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Max | Vite

Publié le 31 octobre 2014 par Aragon

JSGBBF.jpgÇa serait aujourd'hui, cette photo je l'aurait pécho sur mon iPhone. Elle est un peu mienne quand même, j'y étais, ai vu Johnny, BB et François. Salon de la voiture de sport, Paris, 1971. À l'époque pas de carré VIP, tu pouvais rencontrer qui tu voulais, pas sauter au cou de ton idole bien sûr, mais z'étaient pas planqués, parqués, camouflés, gardés par des gorilles comme aujourd'hui. Dans les années soixante-dix, tu pouvais acheter ton pain avec Ventura, voir Fufu rentrer chez lui, serrer sa main valide à JP Beltoise dans un paddock où tu pouvais circuler à pince, librement.

Ma dinguerie pendant des années c'était la vitesse. J'sais pas comment je me suis pas tué avant la limitation de vitesse en soixante-treize. Tu pouvais rouler à 200 à l'heure entre Dijon et Auxerre, je l'ai fait, là et ailleurs. Mes BM boostées, je courais les circuits, fana de courses de vitesse. Ouais, pendant cinq ans j'ai couru les circuits, F1, moto. Assisté à des courses, des dizaines de courses de F1 et de moto.

Puis un jour Johnny a dit stop. Il venait de reconnaître, à pied, le circuit de Monaco, il avait eu peur. Mais dire ça ne ressemble à rien, car personne ne peut éprouver ce qu'éprouve un pilote de F1 ou de moto. J'ai fait la même chose sur de nombreux circuits, à pied, au ras du bitume, circuit de course F1 & moto, j'ai eu peur, ça fout les jetons un circuit. T'as l'impression qu'il va t'avaler tout cru. Putain, la gueule et les crocs du bitume d'un circuit de vitesse... Allez donc marcher au petit matin sur la Parabolica de Monza !

Puis, en soixante-treize j'ai été enterrer François à Vaudelnay, je me souviens comme si c'était hier de ce jour pourri, triste, si triste. François avait tout : talent, beauté, grâce, gentillesse, culture. Un prince. Son surnom du reste. Puis BB qui avait tant aimé François a dit stop comme Johnny avait dit stop. Puis j'ai arrêté de courir/voler, de Charade, à Hockenheim, de Mosport à Watkins Glen, d'Indianapolis à Daytona. Puis mon pote Patrick Pons s'est tué. La goutte qui a fait déborder le vase, le réservoir d'essence plutôt. Beaucoup de corbillards doublaient les bolides sur les circuits en ce temps-là. La camarde a eu des paquets de titres de champion du monde F1 ou moto. J'ai dit stop. La vitesse m'a quitté.

Restent dans ma mémoire le si beau regard de François sous son casque, ce bout de concerto  pour piano - Brahms - qu'il jouait à la perfection, les yeux d'amour, toute l'intelligence vive de Brigitte le regardant, la tignasse, l'humour, le brio de Johnny. Reste cette photo du salon... Y'a urgence à vivre disaient-ils.

Toujours d'accord avec ça.

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