un réveillon de Noël

Publié le 31 octobre 2014 par Dubruel

d'après UN RÉVEILLON de Maupassant

Ce jour-là, il avait gelé horriblement.

Le soir était venu. Nous allions diner

Devant un bon feu de cheminée.

-« Il ne fera pas chaud en se couchant.

Dit mon cousin.

Mais nous aurons du canard aux étangs demain. »

-« C’est ce soir la messe de minuit, tu sais. »

-« Ah ! Voilà pourquoi cloches ont sonné ? »

-« Non. On a sonné

Parce que le père Caron, un ancien berger,

Qui n’avait jamais été souffrant,

Vient de mourir. Il y a un mois,

Il était tombé accidentellement

Dans la mare de sa ferme. Il prit froid,

Dut garder le lit,

Et depuis trois jours, il agonisait.

C’était une célébrité du pays.

Je l’aimais bien, ajouta mon cousin,

Si tu veux, allons les visiter.

Ils habitent au bout du chemin. »

Nous partîmes donc.

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-« Voici leur maison, entrons ! »

La famille veillait leur mort.

-« Eh bien, Anthisme, votre grand-père est mort ? »

-« Oui, il a passé à midi.

Son temps était terminé

Comme on dit.

Il n’avait plus rien à faire sur la terre. »

Le désir nous vint de saluer

Le cadavre du centenaire.

-« À quoi qu’ça vous servirait ? »

-« Vous ne voulez pas le montrer ? »

-« J’ veux ben ; seulement à c’t heure-ci… »

-« Conduisez-nous jusqu’à son lit. »

-« Il n’y est plus. » dit la fille Caron.

-« Mais alors, où est-il donc ? »

-« J’ l’avons mis dans l’écurie

Jusqu’à l’enterrement

Parce que j’avions qu’un seul lit.

Auparavant,

J’ couchions avec lui

Et mon mari

Couchait par terre à côté.

Eh ben ! Quand l’ pé a été trépassé,

J’ nous sommes dit comme ça,

À quoi ça sert de l’ laisser là ?

J’ pouvons ben l’ mettre dans l’écurie

Et je r’prendrions l’ lit avec mon mari.

J’ pouvions pas coucher avec le mort.

Vous seriez-t’y point d’accord ? »