Une étude met en évidence les effets protecteurs de l'exercice physique sur les chromosomes
Bonne nouvelle pour tous ceux qui ont décidé de placer l'exercice physique dans la liste de leurs résolutions pour 2010. Une étude originale, publiée récemment dans la revue Circulation , démontre que la pratique régulière d'un sport d'endurance retarde le vieillissement, et ce, à l'échelle cellulaire. Selon les travaux d'Ulrich Laufs (université de Saarland, Hambourg), conduits à la fois chez des souris et des athlètes, l'activité physique agit en régulant l'expression de la télomérase, une enzyme connue pour son rôle clé dans les processus de sénescence et de cancérisation. Fragments d'ADN situés aux extrémités des chromosomes, les télomères raccourcissent au cours de la vie, au fur et à mesure des divisions cellulaires. Quand leur taille devient critique, la cellule ne peut plus se multiplier et meurt. L'érosion des chromosomes, inhibée par la télomérase, est donc une composante centrale du vieillissement. À l'inverse, l'activation de cette enzyme joue un rôle important dans la prolifération de certains cancers. Les chercheurs américains à l'origine de la découverte de cette enzyme à double visage ont d\'ailleurs été récompensés en 2009 par le prix Nobel de médecine (lire nos éditions du 6 octobre 2009). De nombreuses études ont établi les bienfaits de l'activité physique dans la prévention des maladies cardio-vasculaires. Une pratique régulière permet un meilleur contrôle de la tension artérielle, améliore le taux de cholestérol, de triglycérides et de sucre dans le sang, régule la prise de poids... Il est aussi prouvé que les individus physiquement actifs diminuent leurs risques de certains cancers (notamment du colon, du sein et de l'utérus). Toutefois, les mécanismes moléculaires à l'origine de ces effets restaient peu clairs. Pour les élucider, Ulrich Laufs et ses collègues ont dans un premier temps étudié des souris dont un groupe a été entraîné à courir dans une roue pendant trois semaines. Par rapport aux animaux restés sédentaires, les souris sportives avaient une augmentation de l'activité télomérase au niveau de l'aorte et dans leurs cellules sanguines. Elles présentaient aussi une diminution des signes d'apoptose (mort cellulaire programmée). «Une sorte d'horloge interne» Pour valider ces données chez l'homme, les chercheurs allemands ont ensuite sélectionné plusieurs populations de sportifs : d'une part, des athlètes professionnels âgés en moyenne de 20 ans, et parcourant 73 kilomètres par semaine ; d'autre part, des marathoniens et triathlètes âgés en moyenne de 51 ans. Ils ont été comparés à deux groupes témoins de sujets en bonne santé, non fumeurs. «Un entraînement physique au long cours active la télomérase et réduit le raccourcissement des télomères dans les globules blancs», concluent les auteurs, qui précisent que la stabilisation de la taille des télomères est plus flagrante chez les athlètes qui s'entraînent depuis plusieurs décennies que chez les plus jeunes. «Nos travaux sont une preuve directe de l'effet anti-âge de l'exercice physique», estiment-ils. «Longtemps, les télomères ont été considérés comme une sorte d'horloge interne permettant de mesurer le vieillissement. Il apparaît aujourd'hui qu'ils jouent un rôle beaucoup plus large dans le contrôle de l\'intégrité tissulaire», réagit Éric Gilson, chercheur en biologie moléculaire et professeur à la faculté de médecine de Nice. Selon ce spécialiste, des travaux récents montrent que le système télomérique est ainsi impliqué dans la formation de nouveaux vaisseaux (néoangiogénèse), mais aussi dans les processus inflammatoires et les réactions immunitaires. «Dans l\'avenir, il est techniquement envisageable de mesurer régulièrement la taille des télomères d'un individu comme on pratique aujourd'hui une glycémie», poursuit le chercheur français. Un taux anormal pourrait alors être interprété comme un signal d'alarme invitant à pratiquer un bilan de santé plus complet. Reste la question du coût.