Belgrade est la capitale et la plus grande ville de Serbie. Au recensement de 2011, la ville intra muros comptait plus de 1.200.000 HAbitants et, avec le district dont elle est le centre, 1.700.000. Belgrade est l’une des plus anciennes cités d’Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7000 ans.
Belgrade est considérée comme un carrefour entre l’Orient et l’Occident. Par son histoire, Belgrade, au moins depuis la présence romaine et particulièrement du fait de la longue présence ottomane, a souvent joué un rôle de ville frontière et de lieu de rencontre entre les civilisations.
En 1908, une équipe d’archéologues a effectué des fouilles à Vinča, dans la municipalité de Grocka. Ont été mis au jour d’importants vestiges datant de la période néolithique ; compte tenu de l’importance de ces découvertes, le site a donné son nom à une culture qui s’est développée le long du Danube entre -6000 et -3000 : la culture de Vinča.
Au IIIe siècle avant JC, les Scordisques, un peuple celte, s’établissent au confluent de la Save et du Danube et y bâtissent une ville fortifiée appelée Singidun.
Les Romains s’en emparent au début du Ier siècle et ils latinisent le nom de la ville en Singidunum. La cité est intégrée à la province de Mésie supérieure et devient une ville de garnison. En 86, Domitien, dans le souci de renforcer les frontières de l’Empire contre les Daces, fait de Singidunum le lieu de cantonnement de la Legio IV Flauia Felix. C'est pour la ville le début d’une période de prospérité. Un castrum est édifié à l’emplacement de l’actuelle forteresse de Belgrade.
En 395, lors du partage de l’Empire romain, Singidunum est rattaché à l’Empire romain d'Orient qui allait devenir l’Empire byzantin.
Le Ve siècle inaugure une période d’invasions successives. En 441, Attila, à la tête de ses Huns s’empare de la ville et la détruit. Puis, en 450, les Sarmates, à leur tour, l'occupent. Puis ce seront les Ostrogoths, les Gépides et les Goths. En 510 un traité est signé, qui restitue la ville à l’Empire byzantin. En 535, sous Justinien, Singidunum est entourée d’une puissante muraille qui lui assure quelques décennies de relative tranquillité.
En 584, la ville est prise et pillée par les Avars, un peuple mongol allié des Slaves (et notamment des Serbes) qui se sont progressivement installés dans la plaine pannonienne. En 630, les Serbes s’emparent à leur tour de Singidunum/Belgrade. On perd ensuite toute trace écrite de Singidunum pendant deux siècles et demi. Les fouilles archéologiques montrent une slavisation progressive de la région.
En 827, les Bulgares contrôlent la forteresse. La ville est alors connue sous le nom d’Alba Bulgarica. Le 16 avril 878, le nom slave de Beograd apparaît pour la première fois. Pendant quatre siècles, l’Empire byzantin, le Royaume de Hongrie et le premier empire bulgare se disputent la ville qui change constamment de maître.
En 1284, le premier souverain serbe à régner sur Belgrade est Stefan Dragutin. Il reçoit la ville en cadeau de son beau-père le roi Ladislas IV de Hongrie. La cité intègre ainsi le royaume de Syrmie. Dragutin tient sa cour à Belgrade ; il fait construire une cathédrale orthodoxe, symbole de la puissance et de la prospérité du nouvel État serbe.
Mais dès 1319, les Hongrois s’emparent de nouveau de la ville et la détruisent complètement.
Au cours du XIVe siècle, les Turcs font leur entrée dans cette partie des Balkans. Ils conquièrent le sud de la Serbie tandis que le nord résiste sous la forme du despotat de Serbie. Conscient de la menace ottomane et du rempart que constituait ce despotat, le roi de Hongrie Sigismond se rapproche du prince serbe Stefan Lazarević qui fait de Belgrade la capitale du despotat. De 1403 à 1427, la ville connaît une nouvelle ère de prospérité. De nombreux habitants, fuyant les Ottomans, viennent se réfugier à Belgrade.
En 1440, le sultan Mourad II, conscient de l’importance stratégique de Belgrade pour la conquête de l’Europe centrale, met une première fois le siège devant la cité mais la ville résiste. Son successeur, Mehmed II, reprend l’offensive. En 1453, il s’empare de Constantinople. Belgrade est une nouvelle fois assiégée en 1456, la ville résiste encore mais peu après le despotat se retrouve sous la domination turque.
En 1521, Soliman le Magnifique s’empare de la ville, qui est rasée. La ville est le chef-lieu d’un sandjak, district de l’Empire ottoman. Elle attire de nouveaux marchands et de nouveaux habitants turcs, arméniens, grecs... On estime à 100.000 habitants la population de Belgrade au début du XVIIe siècle, ce qui en fait la deuxième ville de l’Empire ottoman après Istanbul. Elle prend progressivement l’allure d’une ville orientale, avec des bâtiments d’architecture ottomane et de nouvelles mosquées.
Les rébellions serbes, ou les attaques viennoises, sont durement réprimées par les Ottomans la population de la ville. Beaucoup de Serbes quittent la ville et partent s'installer loin des Ottomans.
Le 8 janvier 1806 Belgrade est libérée par les insurgés serbes commandés par Dorde Petrović, plus connu sous le nom de Karageorges (Georges le Noir). Mais la ville est reprise par les Tucs en 1813. La répression qui s’ensuit donne lieu en 1815 à un second soulèvement conduit par le prince Miloš Ier Obrenović. La Serbie devient de facto une principauté autonome à l’intérieur de l’Empire ottoman. En 1818, Kragujevac, et non Belgrade, est choisie comme capitale de la nouvelle Principauté de Serbie. Le sultan Mahmoud II reconnaît officiellement l’autonomie de la Serbie en 1830.
L’autonomie de la Serbie ouvre pour Belgrade une période de mutations. Des bâtiments importants y sont construits. Outre ses fonctions économiques, Belgrade devient un important centre culturel. En 1835, le journal Novine Srpske commence à y paraître. La Faculté de Théologie et le premier Lycée y sont créés et la ville attira des intellectuels de premier plan. En 1867, le prince Michel III Obrenović, le obtient le départ définitif des Turcs après 346 ans de domination et Belgrade devient officiellement la capitale de la Principauté. En 1882, le prince Milan IV Obrenović devient roi de Serbie sous le nom de Milan Ier.
Le départ définitif des Turcs et l’indépendance accélèrent l’occidentalisation de Belgrade, notamment sur le plan de l’urbanisme. De nombreux bâtiments sont construits dans un style européen. D’importantes institutions culturelles voient le jour comme le Musée National en 1844, le Théâtre national en 1869 ou encore l'Académie Serbe des Sciences et des Arts en 1886.
Il existe cependant une confrontation importante entre le Royaume de Serbie, qui souhaite réaliser l’unité de tous les peuples slaves des Balkans, et l’Empire d'Autriche-Hongrie, qui veut poursuivre son avancée dans la vallée du Danube jusqu’à la mer Noire. Le 28 juin 1914, Gavrilo Princip, un anarchiste serbe assassine à Sarajevo l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône impérial d’Autriche-Hongrie. La Serbie refusant d’ouvrir son territoire à des enquêteurs autrichiens, cet événement déclenche la Première Guerre mondiale...
En 1918, Belgrade devient la capitale du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, puis, en 1929, celle du Royaume de Yougoslavie (littéralement les Slaves du Sud).
Le 25 mars 1941, sous la pression d’Hitler, le président du Conseil Dragiša Cvetković et son ministre des Affaires étrangères signent à Vienne l’adhésion de la Yougoslavie au Pacte tripartite, rangeant ainsi le pays au côté des puissances de l’Axe ; par cet accord, le prince Paul, régent du royaume, espérait tenir le royaume à l’écart de la Seconde Guerre mondiale. À Belgrade, cette décision suscite immédiatement de nombreuses et importantes manifestations de rue ; et, le 27 mars, avec l’appui de la Grande-Bretagne, un coup d'État militaire force le prince Paul à quitter le pouvoir et installe sur le trône le roi Pierre II avant sa majorité.
Par voie de conséquence, le 6 avril 1941, Belgrade, est bombardée par la Luftwaffe. La Yougoslavie est envahie et la capitulation du royaume est signée à Belgrade. Très vite la résistance s’organise autour de deux hommes : Draža Mihailović, un fidèle partisan de la monarchie, et Josip Broz Tito, à la tête des partisans communistes. La ville reste occupée par les nazis jusqu’au 20 octobre 1944, date à laquelle, avec l’accord de Churchill, elle est libérée par les Partisans communistes et par l’Armée rouge. Pendant la guerre, Belgrade avait perdu environ 50.000 habitants et souffert d’importants dommages matériels.
Le 29 novembre 1945, le maréchal Tito proclame à Belgrade l’abolition de la monarchie et la naissance de la République Fédérative Populaire de Yougoslavie (plus tard renommée République Fédérative Socialiste de Yougoslavie).
En 1958, la première chaîne de télévision de Belgrade commence à diffuser ses programmes. Par sa relative indépendance à l’égard de Moscou, Tito fait de la capitale une importante ville internationale. En revanche, l’année 1968 offre un autre visage de Belgrade, avec de nombreuses manifestations contre Tito qui se soldent par de violents affrontements entre les étudiants et la police.
Le problème des nationalités couve également.
De 1991 à 2001, le pays se déchire dans la Guerre de Yougoslavie. La Slovénie quitte l'union, puis la Croatie, la Bosnie, le Kosovo, le tout au prix de milliers de morts et de l'intervention de l'OTAN.
Depuis 2006, à la suite de l'indépendance de la République du Monténégro, Belgrade reste la capitale de la seule Serbie.
D'après Wikipédia