1er novembre Toussaint Je n'écrirai pas sur la toussaint. Les chrysanthèmes. Les chrysanthèmes sont un des marronniers favoris des journalistes : pas de tremblement de terre à l'horizon, y'en a bien eu un en Turquie mais c'est du réchauffé et c'est loin, pas d'attentat ou alors à l'heure où j'écris je ne suis pas au courant, pas de pute à Strauss Kahn, alors vas-y défonce-toi sur les potées multicolores. Je n'écrirai pas sur la toussaint. Souvenir. La mort. Vaut-il mieux essayer de refermer la plaie, ou s'abimer (se complaire ?) un jour par an, comme des milliers de fourmis dans les cimetières ? La mort est un sujet trop délicat pour que je m'y étende. Je n'écrirai pas sur la toussaint. La route. Le week-end le plus meurtrier de l'année, la toussaint est la seule fête de l'année qui s'autoalimente, un plaisir pour les journalistes ces photos de carambolage, du sang sur le route et des os dans les fossés, des familles chargées de chrysanthèmes et de souvenirs, décimées, une potée en plastique sur le lieu de l'impact, pour se torturer plus encore. Je n'écrirai plus sur la toussaint.
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