrigants les uns que les autres, de développer les relations entre eux.
Et que dire de la finale, d’une grande sensibilité, qui fait couler plus d’une larme…
Ceci étant dit, le succès de l’entreprise repose majoritairement sur l’écriture de Koontz. Le film est une adaptation fidèle du roman (dont j’ai presque terminé la lecture, au moment d’écrire ces lignes). La plupart des détails sont inclus dans le film, et le ton du roman – humoristique, désinvolte, plein d’esprit — est quasiment intact. Évidemment, le roman est meilleur, mais l’écriture de Koontz est très cinématographique au départ, et Odd Thomas passe très bien d’un médium à l’autre.
Le film, qui devait sortir en 2013, a connu divers problèmes et s’est retrouvé sur DVD et sur Netflix sans grande promotion au début de l’année. Dommage, car selon moi, dans un monde parfait, ce film aurait connu un grand succès commercial. Tout le monde lirait les romans, on vendrait des figurines d’Odd Thomas, etc. Ce film mérite beaucoup mieux que l’anonymat dans lequel il repose présentement. Ce n’est pas du grand art, mais c’est fichtrement divertissant !
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.