Dans mon précédent article [Les français et leur hôpital (1/2)], j'évoquais les attentes principales des français quant à leur hôpital. Vous aurez pu constater que je n'évoque pas la question du choix même de l'établissement d'hospitalisation. La raison en est simple. Il ressort en effet des pratiques que ce choix est dans les faits délégué au médecin traitant dans la très grande majorité des faits (78% des cas). Mais dans 68% des situations, le choix se fait sur les conseils de la famille ou d'un ami, tandis que l'on constate que les médias dont Internet représentent une part de 9% et demeurent donc une source peu pertinente car peu fiable. Pour anecdotique et banal que puisse paraître cette façon de procéder au choix de son établissement, elle démontre pour le gestionnaire d'un établissement, et les professionnels qui le composent (médecins, personnels soignants) que l'image d'un établissement se construit avant toute dans le cadre local, par le réseau professionnel (si les médecins traitants du secteur ne font pas confiance à l'hôpital - donc à leurs confrères, ils n'adresseront pas leurs patients à cet établissement; j'ai pu moi-même constaté qu'un président de conseil d'administration d'un hôpital exerçant la belle profession de médecin de ville n'hésitait pas à adresser ces patients à une clinique privée distante de plusieurs dizaine de kilomètres dans un attitude schizophrénique, le médecin traitant agissant contre l'intérêt du maire), du bouche à oreille (combien la réputation d'un établissement peut être difficile à rectifier suite à une série de maladresses conduisant à des échos du genre « tu sais, à tel endroit ... », et les personnels n'ont pas toujours conscience qu'au travers de leurs comportements au travail, ils contribuent directement à l'image de leur établissement, et les gestionnaires ne savent pas correctement prendre en considération cet aspect parce qu'un salarié qui est épanoui dans son travail sera beaucoup plus performant notamment dans ces aspects que l'on peut qualifier de mou, notamment la transmission de l'image d'un établissement.)
Venons-en donc à l'image que les français ont de leur hôpital. Manifestement, la caractéristique principale de l'opinion des français est l'indécision notamment quand ils sont interrogés sur l'évolution de la situation à l'hôpital public ces dernières années. Ainsi, 32% des français estime que la situation s'est améliorée contre 34% qui pense qu'elle s'est détériorée, et 26% ne trouve aucun changement. Disons-le cette opinion mitigée reflète particulièrement le sentiment d'incertitude pour ne pas dire d'inquiétude et de lassitude que ressentent sur le terrain les personnels. Bien évidemment, l'opinion des français se révèle beaucoup plus tranché lorsqu'il s'agit d'évoquer l'aspect politique de la gestion de l'hôpital, ainsi 39% des sympathisants de gauche estime que la situation s'est dégradée alors que 40% des sympathisants de droite considère qu'elle s'est améliorée. Il faut être honnête, il est difficile d'interpréter correctement ce contraste. D'un côté, on peut penser que les sympathisants de gauche sont plus sensibles au fait que les dernières réformes font peser plus de contraintes sur les personnes démunies ou les moins favorisées avec les moindres revenues, tandis que d'un autre côté, les sympathisants de droite mettent peut-être plus facilement en avant le fait que l'hôpital en se restructurant est mieux à même d'assurer la plénitude de ses missions.
Au-delà de cette incertitude, il faut noter que près de 4 français sur 5 (79%) ont une bonne opinion de leur hôpital. Et si cette bonne appréciation est en légère diminution par rapport au dernier sondage, la position est plus contrastée en ce qui concerne les cliniques puisque celles-ci totalisent 69% d'opinions positives avec un recul de 5 points. Les discours optimistes des professionnels qui se targuent par un discours volontaire que la France dispose de l'un des meilleurs systèmes de santé n'ont pas forcément tort, mais ceux qui les tiennent devraient tenir compte du fait que si l'opinion publique est plutôt satisfaite, cette satisfaction n'est pas en progression.
Les points forts de l'hôpital tels qui ressortent du sondage sont les suivants. On retrouve :
-
en premier lieu la proximité des structures hospitalières dont près de 81% des français. Mais cette satisfaction est en très net recul dans le milieu rural.
-
La modernité des équipements avec un taux de 77% de satisfaits. Cet aspect est particulièrement au regard des réformes qui s'annoncent car elles sont pour un bon nombres motivées par la nécessité de mettre en commun des moyens;
-
L'accueil du patient et la disponibilité du personnel, avec respectivement 74% et 65% de satisfaits, constituent deux points forts des établissements hospitaliers. Ce sont là deux aspects déterminant de l'organisation du travail.
Au contraire, les points faibles doivent être des fils conducteurs de la réflexion des décideurs quelque soit leur position :
-
les services des urgences
-
le montant de la participation financière demande au malade
-
la transparence de l'information donnée au patient et à la famille
-
la prise en charge des personnes les plus démunies
-
la prise en charge des personnes âgées
-
les soins palliatifs
-
les services de maternité
-
les délais d'attente pour accéder aux soins