La fièvre des échecs

La plus grande menace pour l'harmonie du couple, c'est le jeu d'échecs !
Si la formule semble résolument moderne, elle date pourtant de . . . 1925 ! On la trouve dans le film "La fièvre des échecs" (de Vsevolod Pudovkin), un petit chef d'oeuvre du cinéma muet et russe.
Un jeune homme, emporté par sa passion pathologique pour le jeu d'échecs arrive en retard à son mariage. Sa fiancée en tire la conclusion : "Je n'aime que toi. Tu n'aimes que les échecs. Tout est fini entre nous." Pensant trouver du réconfort auprès de son grand-père, celui-ci lui offre un monumental recueil sur les échecs. Arrive son amie, et voilà un gâteau avec des pièces d'échecs. Dans la pièce voisine, deux nourrissons disputent une partie d'échecs. Partie acheter du poison à la pharmacie pour mettre fin au calvaire d'avoir à vivre dans un monde envahi par le jeu d'échecs, elle ne parvient pas à se faire servir . . . une partie d'échecs est en cours sur le comptoir !  Le supplice prends fin avec l'irruption d'un personnage élégant. Qui donc est ce Chevalier Blanc qui semble avoir échappé à la fièvre des échecs ?  Là où on découvre José Raül Capablanca en personne, Champion du monde des échecs de 1921 à 1927 !
On vous laisse découvrir la fin heureuse de ce drame burlesque.
Il est vrai que Capablanca sait non seulement s'y prendre avec les Dames, mais il a aussi un talent rare pour mettre fin aux disputes, comme on peut le voir dans la partie ci-dessous, jouée à Moscou en 1914 contre l'excellent GMI Ossip Bernstein. La lutte s'achève finement au 29ème coup sur un subtile pseudo-sacrifice de Dame (gagne la Tour) qui force l'abandon.
Tirée de la même période et pour donner une meilleure vision de l'époque, nous ne résistons pas au plaisir d'ajouter l'oeuvre de l'artiste Russe Aleksandr Rodchenko, créée pour l'exposition des Arts décoratifs de Paris de 1925. Le projet intitulé Le Club des travailleurs de Lénine comporte une table avant-gardiste pour jouer aux échecs.

Ossip Bernstein vs José Raül Capablanca (Moscou - 1914)