Rémi Fraisse a bien été tué par une grenade offensive lancée par les forces de l’ordre, comme l’a reconnu à demi-mot le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, en suspendant l’utilisation de ce type de grenade. Ce drame, qui s’est déroulé dans un lieu où s’épanouissait il y a quelques mois une forêt vivante, n’est pas un simple accident et aurait pu être évité si le gouvernement avait été attentif au respect de la loi et de la démocratie. .
De nombreux témoignages attestent que l’action de la police a été extrêmement violente depuis la fin août à l’encontre des opposants installés sur la Zad (Zone d’Aménagement Différé pour les aménageurs, Zone À Défendre pour les écologistes). Certes, plusieurs militants écologistes ont, lors des affrontements de début septembre, lancé des projectiles et parfois des cocktails molotov sur les forces de police mais l’esprit dominant sur la Zad était, avant le 25 octobre, à la non-violence.
Une vingtaine de plaintes, liées à des violences supposées de gendarmes, ont été déposées devant la justice. Elles montrent que, bien avant la mort de Rémi Fraisse, les occupants de la zone humide du Testet ont été soumis à un régime de violence quotidien.
C’est pourquoi la mort de ce jeune homme résulte avant tout de l’obstination de hauts responsables politiques et administratifs qui ont, contre l’évidence, conduit à une situation où la seule issue était malheureusement la violence.
Le projet de barrage, présenté comme d'intérêt général, est en fait destiné pour 70% à l’irrigation intensive d'une vingtaine de fermes et pour 30% au soutien d'étiage (dilution des pollutions)..
Rappelons les faits rappelés par les collectifs de sauvegarde de la zone humide du Testet, créé en 2011 pour protéger la dernière zone humide d’importance du bassin versant du Tescou (Nord-Ouest du Tarn) menacée de destruction par ce projet de barrage :
- l’enquête publique avait conclu à un avis favorable, sous réserve d’un avis positif du Conseil National de Protection de la Nature. Or, ce dernier a rendu un avis nettement défavorable !
- les travaux de défrichement se sont déroulés sans autorisation préalable de défrichement !
- les opérations obligatoires de diagnostic archéologique préalable ont été oubliées !
- le conflit d’intérêt est manifeste, puisque la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne a établi l’étude concluant à la nécessité des travaux, alors que c’est elle qui doit les réaliser !
Par ailleurs, Delphine Batho, anciennement ministre de l’Ecologie, a eu à étudier le projet de barrage et dit avoir refusé l’autorisation, en raison de l’avis du Conseil national de protection de la nature.
On a traité par le mépris ceux qui, s’engageant pacifiquement mais au péril de leur santé, ont fait plus de cinquante jours grève de la faim afin, simplement, d’obtenir un débat...
On connaît aussi la tactique suivie par les promoteurs de ce projet inutile et imposé : aller le plus vite possible pour réaliser le barrage. Ensuite, la justice pourrait bien juger de son illégalité, le barrage serait là, inamovible...
Mais l’obstination du président PS du Conseil général du Tarn, Thierry Carcenac, à mener les travaux quoi qu’il en coûte, avec l’appui du préfet et du premier ministre Manuel Valls, a conduit à la mort d’un homme. Tous ceux également qui se sont tus parmi les responsables politiques en situation de peser portent eux-aussi une terrible responsabilité historique.
29 ans après l’action de François Mitterrand contre Greenpeace, un gouvernement socialiste est à nouveau responsable de la mort d’un militant écologiste !
Ce mépris de la loi, de la démocratie, du droit des populations locales ne peuvent qu’alimenter le dégoût des citoyens pour les pouvoirs politiques et risquent de préparer des lendemains qui déchantent pour le pays...
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