Tom et Peyton avec les grands
Il y a tellement eu d’affrontements entre les équipes de Tom Brady et Peyton Manning qu’on perd le compte, sauf que, signe que cette rivalité demeure spéciale, personne ne se plaint de voir les 2 plus grands quarts de notre génération en venir de nouveau aux prises ce dimanche à Boston. En comparant cette confrontation légendaire à quelques-unes de plus grandes rivalités sportives, vous verrez qu’on y trouve nombre de similitudes.
Larry Bird vs Magic Johnson : Si vous pensez NBA dans les années 80, vous pensez Lakers-Celtics, Bird vs Magic. Ce duel éclipse tout le reste et définit à lui seul cette époque. A raison d’ailleurs, car 8 des 10 championnats de la décennie furent remportés par les équipes de ces 2 grands. J’ai aussi l’impression que c’est de cette façon que les historiens se remémoreront du début du millénaire dans la NFL : Brady, Manning, un point c’est tout. Présentement, nous sommes en plein dans l’action, donc d’autres souvenirs nous assaillent, mais dans 20 ou 30 ans, tout le football joué entre 2001 et 2015 se résumera à ces 16 affrontements entre le # 18 et le # 12. D’ailleurs, comme Bird et Magic, leur empreinte sur les séries est indélébile. Évoluant dans la même conférence, ils n’ont pu monopoliser le Super Bowl comme les Celtics et les Lakers des années 80, sauf que 8 des 13 représentants de l’AFC au Super Bowl depuis la saison 2001 ont été soit la formation de Manning, soit celle de Brady.
Mario Lemieux vs Wayne Gretzky : Le grand respect existant entre les 2 antagonistes du hockey, cumulé à la volonté de se dépasser pour être meilleur que son grand rival se retrouvent aussi chez les 2 quarts-arrières en vedette aujourd’hui. Cependant, l’aspect le plus amusant à comparer de leur rivalité avec celle de Brady-Manning, consiste à déterminer qui est le meilleur en utilisant le fameux jeu des « si ». Brady a le plus grand nombre de conquêtes du Super Bowl, mais comme les coupes Stanley de Gretzky acquises avec les équipes paquetées des Oilers du début des années 80, les détracteurs du Pretty Boy arguent que la défensive dominante des Pats du début des années 2000 (un luxe que n’a jamais eu Manning avant la campagne actuellement en cours) a joué un rôle bien plus grand que le # 12 dans ces championnats. D’ailleurs, comme Gretzky n’a jamais bu de champagne dans le bol de Lord Stanley après avoir quitté Edmonton (les Oilers ont gagné un 5e titre l’année suivant son départ), Brady n’a jamais pu ramener le Lombardi à Boston depuis qu’il est le seul maître à bord. Ah si Lemieux avait eu des équipes égales à celles de Gretzky! Ah si Peyton avait eu une défense…
De l’autre côté, lorsque les fans de Brady jettent un œil aux records de Manning durant la saison régulière, ils ne peuvent s’empêcher de pointer l’incroyable disparité entre la qualité des receveurs mis à la disposition des 2 quarts-arrières. Le tout, à l’image des admirateurs du # 66 qui se font un devoir de mentionner qu’entre Rob Brown et Jari Kurri ou qu’entre Kevin Stevens et Mark Messier, il y a une marge. La seule saison où Brady a disposé d’un arsenal de renom (Moss, Welker et le Gronk), il a relégué Peyton aux oubliettes dans le livre des records. N’empêche qu’avec Marvin Harrison, Reggie Wayne et le monstre à 4 têtes actuel à Denver, c’est Peyton qui empile les verges années après années, pendant que Brady se débrouille avec les Brandon Lafell, Troy Brown et Reche Caldwell de ce monde. Ah si le Magnifique avait eu les ailiers de la Meveille! Ah si Brady avait eu les receveurs de Manning!
Roger Federer vs Rafael Nadal : Évidemment, Rafa et Federer font leur marque dans un sport individuel, ce qui change les données, mais il y a quand même des comparaisons intéressantes à établir, à commencer par le fait qu’on a ici 4 bons gars, des gens appréciés de la grande majorité des amateurs. A part pour les fans finis d’un ou l’autre des antagonistes, il n’y a pas de « méchant » dans ces 2 rivalités. Sauf que…
Au tennis, Roger Federer a dominé grâce à sa fluidité et sa grâce sur le terrain qui en ont fait un favori de tous. Si un joueur de tennis parfait devait être créé par ordinateur, tant par le style que par les résultats, il ressemblerait à Roger. Puis est arrivé Nadal. Physique, hargneux, moins élégant sur le terrain, mais habité d’un immense instinct de compétition qui fait qu’il ne lâche jamais. Il a commencé à battre Federer, de plus en plus souvent, au point de lui entrer dans la tête et de dominer largement les confrontations entre eux. Désormais, lorsqu’il affronte Nadal, on espère que le mental de Fed tiendra. Nadal n’a pas déboulonné la légende Federer, mais il est une épine dans le pied du Suisse et de tous ceux qui voudraient le classer comme le meilleur de tous les temps sans qu’il n’y ait de discussions possibles.
Sounds familiar? Bien sûr, l’équivalence de Federer au niveau des quarts-arrières, c’est Peyton Manning. Dans sa maîtrise du jeu, ses appels à la ligne de mêlée, sa manière de faire paraître ses succès si faciles, il a tout du maestro. Puis est arrivé Brady, qui l’a largement éclipsé, surtout lors des premiers duels entre les deux, et qui a exposé les failles, notamment mentales, dans l’armure de Peyton. Comme Nadal, Brady est celui qui, animé de sa féroce rage de vaincre, ressort dans les moments clés et qui vient bousculer l’ordre établi. Ça ne plait pas à tous…
En bout de ligne, toutes ces comparaisons nous enseignent toutefois qu’une seule chose : nous sommes chanceux d’assister à une telle rivalité sportive. Profitons-en tant que ça dure!
Sacré Belichick!
Oublié dans le hype médiatique des confrontations Brady-Manning figure Bill Belichick, l’ineffable coach des Patriots qui a trouvé la façon de revenir à l’avant-scène cette semaine, en utilisant une de ses tactiques favorites, soit d’éventrer un journaliste. Bougon notoire, le coach des Pats est probablement l’être le plus difficile à faire parler sur la planète NFL. Mais comme les joueurs des Kings de Los Angeles qui se réunissent dans le vestiaire pour s’amuser des « performances » de leur coach en conférence de presse, je soupçonne fortement les portes-couleurs des Pats de se bidonner en silence en voyant leur entraîneur afficher sa mauvaise foi face aux scribes qui cherchent à lui tirer les vers du nez. Si c’est le cas, Wild Bill a fourni à ses ouailles 2 occasions de rigoler cette semaine. La première et la meilleure, lorsqu’un journaliste se croyant bien préparé lui a demandé, longue question à l’appui, les constantes dans la préparation face à Peyton Manning. « I guess Manning » a répondu laconiquement le stoïque Bill!!! PRICELESS!!!! Il s’est aussi payé la tête des météorologues plus tard dans la semaine. Il ne faudrait pas que tout le monde soit comme lui dans les conférences de presse, mais un ours mal léché comme Belichick une fois de temps en temps, on dira ce qu’on veut, mais c’est drôle!!!
Surprises et déceptions de la mi-saison
Je tracerai le bilan de mi-saison, équipe par équipe la semaine prochaine, mais en attendant, voici mes plus belles surprises et mes plus grandes déceptions à mi-parcours.
Les plus belles surprises
Joueur : Brian Hoyer, QB, Cleveland : Les candidats sont nombreux, que l’on pense à DeMarco Murray, Arian Foster ou encore Philip Rivers. Sauf que je choisis Hoyer qui a réussi l’exploit incroyable de rendre les Browns pertinents, le tout sans joueurs de renom pour le soutenir. A ce stade-ci de l’année, à peu près tout le monde pensait que Johnny Manziel allait être le partant du Cleveland, maintenant, on parle même d’échanger Johnny Football et de signer Hoyer à long terme. Spectaculaire revirement!
Entraîneur : Jim Caldwell, Détroit : Je pense que nous avons tous eu la même moue de dédain lorsque le très drabe Caldwell a hérité du poste à Détroit, surtout qu’au-delà de son caractère, il n’avait pas été impressionnant dans l’adversité à Indianapolis. En rétrospect, il représentait exactement ce dont les félins avaient besoin. Détroit a resserré sa discipline et ils trouvent maintenant des façons de gagner plutôt que de perdre. Mention honorable également à Jason Garrett, que tous imaginaient sur un siège éjectable et qui se tire bien d’affaires à Dallas.
Unité : La défensive des Cowboys : Dans les prédictions de l’année, lors du second tailgate de 2014, je demandais, en dérision, si cette défensive serait capable de réussir 2 plaqués de suite. Les voici dans le top-10 au niveau des points accordés, en ayant notamment contenu de bonnes attaques comme les Saints et les Seahawks. Les vedettes sont parties, mais le groupe joue maintenant en unité où tous sont redevables. Une des belles histoires de la saison.
Les plus grandes déceptions
Joueur : Jay Cutler, QB, Chicago : Adrian Peterson et Ray Rice méritent de solides mentions ici, mais demeurons sur le terrain. Entouré de « playmakers » exceptionnels, dirigé par un esprit offensif renommé et ennobli de la confiance de l’organisation sous la forme d’un giga-contrat négocié pendant la saison morte, je croyais vraiment que Cutler allait exploser en 2014. Il y a eu quelques flashs, mais tous annulés par le manque de constance du pivot des Bears. Le diable est aux vaches à Chicago désormais et même Brandon Marshall, un allié indéfectible du bougon QB, le laisse tomber. Je ne suis pas sûr que Cutler possède la « drive » nécessaire pour renverser la vapeur.
Entraîneur : Mike Smith, Atlanta : L’organisation lui a laissé une seconde chance après la débâcle de l’an dernier, attribuable principalement aux blessures ayant ravagée l’attaque. Sauf qu’après un départ prometteur, l’équipe fait du surplace et l’attaque, composée de quelques uns des plus brillants éléments de la ligue, est au neutre. De plus, les lacunes récurrentes de l’équipe, notamment le manque de robustesse, ne se règlent pas. Cette équipe représente ma plus grande déception jusqu’ici. Ça sent la fin de règne.
Unité : la défensive des 49ers : Oui il y a eu des blessures, des départs, des suspensions aussi. Sauf que personne ne s’attendait à voir les adversaires des Niners traverser le terrain avec une facilité déconcertante. Souvent cette saison, les 49ers n’ont pas été en mesure de conserver des avances au 4equart et contre la bonne attaque des Broncos, ils ont été déclassés. Les aspirations sont élevées à Alcatraz, et elles ne seront pas atteintes sans l’apport d’une défensive d’élite. Ça regarde mal!!! Mention (dé)honorable aux unités défensives ET offensives des Panthers de la Caroline également qui sont loin de performer au niveau de l’an dernier.
La semaine prochaine servira à établir un bilan de mi-parcours plus complet, division par division, mais en attendant, profitez-bien de ce Brady-Manning # 16!!!!