Jeu d'enfant (Child's Play)

Publié le 01 novembre 2014 par Cinephileamateur
De : Tom Holland.
Avec : Brad Dourif, Alex Vincent, Catherine Hicks, Chris Sarandon, Tyler Hard, Ted Liss, Roslyn Alexander, Dinah Manoff, Tommy Swerdlow, Jack Colvin, Neil Giuntoli, Alan Wilder...
Genre : Épouvante.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 27.
Date de sortie : 5 avril 1989.
Synopsis : Pour ses six ans, Andy Barclay est comblé, sa mère lui fait cadeau d'une poupée parlante, joufflue à souhait nommée Chucky. Andy est fou de sa poupée et lui seul connait son secret. Chucky sait faire bien des choses, elle est même capable de tuer...
Bande annonce originale
"Bonjour, je m'appelle Chucky et je suis ton ami pour la vie ! Aïdi oh !"


Ça faisait un sacré moment que je n'avais pas revu les Chucky. Pour être même totalement honnête, je ne m'en souvenais plus trop, je me rappelais juste de quelques passages, exception faite du quatrième épisode que j'ai vu assez souvent (mais j'y reviendrais plus tard). Du coup, c'est avec un certain plaisir que j'ai voulu replonger dedans et c'est ainsi que je me suis mis à revoir "Jeu d'enfant" en Blu-ray un soir d'Halloween.
Et ce que je peux dire c'est que le plaisir est toujours intact. Le scénario écrit par Tom Holland, John Lafia et Don Mancini d'après l’œuvre de ce dernier possède tous le charme d'un premier épisode qui nous instaure les bases, qui prend son temps, nous captive et nous tient en haleine jusqu'à un final explosif. C'est ainsi que le rythme va s'accélérer de façon crescendo en commençant par un début un peu lent (sans jamais être ennuyeux), qui en montre peu même si on devine pas mal et finir par un épilogue riche en action qui sera beaucoup plus expressif dans sa démonstration visuelle.
Entre les deux, on aura le droit à un excellent cocktail d'une épouvante gentillette et d'un humour noir fort plaisant qui va vite devenir la marque de fabrique de la franchise. C'est ainsi qu'on va faire la connaissance de Chucky, l'un des méchants mythique du cinéma qui va nous rendre sa vengeance plaisante. Le personnage est tellement fort dans son approche et si efficace, qu'on aurait presque envie qu'il s'en sorte. Après c'est très prévisible et le scénario utilise des facilités assez grossières mais quand on se laisse prendre au jeu, comme ce fut le cas pour moi, on passe un super moment. Quand on le découvre très jeune, le film peut même fonctionner je pense niveau épouvante alors que les plus adultes le verront sans nul doute d'un œil amusé.
Côté casting, la vraie star c'est Chucky. La célèbre poupée à dès ses premiers pas la gueule de l'emploi (même si je préfère ses derniers visages plus marqués mais celui-ci correspond aussi à son époque). La marionnette va faire le job et tenir le film sur ses épaules avec une certaine aura. Cela fonctionne aussi parce que le comédien Brad Dourif lui prête de façon remarquable sa voix même si je dois bien admettre avoir un faible pour la version française ainsi que le timbre de Éric Etcheverry. Le côté sec et violent dans ses dialogues lui confère aussi un effet supplémentaire dans le fait que ce personnage amuse beaucoup le spectateur. Il ne lésine pas sur les insultes quand on décide de lui faire donner vie à fond et c'est aussi ça que j'aime on va pas se mentir, ce côté politiquement incorrect.
Derrière, il n'y à pas grand monde. Le reste de la distribution servant surtout de faire valoir à notre anti-héros pour lui permettre d'exister (d'ailleurs, sa vengeance à la base de l'intrigue ne prendra en réalité que quelques minutes). Cependant, j'ai trouvé que le travail était de très bonne qualité. Le jeune Alex Vincent en Andy Barclay est excellent. On s'attache très vite à cette gueule d'ange qui ne veut le mal de personne. C'est peut-être pour ça aussi au final qu'on retrouve un peu la raison et qu'on se dit quand même que Chucky ne peut pas gagner. L'acteur me plait bien en tout cas même lorsqu'il doit jouer la peur. Son jeu est très enfantin mais c'est ce que l'on demande. C'est d'ailleurs cette alchimie entre l'innocence d'Andy et la violence de Chucky qui font que l'épouvante fonctionne même lorsqu'elle prend son temps pour arriver.
J'ai bien aimé aussi Catherine Hicks en Karen Barclay. Dans la peau de cette mère veuve bien propre sur elle, le résultat est convaincant. Elle arrive à être crédible dans ce rôle de chef de famille et en même temps, elle se met en retrait juste comme il le faut pour que l'on s'intéresse surtout à Andy. Ça n'empêche pas son personnage d'avoir son importance et ses moments bien à elle mais l'actrice trouve le bon équilibre je trouve. Elle forme aussi un bon duo avec Chris Sarandon en Mike Norris. On va fermer les yeux sur la légèreté de la police et de sa capacité d'analyse dans ce récit mais ce comédien semble bien s'amuser dans son rôle même si il ne peut s'empêcher de la caricaturer ce qui rend aussi le film encore plus drôle que ce qu'il est déjà.
De toute façon, ça ne peut pas être pire que son collègue de service dont je cherche encore l'utilité si ce n'est d'accentuer encore un peu plus le côté comique. Tyler Hard en Mona m'a bien amusé aussi et bien qu'il soit classique dans ce genre d'intrigue où on met en doute la parole de notre gentil héros en danger, j'ai bien aimé aussi Jack Colvin dans la peau du Docteur Ardmore. C'est juste un peu regrettable qu'on ne l'exploite pas un peu plus. Quitte à mettre un psy, autant l'utiliser et pas en tant que simple obstacle pour garder prisonnière la personne qui devrait être sauvé.
Dans sa réalisation, j'ai fortement apprécié également le travail de Tom Holland. Sa mise en scène fait très années 80, il utilise pas mal de ficelles du genre mais le résultat est là. On a de très bons placements de caméra qui joue bien avec le champ - hors champs. Tout le début où on ne voit pas Chucky en action peux faire officie de facilité ou de compensation d'un manque de budget mais ça donne du charme à ce long métrage et aide quand même à installer un bon climax.
Par la suite quand ça s’accélère, ça marche aussi avec un travail de marionnettiste convaincant. Les maquillages et les décors ont pris un coup de vieux tout comme les différents effets visuels, mais là aussi, je trouve que c'est ce qui donne son cachet à ce film. Même avec de bonnes idées dans la réalisation, tout semble avoir été pourtant déjà vu cent fois mais je suis quand même rentré dans ce film qui une nouvelle fois, doit beaucoup à son méchant qu'on adore aimer.
Il faut quand même reconnaître qu'il y a pas mal de passages assez marquant ce qui me fait dire avec le recul que même si je trouve l'ensemble prévisible, c'est quand même réussi. Rien que le final avec la cheminée est mémorable tout comme le premier meurtre de Charles Lee Ray une fois qu'il est devenu Chucky. Quant à la bande originale composée par Joe Renzetti, sa musique contribue beaucoup aussi à cette atmosphère plaisante qui oscille sans cesse entre épouvante et humour noir.
Pour résumer, j'ai pris un pied d'enfer à me replonger dans ce "Jeu d'enfant". Les ficelles semblent avoir été souvent utilisées, il y a de grosses facilités et ça reste prévisible mais qu'est-ce qu'on passe un bon moment. Faut dire aussi que le scénario assume totalement son délire en nous offrant un film d'épouvante honnête qui respecte les codes du genre tout en rajoutant dans son cocktail de l'action et un humour noir qui deviendra la marque de fabrique de la franchise au même titre que la poupée Chucky qui porte le film sur ses épaules. Voir un film de Chucky, c'est vouloir le voir tuer sans pitié tout en lançant ses répliques fortes sympathiques et pour ses premiers pas, le résultat est à mes yeux parfait. Un bon gros divertissement d'épouvante qui me botte toujours autant.