Est-il encore nécessaire de rappeler que le murcian a participé à trois reprises à la Grande Boucle, et qu’après deux abandons (officiellement –hum hum- sur blessure en 2005 et sur chute en 2006) l’espagnol a enfin réussit à arriver jusqu’à Paris, en terminant au pied du top 5, à la 6e place ?
Contrairement aux courses d’un jour et plus particulièrement les classiques ardennaises où Alejandro joue la gagne depuis 3 ans, on ne sait pas encore véritablement si Valverde est un « homme du Tour » : il n’a donc comme référence qu’une sixième place l’an passé. La Grande Boucle fait donc toujours débat parmi les supporters de Valverde : doit-il faire du Tour, comme il le fait pour la seconde année consécutive, son objectif n°1 de sa saison, alors qu’il n’est même pas certain de faire un podium ? Je pense personnellement que oui ; explications dans les lignes suivantes :
1) Faire du Tour son objectif n°1 de sa saison ne sacrifie pas pour autant les classiques
Privilégier une course se fait souvent au dépend d’une autre, mais dans le cas suivant, cela ne se passe justement pas comme cela : le Tour et les classiques peuvent être complémentaires. Lisez plutôt :
Alejandro a prouvé en remportant Liège/Bastogne/Liège qu’il savait remporter -et intelligemment en plus- des grandes courses même si elles ne font pas parties de ses objectifs –principaux, du moins. Si certains doutaient encore de ses qualités de « gagneur », les voilà rassurés. De plus, on a bien vu sur ces ardennaises, même s’il lui manquait le petit plus à l’Amstel, que Valverde peut très bien se débrouiller sur ces classiques sans préparation particulière, puisqu’il n’avait même pas disputé le Tour du Pays/Basque qui est pourtant réputé comme étant un passage obligatoire pour quiconque voulant réussir ces classiques.
Sans préparation particulière, il peut donc disputer dans le but de les gagner les classiques de fin avril (et toutes les autres d’ailleurs) sans jamais gêné sa préparation au Tour, qui peut alors devenir l’objectif n°1 de sa saison sans sacrifier les autres courses où il a également des chances de réussir. La Grande Boucle étant un Grand Tour, il est nécessaire de faire une préparation adapté, contrairement aux classiques où la préparation peut être très réduite, comme cette année (attention toutefois à ne pas la supprimer : tout objectif doit être bien préparé, même si on s’appelle Valverde : regardez le Mondial, l’an passé : une catastrophe pour Alejandro !). Une préparation réduite peut même être bénéfique, car elle permet de ne pas se découvrir et donc de ne pas être trop surveillé par ses adversaires lors de la course. Cette année, par exemple, c’était parfait, alors que l’an passé, on se souvient que les adversaires de Valverde ne le lâchaient pas…
Je précise enfin qu’avoir deux pics de forme dans la saison, un durant les ardennaises et un durant le Tour, est tout à fait possible ; un coureur peut donc tout à fait faire une très bonne prépa pour les ardennaises et une autre, en mai-juin, pour le Tour. Simplement, Valverde a donc décidé cette saison de n’avoir qu’un seul pic de forme qui dura quand même 3 mois, de Juillet à Septembre ; avoir un autre pic de forme fin avril n’était donc du coup pas réalisable.
2) Valverde a les moyens de devenir un futur vainqueur du Tour
L’argument le plus important ! Faire du Tour son objectif n°1 de sa saison ne sert à rien si l’on n’en a pas les moyens ! Ce paragraphe, réduit car j’en avais je crois déjà parler sur le blog, résume mon opinion, arguments à l’appuies, qui vise à démontrer que Valverde est un « homme du Tour » :
Comme nous l’avons vu dans l’argument n°1, le Tour et les classiques ardennaises peuvent être complémentaires. Plus de raisons de dire que Valverde est un coureur de classiques et non du Tour : il est les deux, tout simplement !
L’an passé, le murcian a réussi à terminer à la 6e place du Tour de France – première fois qu’il atteignait Paris, donc. Ce que tout le monde oublie, c’est qu’il avait été malade durant le Dauphiné, et qu’il avait dû abandonner l’épreuve française le lendemain de la terrible étape du Mont Ventoux, où il avait terminé avant-dernier (le dernier étant son coéquipier qu’il l’avait soutenu durant toute l’ascension). Sa préparation avait donc été réduite et je ne cachais alors pas mon pessimisme pour le Tour. Durant la Grande Boucle, bis répétita : petit virus qui le perturbera quand même durant deux étapes de montagne et un contre-la-montre (c’est d’ailleurs là où il perdit le Tour). Sa 6e place au final n’est donc pas si mauvaise quand on sait qu’il a eu ces deux déboires.
C’est donc pour cela que j’espère beaucoup, cette année, d’Alejandro : sans aucune maladie et sans l’équipe Astana, il visera cette fois pour moi la victoire, même s’il déclare dans les dernières interviews qu’il visera le podium (comme d’habitude, il dit qu’il peut faire une bonne place alors qu’il peut faire beaucoup mieux, et il le sait très bien).
Comme adversaires, seul Evans parait être plus fort que le murcian mais l’australien a réalisé un gros début de saison et je pense qu’il va le payer en Juillet…attention aussi à Sastre et pourquoi pas A.Schleck ; Valverde figure donc parmis les tous grands favoris de l'édition 2008.
Je vous le dis donc très clairement : seul un podium me satisfera, à moins qu’il nous fasse un festival de victoire d’étapes (du genre 4 ou 5 :p) accompagnés du maillot de meilleur grimpeur, ce qui à ce moment là serait tout de même satisfaisant, ne soyons quand même pas injuste !
3) Gagner le Tour ferait de Valverde un champion qui restera dans les annales
Maintenant que l’on est sûr que faire du Tour un objectif n°1 ne gênera personne, posons-nous la question suivante : pourquoi privilégier le Tour, et non par exemple la Vuelta, qui est quand même le Grand Tour national d’Alejandro ?
Quelle question, voyons, vous dites-vous peut-être ! Le Tour de France est un cran au dessus du Tour d’Espagne question popularité, médiatisation et surtout prestige : on se souvient des vainqueurs pendant très longtemps, et une victoire au Tour fait de l’heureux vainqueur une véritable star ! Regardez Contador : même s’il a remporté le Tour 2007 en quelque sorte sur tapis vert (il faut quand même le dire), il est populaire et médiatisé comme jamais !
Alors oui, on le sait, la Vuelta ne joue pas dans la même cour que le Tour (ses vainqueurs n’ont d’ailleurs ces dernières années presque jamais brillé à la Grande Boucle, preuve que le niveau n’est pas le même) mais il est toujours bon de le rappeler : par les temps qui courent, il est si facile de se laisser convaincre que le Tour n’est plus l’épreuve la plus prestigieuse du calendrier, surtout par la Fédération Internationale, si vous voyez ce que je veux dire…
La vérité clairement rétablie, on peut comprendre sans problèmes qu’une victoire d’Alejandro au Tour ne lui ferait que du bien. Concrètement, dans sa carrière, rien d’extraordinaire ne changerait grâce à cette victoire (son salaire est déjà le plus élevé de tous les coureurs du peloton, quant à son équipe, la Caisse d’Epargne, elle est déjà parfaite !) mais c’est à plus tard qu’il faut penser : le nom de Valverde dans le palmarès de la Grande Boucle ferait de l’espagnol un champion connu dans 30 ans (j’entends par là qu’il ne sera pas inconnu pour les suiveurs de cyclisme ; évidemment qu’Alejandro ne sera pas connu au sens tout le monde le connait…), et nous, ne serons-nous pas fier de lire le nom de notre ancien champion qui a raccroché le vélo depuis plus de 20 ans ? Je crois bien que si…Alors qu’un coureur comme Di Luca, qui pourtant présente un palmarès déjà bien étoffé dans les classiques et qui a remporté un Tour d’Italie, sera probablement inconnu aux personnes qui découvriront le cyclisme dans 30 ans…
Il est enfin important de préciser qu’une seconde place et une troisième place au Tour de France est également bien vite oubliée ; seule la première place est retenue, comme bien souvent d’ailleurs. D’où la nécessité de faire du Tour l’objectif n°1 de la saison, puisqu’au final, à force de miser beaucoup sur le Tour, la victoire arrivera forcément (car évidemment Alejandro a les moyens de le faire ; un Pineau qui miserait toutes ses saisons sur le Tour n’arriverai même pas à faire un top 10…), et je pense qu’il n’y en aura pas qu’une seule dans la carrière de Valverde…
4) Le Tour, LA course que tout le monde aimerait remporter
On a donc vu que le Tour est l’épreuve la plus prestigieuse du calendrier cycliste. Dans ce cas là, il parait normal que tous les coureurs du peloton souhaiterait gagner le Tour, même si leur chance sont infimes pour 95% des coureurs. Valverde est un coureur né pour gagner, très talentueux et qui peut légitimement prétendre à une victoire cette année ou les années suivantes ; il se doit donc d’essayer de bien y figurer, puisqu’il en a les capacités ! Et pour bien y figurer, il faut pouvoir atteindre un pic de forme lors de la Grande Boucle, donc avoir une préparation minutieuse, qui commence dès l’hiver et qui dure plusieurs mois, avec des courses bien choisies avant le grand rendez-vous, comme le Dauphiné par exemple, qui est au Tour ce que le Tour du Pays/Basque est aux ardennaises.
5) Les JO, la Vuelta et le Mondial rattraperont de toutes façons une peu probable décevante place d’Alejandro sur le Tour
En cas de mauvaises performances de Valverde sur le Tour de France - même si c’est très peu probable, rien n’est impossible (avec lui, une saison sans maladie…n’existe pas !) – trois épreuves pourront le faire rattraper : les Jeux Olympiques, le Tour d’Espagne et le Championnat du Monde. Sachant qu’Alejandro a déjà réussi à remporter Liège alors que personne ne lui imposait rien, je mets ma main au feu que Valverde lèvera encore les bras cette saison, et sur une grande couse, s’il vous plait !
Et si vous vous demandé : pourquoi cette année, et pas l’année prochaine, voici 3 autres arguments :
1) Si l’on veut gagner le Tour dans sa carrière, mieux vaut commencer à s’y préparer assez tôt, en disputant la Grande Boucle de nombreuses fois pour prendre de l’expérience. Je rappelle qu’Armstrong avait disputé 4 Tour de France avant de gagner le premier de sa longue série et qu’il avait abandonné trois fois l'épreuve. Encore plus qu'Alejandro (trois participations, deux abandons), donc aucuns soucis à se faire, du moins pour l'instant, sur les capacités de Valverde à briller sur la Grande Boucle…
2) Sujet déjà abordé plus haut, mais je le répète : cette année, la concurrence n’est pas très relevée puisque l’armada Astana ne sera pas de la partie. Out donc Contador, Kloden et Leipheimer, trois coureurs qui excellaient sur le Tour – ils étaient d’ailleurs les grands favoris de l’épreuve, et sans eux, le ciel se dégage pour les autres outsiders : Evans, Valverde, Sastre voir Andy Schleck devienne les coureurs les plus dangereux…
3) Le parcours est parfaitement adapté à Alejandro cette année : il y a en effet beaucoup moins de km de contre-la-montre que l’an passé, et étant donné que ce n’est pas la spécialité du murcian, il y a de vrais raisons d’y croire cette année…
Alors, convaincu ? Avouez qu’avec tous ces arguments, plus de raisons de penser que faire du Tour l’objectif n°1 de la saison d’Alejandro est une mauvaise idée…on peut tout à fait être à la fois un homme de classiques et un homme du Tour, sans problèmes ! Il suffit simplement de définir des priorités : cette année, c’est le Tour, mais cela n’a pas empêché Valverde de remporter Liège/Bastogne/Liège !
J’espère que j’ai fait changer d’avis les plus sceptiques, mais si quelques irréductibles résistent encore, n’hésitez pas à défendre vos opinions dans les commentaires, où l’on pourra en débattre avec plaisir…
ps : à propos du Tour, j'ai été sélectionné pour les Jeunes Reporters du Tour, concours organisé par Velo101 permettant à 7 jeunes de vivre la Grande Boucle de l'intérieur pendant les 3 semaines du mois de juillet, et de concevoir un journal tous les deux jours, distribué à 1000 exemplaires dans la caravane du Tour. L'occasion de rencontrer Valverde ?