Aujourd’hui, 1er novembre, est journée de la Toussaint en hommage à nos disparus. Moment de recueillement sur les tombes, ou d’avoir une pensée particulière vers celles et ceux qu’on aime mais loin de nous.
Habituellement, je n’ai pas coutume de penser spécialement à quelqu’un ce jour là. Disons que les êtres toujours partis trop tôt, et qui me manquent, je les « garde » près de moi et tout au long de l’année, dans mon coeur, mes pensées… Chaque jour, je m’adresse à eux, le soir avant de dormir, ou alors en journée, si quelque chose venait à me rappeler un moment, un parfum, une anecdote.
Mais aujourd’hui, il était comme impossible de penser à ma mère partie un samedi matin de juillet 2014… Un samedi comme celui d’aujourd’hui. C’était voici 3 mois et 11 jours. Impossible en lisant la presse, en passant devant un fleuriste et après le cirque d’Halloween, d’oublier que nous fêtons les morts.
Même si l’on souhaite cicatriser une disparition, la plaie se rouvre en ce jour si particulier.
Les images me reviennent de ce matin là, croyant voir ma mère dormir ? Je la laisse dans « ses songes », je frôle pourtant ses mains, en posant son paquet de cigarettes sur la table, je ne constate pas l’inéluctable. Je râle quelques secondes, car la télé et la lumière sont allumées en ce petit matin, alors qu’il fait jour et qu’elle dort.
Je revis l’heure suivante, lorsque que je constate qu’en ne répondant pas au bonjour de son auxiliaire de vie, alors je touche son bras… la froideur de celui-ci. Je comprends, impossible de décrire ce qui traverse l’esprit à cet instant. Tu espères te tromper, mais même si je ne suis médecin, cette froideur du corps je sais l’interpréter.
Je saisis le téléphone, et compose le 18… Je ne sais plus vraiment ce que j’ai pu dire ? Souvenirs d’un interlocuteur qui cherche à comprendre et qui me demande des précisions. J’en suis incapable, hormis de lui dire que ma mère est morte, de faire quoi que ce soit. Je passe le téléphone à ma voisine (comment elle est arrivée là à cet instant ?), elle explique. Ses fils, agissent sur les directives des pompiers (du médecin ?), les secours sont en route.
Rapidement, ils sont là, je ne pourrais vous dire ce qu’ils ont fait. Je n’ai pas regardé. Le SAMU arrive à son tour, pareil je ne pourrais dire ce qu’ils ont fait ? J’entends juste le bruit de la machine, celle du défibrillateur, ordonnant de s’éloigner et des bip… des bip insoutenables, ne restant que des bip plats… Puis silence.
Je sais parfaitement, que c’est terminé, trop tard et même si le coeur était reparti… quelle aurait été la continuité de sa vie ?
Impression d’être dans un autre monde, mauvais rêve, irréalité, dénie de la situation vécue à l’instant. Et pourtant nous y sommes, la mort vient de frapper, ma mère, chez moi…
On t’explique les choses avec douceur, prudence… On te fait signer des papiers, on t’entoure, puis pompiers, médecins s’en vont. Tu es seul avec un corps sans vie. Il t’appartient d’annoncer la nouvelle aux proches, de te charger de contacter les PFG pour une prise en charge rapide…
Un moment très dur, un décès à la maison est plutôt rare de nos jours. Cela implique de faire face, vraiment face…
Alors symboliquement, ce 1er novembre est marqué comme étant le premier sans ma mère, maman, et malgré mon âge je suis orphelin. Un moment que je ne pensais pas écrire, dire un jour, tant on se refuse à concevoir cette éventualité. Je me revoie tout jeune, alors que mon père allait chercher mon grand-père au cimetière un jour de la Toussaint. Mon grand-père avait les larmes aux yeux, en allant voir ses parents, dont sa maman décédée lors de la seconde guerre mondiale, des larmes coulant plus de 40 ans après. Je ne comprenais pas, aujourd’hui je comprends…
Le plus dur, reste que je ne peux pas aller fleurir une tombe, il y’en a pas. Sont souhait ayant été d’être incinérée. Ses cendres sont là où elles sont. Je regardais son collier de perles de culture, retrouvé ces derniers jours dans un sac… Un souvenir comme un autre… Mais elle l’a porté, alors le toucher aujourd’hui est symbolique.
Ainsi, un 1er novembre tel un hommage dédié à ma mère, à une femme que j’ai aimé, et que j’aime toujours…